Man of the Woods – Justin Timberlake

Sorti le 2 février 2018

Après une année 2013 pour le moins chargée avec la sortie de deux albums (dont le réussi The 20/20 Experience malgré la longueur anormale de ses chansons), Le chanteur Justin Timberlake s’était fait beaucoup plus discret. Il est revenu à l’avant-plan en produisant la bande sonore du film Trolls, donnant entre autres naissance au succès Can’t Stop the Feeling!. Les attentes étaient quand même élevées pour son cinquième album solo, Man of the Woods.

Les attentes se sont transformées en appréhension lorsqu’il a été affirmé qu’il se rapprocherait de ses racines du sud des États-Unis, laissant entendre un virage country – c’est du moins ce que de trop nombreux pseudo-médias ont fait croire, dont plusieurs dans le but de blâmer celui qui a fait sa renommée avec une pop lourdement teintée de RnB (de la musique de Noirs, sacrilège!) de supposément bouder cette musique quand ça fait son affaire. Bonne nouvelle : ce virage n’a jamais eu lieu et on a droit plus que jamais à un album pop dansant. Mauvaise nouvelle : ce n’est tout de même pas aussi bon que ce à quoi on pouvait espérer.

Premier regard : la durée de chansons. On a gardé en mémoire les chansons de 7 à 8 minutes de ses dernières sorties et on a été satisfaits de voir un retour à des longueurs légèrement plus radiophoniques – 4 à 5 minutes. Par contre on déchante vite avec la première piste, Filthy. Ironiquement le premier single de l’album, c’est une chanson qui essaie beaucoup de sonorités, mais sans vraiment nous accrocher nulle part. Pour un chanteur qui a le don pour les vers d’oreille, l’entrée en matière est pour le moins décevante. Midnight Summer Jam, de retour en terrain connu avec son RnB, se prendra beaucoup mieux, malgré quelques sonorités redondantes et limite désagréables en arrière-plan.

Malgré certains bons éléments (dont le redoutable hook), Sauce nous laisse perplexe, autant dans ses paroles que dans son approche musicale. S’ensuit la plus douce Man of the Woods. On est en terrain pop très générique, et on se demande si accélérer le tempo n’aurait pas permis à la chanson-titre de devenir plus intéressante. En revanche, Higher Higher, juste après, réussit à mieux captiver l’attention malgré un tempo lent, merci à ses mélodies plus convaincantes.

Malgré son énergie uptempo qui lui réussit généralement bien, Wave n’arrive pas à rester en tête. Même Supplies, deuxième extrait de l’album, prend énormément de temps avant de commencer à devenir intéressante. On arrive à la portion collaborative de l’opus avec Morning Light faisant appel à Alicia Keys, puis Say Something avec Chris Stapleton. Morning Light manque de mordant et peine à se démarquer, même après de mauvaises chansons, mais Say Something sauve franchement la mise. Ce troisième extrait est aisément la meilleure chanson de tout l’album, avec un build-up pop très bien amené, avec un tandem vocal réussi, qui n’essaie pas de trop en faire. C’est ici que l’on a trouvé le meilleur dosage.

Passons l’interlude Hers, et allons à la ballade s’approchant dangereusement de la berceuse Flannel. La fin de la chanson contient un passage parlé par Jessica Biel, la femme du chanteur. C’est d’ailleurs elle qu’on entend un peu partout dans l’enregistrement, mais sans qu’on sente qu’elle ajoute véritablement quelque chose de profond à l’œuvre. S’ensuit Montana et Breeze Off the Pond qui, sans être désagréables, ne restent pas plus en tête que la plupart des chansons de l’album.

En fait, Livin’ Off the Land est la première piste à offrir un refrain fort après Say Something (4 pistes entre les deux!), bien que le reste de la chanson ne soit pas aussi convaincante. The Hard Stuff, qui vient après, pourrait très bien se retrouver dans les stations country dans les prochains mois, mais c’est vraiment le plus loin qu’ira Timberlake dans le registre country pop. Elle mène à la finale Young Man, petite chanson ensoleillée, mais plutôt générique et sans grande substance, pour conclure l’opus.

Si on isole les chansons de Man of the Woods, un album de 16 pistes pour 66 minutes, on arrive à quelques bonnes pistes dans le lot. Dès qu’on les compare au reste de la discographie de Justin Timberlake, on s’aperçoit que leurs qualités sont bien pâles lorsqu’on les compare à ses meilleurs succès. On comprend qu’il a fait preuve de davantage d’audace dans ce nouvel enregistrement, et on le respecte : mais soyons francs, on serait bien surpris qu’une seule de ces pistes ait la longévité de SexyBack qu’on entend toujours régulièrement après 12 ans.

À écouter : Midnight Summer Jam, Higher Higher, Say Something

6,3/10

Par Olivier Dénommée


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