Ultraviolence – Lana Del Rey

Lana-Del-Rey-Ultraviolence-Deluxe-2014-1200x1200Sorti le 17 juin 2014

Après la sortie de son Born to Die, Lana Del Rey a dit à maintes reprises que ce serait son dernier album complet parce qu’elle n’avait plus rien à dire. Il semble que quelque chose l’a fait mentir, puisqu’elle est retour avec un troisième album, intitulé Ultraviolence. Mais aucune crainte à avoir : la chanteuse à la voix d’ange n’a pas fait de saut dans le black métal et reste dans son registre habituel de pop sombre, avec une solide équipe derrière elle, dont nul autre que Dan Auerbach (chanteur/guitariste des Black Keys) qui a produit l’album et qui a prêté son jeu de guitare sur plusieurs pistes.

Les première secondes de Cruel World nous le confirment immédiatement et sans ambigüité, on a bel et bien affaire à la même Lana Del Rey. Cela nous enlève un peu l’élément de surprise, mais pourquoi changer une recette qui marche? La première chanson abuse seulement un peu (beaucoup) trop de la réverbération, notamment dans le refrain, et la mélodie n’est pas à son meilleur ici. Cela se règle dès Ultraviolence, avec une ambiance un peu moins lourde et surtout l’arrivée de quelques cordes qui ajoutent à l’ambiance mélancolique dont la chanteuse est la reine. Cela va en continuité une bonne partie de l’album, notamment avec Shades of Cool, une ballade lente et pratiquement angélique.

Les chansons se suivent et, malheureusement, se ressemblent souvent beaucoup. Lorsque certains titres se démarquent, c’est souvent par l’ajout d’une partition différente de la guitare perdue dans la brume et des synthés qui jouent de longs coussins harmoniques sur-réverbérés, ou par une mélodie particulièrement accrocheuse, généralement dans les refrains. Ceux qui arrivent à retenir un peu plus l’attention sont Brooklyn Baby (instrumentation intéressante), West Coast (refrain accrocheur et on sent un peu l’influence de Dan Auerbach sur celle-ci) et Sad Girl (refrain fantomatique mais envoutant).

Portion un peu particulière vers la fin de l’opus : la chanson Money Power Glory, où Lana Del Rey semble nous dire tout ce qu’elle veut. Juste après, c’est Fucked My Way Up To the Top, qui est une pique lancée à une autre chanteuse (non identifiée). Cette dernière a quelques éléments mélodiques intéressants, mais la chanteuse pousse parfois la note un peu trop, peut-être pour s’assurer que cette chanson n’ait aucune chance de passer à la radio (comme si avec un tel titre il y avait des risques). Pour ce qui est de Money Power Glory, on a droit ici à une chanson «minimaliste». Beaucoup moins de reverb (sauf dans le refrain), ce qui fait pas mal de bien, et tous les instruments ont été joué par le co-compositeur de la chanson, Greg Kurstin. Seul l’étrange solo de guitare aux deux tiers de la chanson était de trop.

La meilleure chanson de l’album vient juste après : Old Money (encore la thématique de l’argent, Lana?), offre une chanson lente, avec beaucoup de cordes, et une ligne vocale impeccable. Imaginez une chorale avec quelques Lana Del Rey dedans pendant les refrains sur une montée de violons. C’est parfait. Cela aurait parfaitement terminé l’album Ultraviolence, mais on a plutôt opté pour The Other Woman. Une pièce à saveur rétro, avec des sonorités qui sembleront familières. Mais elle n’accrochera pas outre mesure, même avec du saxophone en arrière-plan.

Après plusieurs écoutes, force est d’admettre que Lana Del Rey arrive toujours à offrir des bouts accrocheurs dans une bonne portion de ses chansons, généralement le refrain. Mais outre cela, ses chansons sont longues, lentes, et plutôt prévisibles. Si on n’écoute pas l’album attentivement, on fera difficilement la différence entre chacune des pistes. Même la présence de Dan Auerbach n’a pas réussi à insuffler des nouvelles influences afin d’amener l’art de la chanteuse ailleurs. Je doute qu’un titre de cet album puisse arriver à avoir le même succès que son Summertime Sadness de l’album Born to Die, sauf peut-être, avec de la chance, Old Money. Et non, un album n’est pas automatiquement génial parce que Dan Auerbach y appose son nom, c’est maintenant confirmé.

Version deluxe

Il existe, en copie physique, une version deluxe avec trois pistes supplémentaires. Au cas où vous vous demandez ce que ces chansons ont à offrir, voici un résumé : Black Beauty est en continuité avec le reste de l’opus, pas de surprise ici. Guns and Roses est finaliste pour la chanson la plus lente du monde et, la cerise sur le gâteau, Florida Kilos arrive à donner une voix désagréable à Lana Del Rey. Avant de l’entendre, je ne pouvais pas mettre le doigt sur le son d’une duckface. Maintenant je peux. Bref, à moins d’avoir un deal exceptionnel, la version régulière a déjà tout ce dont vous avez besoin.

À écouter : West Coast, Sad Girl, Old Money / Deluxe : Black Beauty

6,8/10

Par Olivier Dénommée


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