For One to Love – Cécile McLorin Salvant

Cecile_McLorin_SalvantSorti le 4 septembre 2015

Remarquée après son premier album, WomanChild, la chanteuse et compositrice de jazz Cécile McLorin Salvant démontrait déjà en 2013 des signes de sa grande maturité musicale. Aujourd’hui âgée de 25 ans, cette maturité vocale semble se confirmer, avec une technique qui n’est pas sans rappeler les plus grandes chanteuses du genre.

Le jazz qu’elle offre ici est à la fois relativement accessible, mais sans compromis. Elle signe cinq compositions originales, et interprète certains titres où elle arrive à mettre de l’avant sa voix reconnaissable entre mille, pour un résultat réussi.

C’est d’ailleurs sa compo Fog qui inaugure d’album, une pièce ambiante et aérienne, du moins dans la première moitié, qui met de l’avant un trémolo en parfait contrôle. Plus active en seconde moitié, cette première piste donne déjà un très bon aperçu de l’œuvre que la chanteuse franco-américaine a à offrir.

Cécile McLorin Salvant a déjà fait la preuve qu’elle couvre un très vaste registre vocal. Ici c’est surtout la chanson Growlin’ Dan qui le prouve, où elle abuse un peu de ses variations de registre au point de perdre le fil. Vers la fin les cris, quoique très efficaces techniquement, sont peut-être de trop. Heureusement, cela se calme par la suite, bien qu’on garde toujours cette tendance à varier le registre souvent à travers une même chanson. Après tout, c’est un peu la marque de commerce de l’artiste.

On a aussi droit, quand même, à des chansons plus constantes. Look at Me, Wives and Lovers, Monday et Le mal de vivre (le seul titre en français) sont de très beaux morceaux où on ne se sent pas dans des montagnes russes vocales.

Something’s Coming, vers la fin, offre quelques passages très chargés, surtout musicalement, mais est un peu long avec ses 10 minutes et plus de musique, de loin la plus longue de l’opus.

L’album de 53 minutes offre à la fois variété et cohésion; à moins d’être familier avec les pièces reprises, il est ardu de deviner lesquelles sont des covers et lesquelles sont de la compositrice. Répétons aussi que la technique vocale de Cécile McLorin Salvant est impeccable, bien qu’elle semble vouloir trop en faire par moments. Elle a, en revanche, toujours du plaisir à chanter et cela s’entend dans son ton, tantôt sérieux, tantôt ému, tantôt coquin, mais toujours approprié. Mention aussi aux musiciens, qui sont évidemment beaucoup en arrière-plan, mais qui ont pu démontrer leur virtuosité à quelques reprises à travers l’opus. Somme toute un résultat réussi qui en ramènera à l’époque où Ella Fitzgerald régnait en reine du jazz vocal.

À écouter : Look at Me, Wives and Lovers, Le mal de vivre

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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