Mareridt – Myrkur

Sorti le 15 septembre 2017

Le projet Myrkur est celui de la Danoise Amalie Bruun, depuis installée aux États-Unis, qui a lancé un premier album connaissant le succès en 2015. Versant dans un heureux mélange de black metal et de gothic metal, le «groupe» s’adoucit dans son second album, Mareridt, intégrant davantage de musique folk scandinave à l’ensemble.

L’album faisait jaser peu avant sa sortie officielle : des amateurs de métal agressif se plaignaient ouvertement que Myrkur ramollissait en s’éloignant du black metal. Vérification faite, il est vrai que ce deuxième album est loin d’être le plus agressif, malgré ses nombreuses passes où on nous balance quelques blast beats bien sentis, mais ce n’est, franchement, que pour le mieux.

La chanson-titre Mareridt (qui voudrait dire «cauchemar» en danois) fait office d’intro folk mettant de l’avant la voix envoûtante de Bruun sur de coussins sonores vaguement lourds et lugubres. Ça se gâte (d’un point de vue d’un non puriste, s’entend) dès Måneblôt, tombant vite dans black, sans s’y éterniser, comme on retourne vers le folk, et les lignes vocales de la chanteuse s’approchent bien plus du goth metal. Un métissage assez complexe pour une chanson de 3min34.

The Serpent et Crown assument plus pleinement (et avec succès) leur côté gothique, alors qu’Elleskudt arrive à subtilement incorporer des éléments plus black, avant de s’adoucir dans le folk de De tre piker. Une collaboration avec Chelsea Wolfe donne la lourde Funeral, suivie des accrocheuses Ulvinde et Gladiatrix. Ici, on entend le bagage pop d’Amalie Bruun, qui offre des mélodies qui restent en tête.

La portion faible de l’album est, tristement, à la toute fin : après une interlude folk (Kætteren) qui arrive sur le tard, la piste finale, Børnehjem, met de l’avant une ambiance lugubre sur laquelle on entend une voix qui semble être un hybride entre une enfant et un démon, qui parle pendant 2 minutes. Il faut dire que la version régulière de l’album Mareridt n’est pas très long – seulement 38 minutes – ce qui peut expliquer le désir de «remplir» un opus autrement très solide.

D’un point de vue grand public, l’album est étrangement très accessible. Oui, il y a des passages très lourds et violents, mais ils sont tellement bien dosés qu’on finit bien vite par les oublier pour se concentrer plutôt sur les mélodies beaucoup plus intéressantes de Bruun. Il y a ici un beau potentiel pour initier des curieux à ce registre, disons-le, assez difficile d’approche. Du point de vue d’un «puriste», l’appréciation sera sans doute plus mitigée et plusieurs ont raison de remettre en question l’étiquette «black metal» si le genre n’occupe plus qu’une infime partie du disque. Dans l’ensemble, il s’agit probablement d’un sérieux candidat pour se retrouver dans plusieurs listes des albums de métal de l’année. À essayer absolument!

Version deluxe

Si vous trouvez que l’album passe trop vite, bonne nouvelle : différentes version deluxe existent, dont une ajoutant jusqu’à 6 pistes. Intéressons-nous à celle disponible sur Spotify, avec 5 pistes supplémentaires : Death of Days n’a probablement pas été sélectionné pour la version régulière pour son côté très indie-pop. La mélodie et les arrangements sont très beaux, mais effectivement, on aurait sérieusement sourcillé à l’entendre entre deux morceaux de black metal. Kvindelil, de nouveau avec Chelsea Wolfe, n’offre rien qui n’a pas déjà été entendu précédemment sur l’album. Constat similaire pour Løven, bien que celle-ci tente de combiner le folk et un son plus lourd avec un certain succès. La seule autre chanson qui ressort du lot autant que Death of Days, c’est la folky Himlen Blev Sort. Envoûtant à souhait, à se demander pourquoi elle n’a pas été prise sur la version régulière! Bref, juste pour ces deux pistes, la version longue de l’album peut valoir le détour!

À écouter : Crown, Ulvinde, Gladiatrix // Deluxe : Himlen Blev Sort

8,1/10

Par Olivier Dénommée


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