Star Wars – Wilco

Wilco Star WarsSorti le 16 juin 2015

Ce neuvième album du groupe rock alternatif Wilco est apparu par magie, en téléchargement gratuit sur le site du groupe, sans crier gare. Un album surprise par un band qui n’en est pas moins surprenant, avec un nom évocateur (Star Wars, rien de moins), et une pochette accrocheuse (un ti-minou, encore rien de moins!). Cette prémisse vise à vous prévenir d’une chose : le contenu musical de cet album est à tout le moins très spécial à écouter, surtout durant les premières écoutes. Attelez-vous!

Les premières secondes de EKG sont une série de tensions que le band se plaît à entretenir sur un beat rock. De quoi rappeler Fukt Country de Sons of Butcher… en moins mélodique. Heureusement, cette intro ne dure qu’une minute et quart et laisse place à More…, chanson plus indie space, mais surtout plus agréable à l’oreille. La veine se poursuit avec Random Name Generator (on croirait avoir affaire à un titre d’album de Deadmau5!). Outre le titre et le sujet étranges, la musique est ce qui se rapproche le plus d’une musique indie-rock standard, s’il existe bien un tel standard dans le registre.

Le ton redevient étrange à The Joke Explained, avec un rythme semi-chambranlant, chanté avec la voix de Bob Dylan. Wilco a le don de nous sortir de notre zone de confort aussitôt qu’on commence à y entrer. Cela se poursuit, notamment avec You Satellite (un build-up tendu, qui menace à tout moment de finir comme EKG, mais réussit à finir en force) et Where Do I Begin (au début en ballade innocente, mais qui se terminera avec un enchaînement d’accords loin d’être clair… dommage!).

Dans un registre plus modéré, on apprécie les Taste the Ceiling, Pickled Ginger (riffs de guitare très cool, à donner envie de taper du pied!), Cold Slope et King of You (même si la chanson semble une copie un brin plus lente du précédent titre!). Ajoutons aussi la piste finale, Magnetized, qui offre un registre lent, une power ballad indie-rock avec comme principale surprise le fait qu’il n’y a pas de surprise ici. Une fin straight, facile à écouter, pour quitter l’album en paix. Merci!

Quant aux sujets abordés, on ne s’étonnera pas de l’incongruité qui occupe la majeure partie de l’album. Disons les choses ainsi : on n’a pas affaire à un album engagé qui vient faire réfléchir sur des enjeux importants de la vie. Ou si ça arrive, c’est que le joint était vraiment trop fort. On s’y intéressera alors vraiment pour le côté expérimental, désinvolte de l’opus, où le band fait, grosso modo, ce qu’il veut.

L’album, d’à peine plus d’une trentaine de minutes, est très dense dans la mesure où chaque chanson nous amène dans un endroit complètement différent. Les repères se font rares et dès qu’on en trouve un, on s’y agrippe comme à une bouée lorsqu’on sent qu’on se noie. Wilco n’est certainement pas à la recherche de nouveaux fans avec cet album, offrant plutôt un cadeau à ceux qui suivent le groupe depuis tant d’années et qui seront certainement ceux qui feront la meilleure publicité. Pari intéressant, qui ne se traduira vraisemblablement pas par beaucoup d’argent à la fin, mais où le band a pu se permettre de vraiment s’amuser sans se poser de question. Les expérimentations, entendues sur la quasi-totalité de Star Wars, témoignent de ce plaisir assumé de faire de la musique comme on l’entend. Cette totale liberté est précieuse, mais n’est pas toujours facile à apprécier pour des non initiés (et même certains initiés, en fait).

À écouter : Random Name Generator, Taste the Ceiling, Magnetized

7/10

Par Olivier Dénommée


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