
Par Olivier Dénommée
Cela faisait un moment que l’on n’avait pas couvert un spectacle, encore moins à Montréal! Le mardi 17 octobre, le MTELUS accueillait le chanteur folk américain Gregory Alan Isakov, ses musiciens et le duo The Milk Carton Kids le temps d’une soirée où le folk était à l’honneur. Et le public a massivement répondu présent.
C’était d’ailleurs une agréable surprise de voir autant de gens aussi motivés pour ces artistes talentueux. La soirée a débuté pile à l’heure avec The Milk Carton Kids, groupe dont on voit circuler le nom depuis des années, mais qu’on n’avait jamais écouté avant. On y a découvert un duo de musiciens talentueux qui rivalisent par leur jeu de guitare (ou de banjo lorsque nécessaire), leurs voix ou encore pour leur humour. Pendant leur performance d’un peu plus de 35 minutes, on a eu le temps de rire à plusieurs reprises, surtout lorsque le banjo était dans le décor. C’est comme si c’était la loi, quand on réussit à gagner sa vie en jouant de cet instrument, de faire dans l’autodérision (d’ailleurs, une telle loi non écrite existe aussi pour ukulélé, alors tout est possible!). On pouvait difficilement trouver meilleurs musiciens que ceux de The Milk Carton Kids pour réchauffer la salle en attendant le plat de résistance et on a découvert un groupe (avec un peu de retard par rapport au reste de la salle, visiblement) que l’on va suivre d’un peu plus près dorénavant.

C’était ensuite au tour de Gregory Alan Isakov de prendre la scène. Il n’est pas venu seul : cinq de ses amis les plus proches, des musiciens du Coloraro, étaient autour de lui pour l’aider à donner vie à ses chansons. Avec son dernier album paru cet été, Appaloosa Bones, on a pu deviner qu’une bonne partie du répertoire serait les nouvelles chansons, mais il a aussi puisé dans ses albums précédents, au grand plaisir du public qui réagissait fortement dès qu’il reconnaissait la chanson que le groupe entamait.
Si The Milk Carton Kids offrait une formule folk à laquelle on a l’habitude, ça ressemblait pas mal plus à un gros band rock avec Isakov et ses musiciens. Ils ont créé tantôt des arrangements atmosphériques, tantôt très explosifs, et tout le monde a eu la chance de briller à l’occasion de brefs solos au fil de la performance. Pendant la soirée, le frontman a très brièvement joué en solo, mais ça n’aura duré qu’une chanson et demie avant que ses amis reviennent sur scène avec lui. Leur complicité était d’ailleurs palpable et Gregory Alan Isakov ne semblait pas vouloir garder toute la gloire pour lui.
Lorsqu’on a critiqué l’album Appaloosa Bones, on a eu une réaction tiède, faute de mélodies plus fortes, mais même les nouvelles chansons sont assez différentes des versions entendues sur album. Je ne sais pas si c’est toujours comme ça en show avec lui, mais c’est intéressant de voir où il arrive à amener ses chansons, même celles qui sont un peu moins évocatrices en studio.

Tradition montréalaise : il y a une règle non écrite voulant que si un artiste de l’international vient jouer à Montréal, il va jouer une toune de Leonard Cohen. Gregory Alan Isakov a bien sûr obtempéré à la tradition, d’autant plus qu’il avait enregistré One of Us Cannot Be Wrong sur son album This Empty Northern Hemisphere. Pendant le set de près de 1h45, il était aussi évident qu’il ne pouvait pas passer à côté de sa chanson archiconnue Big Black Car. Il n’y a à peu près que If I Go, I’m Goin qu’on aurait bien aimé entendre, mais manque de chance! À en juger par les cris de certains fans qui demandaient d’interpréter leur chanson préférée, ce titre a été répété à quelques reprises et je n’étais donc pas seul à l’espérer!
Vers 22h, les musiciens ont quitté la scène, mais avec le torrent d’applaudissements, ils ont rapidement été forcés de revenir pour un rappel. Un nouveau visage a même fait son apparition, celui de Leif Vollebekk, chanteur folk local qui a aussi souvent joué avec Isakov ces dernières années. On a ensuite eu droit à une toune en full band (mais en formule acoustique, tous autour d’un micro central) et, enfin, une chanson à 9 musiciens, puisqu’on a ramené Leif Vollebekk et The Milk Carton Kids dans un petit party de famille où tout le monde a pu prendre l’avant de la scène pendant quelques instants. C’était drôle et touchant comme moment, ce qui concluait parfaitement le spectacle… si seulement on n’était pas revenu pour un autre vrai dernier rappel juste après, simplement un duo acoustique, mais que l’on a un peu moins apprécié comme on se dirigeait déjà vers la sortie. La dernière note a résonné à 22h18 environ pour une soirée en musique fort réussie. Avec tout ce qui se passe dans l’actualité, tout oublier pendant quelques heures et juste écouter du folk en fermant les yeux, ça fait franchement du bien.
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