Qu’est-ce que je viens d’écouter? Sincèrement, après la première écoute, je suis assez troublé! Deafheaven est un groupe de black metal américain, mais qui incorpore des éléments de shoegazing et de post-rock à leur musique. Le résultat sur ce deuxième album donne un des plus grand paradoxes possibles dans le monde du métal : du black métal joyeux!
Ne vous méprenez pas, c’est bien du black métal à la base : on y retrouve les mêmes caractéristiques musicales, tels les blasts beats, les riffs crasseux de guitares drôlement accordées et le chant criard au possible. Même que niveau chant, on sent l’influence shoegaze de par l’incompréhension totale de ce que George Clarke nous hurle, le mix possédant énormément de reverb et le volume très en dessous de la moyenne des autres instruments.
Oui, les guitares sont accordées de façon à ce que ça sonne maléfique, mais le groupe y a incorporé des riffs qui, si la guitare avait été accordée pour jouer du rock ou de la pop, auraient été considérés comme joyeux, d’où le paradoxe de black métal joyeux.
Donc, on a parlé de l’influence shoegaze dans la voix, mais elle se trouve également dans l’instrumental. Le meilleur exemple est clairement la chanson Please Remember, qui ne sonne aucunement black métal, mais demeure très bruyante, cacophonique, bourrée d’effets en tout genre pour agrémenter la chanson, et dont le résultat est un genre de bad trip d’acide assez perturbant à écouter.
La structure des chansons, elle, emprunte énormément au post-métal à la Neurosis, d’abord parce que les chansons sont généralement très longues (quatre des sept chansons de l’album durent au moins neuf minutes), mais également de par leur structure atypique. Aux poubelles le modèle couplet-refrain-couplet-refrain-pont-solo, ici on a plutôt droit à une structure très expérimentale qui varie d’une chanson à une autre et qui mise principalement sur la jonction de différentes parties d’une chanson formant un tout très constant et cohérent.
Le seul véritable défaut de cet album est la voix qui a un style plutôt unidimentionnel et, surtout, inaudible. Par contre, je n’avais pas trop d’attentes là-dessus, étant donné que l’album Sunbather mélange surtout deux styles qui ont tendance à rendre les performances vocales incompréhensibles.
Autrement, on a ici droit à un album réellement innovateur et qui arrive, à ma grande surprise, à repousser les limites du métal extrême en l’amenant dans des territoires encore inexplorés. J’espère que cette critique aura piqué votre curiosité et vous incitera à écouter l’album au moins une fois!
À écouter : Dreamhouse, Please Remember, Vertigo
8,8/10
Par Sacha Dürig
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