Butterfly Blue – Halie Loren

halie-loren-butterfly-blueSorti le 9 juin 2015 au Canada

Voix langoureuse du jazz américain, la chanteuse et compositrice Halie Loren a quelques albums derrière elle où elle met de l’avant son jazz doux et sensuel. Avec Butterfly Blue, elle a décidé d’élargir ses horizons : elle y ajoute des éléments plus soul et blues. Des ajouts intéressants à sa palette.

Dans cet album, standards et compositions originales se mélangent aisément, liés par les arrangements souvent légers, où on entend tantôt des formations plus minimales, tantôt des arrangements avec des cuivres et du violoncelle. Le tout avec en premier-plan la rêveuse voix d’Halie Loren.

Yellow Bird en est un bon exemple, où la chanteuse s’occupe de plusieurs lignes vocales. Elle est appuyée par une musique discrète, mais sautillante. Cette première chanson règle déjà la question de la technique vocale, mais ne restera probablement pas en tête outre mesure, jusqu’à ce qu’on arrive à la portion du dernier tiers qui devient vraiment plus planante, et accrocheuse.

Elle est suivie de I Wish You Love, sa version de Que reste-t-il de nos amours de Charles Trenet. Elle y chante même une portion importante en français, étonnamment avec un accent presque parfait. C’est la seule chanson dans une langue étrangère qu’elle offre dans cet album, mais elle nous rappelle à quel point le français est charmant à entendre lorsque bien chanté.

La compo Blue se veut plus près d’un blues léger. C’est surtout la guitare acoustique qu’on peut entendre aux côtés de la chanteuse ici. Très réussi, d’ailleurs. Ajoutons qu’au début de la chanson je sens toujours une ressemblance avec Layla (version acoustique) d’Eric Clapton. Butterfly, autre composition, fait plutôt un essai dans la soul. Bien fait, mais évidemment pas son véritable registre; cela se contente d’apporter une certaine fraîcheur à sa musique, rappelant qu’elle n’a pas peur de sortir un peu de sa zone de confort. À noter que ces deux titres forment ensemble le nom de l’album.

La douce After the Fall offre une douce chanson piano-voix, du moins pendant une bonne portion de la piste. Le piano met bien en valeur le timbre d’Halie Loren, surtout lorsqu’elle y va dans un registre plus grave. Surprenant et agréable.

Puis, dans Our Love is Here to Stay, on sens un côté joueur dans son ton qui n’est pas sans rappeler le sympathique swing d’Alex Pangman. Cet standard de George Gershwin mène à celui de Cole Porter, I’ve Got You Under my Skin. Une version légère et berçante bien loin des versions auxquelles à peu près tous les crooners nous ont habitués. Cela reste, néanmoins, une chanson surutilisée dans le jazz…

Belle groove dans sa version de Boulevard of Broken Dreams (qui n’est pas la même chanson que Green Day!), sans sacrifier le côté langoureux. Cette groove se poursuit avec Carry Us Through.

Douzième et dernière chanson de Butterfly Blue, Peace revient en formule piano-voix pour une finale empreinte de douce nostalgie. Cette fois, elle assume pleinement cette instrumentation minimaliste, mais où rien ne manque. Une finale presque aussi accrocheuse que After the Fall.

Malgré sa diversification, Halie Loren pourra difficilement se défaire de son étiquette de sensuelle et charmante chanteuse de jazz. Et elle ne cherche probablement pas à s’en défaire, en fait… Les petits détours dans d’autres styles, toujours connexes, ne marquent d’ailleurs pas une cassure flagrante avec son genre privilégié. Cet album reste un opus qui saura intéresser les amateurs de smooth jazz vocal léger et facile d’accès. Un petit album sympathique et agréable, mais qui n’osera briser aucune convention.

À écouter : I Wish You Love, Blue, After the Fall

7,6/10

Par Olivier Dénommée

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