
Sorti le 27 octobre 2023
Quand the Gaslight Anthem a lancé son cinquième album studio, Get Hurt, en 2014, on n’avait pas deviné qu’il prendrait plus de 9 ans avant de revenir avec du nouveau matériel. À l’époque, on mentionnait le virage plus en douceur pour le groupe qui était reconnu à ses débuts pour son punk agressif. Avec History Books, on assume pleinement cette direction avec une assurance renouvelée, et ce n’est pas pour nous déplaire.
Mentionnons d’entrée de jeu le fait que plusieurs semaines avant la sortie de l’album, on connaissait déjà la moitié de son contenu, alors que 4 chansons sur 10 ont été rendues disponibles sur les plateformes d’écoute, dont 3 singles. On savait donc déjà qu’on allait retrouver une musique parfois énergique, mais toujours mélodieuse, à tout le moins sur une partie significative des pistes.
L’album ouvre sur Spider Bites. La chanson résume plutôt bien l’expérience qui nous attend avec quelques riffs lourds qui ne durent toutefois pas longtemps pour laisser place à des portions beaucoup plus douces où la voix du chanteur Brian Fallon et ses mélodies accrocheuses sont au centre, particulièrement au refrain. Même si ce n’est pas parmi les plus réussies de l’album, la chanson a le mérite de donner l’heure juste.
La chanson-titre History Books suit avec un invité de taille, Bruce Springsteen. Ceux qui connaissent l’histoire de Gaslight Anthem savent que le groupe est comparé depuis toujours à Springsteen au point d’en être agacé. Ce featuring semble donc un petit clin d’œil sympathique à cette situation, avec plusieurs années de recul. Et puis, avouons qu’avant qu’on sache qu’il s’agissait d’un duo, on n’avait pas remarqué le changement de voix dans le second couplet, signe que les timbres de Fallon et de Springsteen ne sont pas si différents (ou que l’on a de sérieux problèmes d’audition, c’est selon). La chanson reprend la formule éprouvée : des bouts feutrés qui font que les refrains plus énergiques rentrent vraiment dedans. On se permet même un petit solo de guitare dans le dernier tiers de la piste, pourquoi pas?
Chaque fois qu’on écoute Autumn, on a l’impression qu’elle aurait dû être la première de l’album. Une bonne chanson empreinte de douceur et sans trop de flafla, mais pas sans un petit côté givré. Dans tous les cas, elle ne nous a pas préparé au single Positive Charge, qui démarre avec force. Au risque de se répéter, la force de la chanson repose dans le refrain, mais aussi dans le dernier tiers de la piste où on se montre plus vulnérable avant de revenir avec un dernier refrain des plus réussis. Le côté très doux de the Gaslight Anthem est encore plus assumé dans Michigan, 1975.
L’écoute se poursuit avec un autre extrait, la solide Little Fires. On retrouve ici la voix plus rauque du chanteur, qui est dans ce cas-ci plutôt appropriée grâce à son énergie entraînante qui justifie de crinquer le tout d’une coche de plus que les autres chansons. Et comme dans History Books, on a droit à un petit solo de guitare!
Tout bon album a bien un intrus dans sa liste. The Weatherman joue ce rôle. Les sonorités choisies sont tellement différentes du reste de la musique de l’album (certains passages ont quelque chose… d’asiatique à nos oreilles, ce qui est bien loin des petits gars du New Jersey!) qu’on ne peut s’empêcher de hausser un sourcil. Il semble pourtant que ce soit un choix délibéré, puisqu’il aurait été facile de lui donner des arrangements fidèles au reste de l’opus et elle n’aurait certainement pas ressorti du lot comme elle le fait. Dans un registre similaire (mais sans les sonorités bizarres), Empires est une autre chanson douce réussie, mais qui se fond toutefois un peu avec les autres. Comme tous les extraits sont déjà passés, c’est normal que ce qui reste sont les chansons un peu moins mémorables (même si elles ne sont pas nécessairement moins bonnes), alors on ne s’en surprend pas. Notons toutefois que le build-up réussi de I Live in the Room Above Her le sauve de l’oubli. On lui ajoute même un solo un peu plus long que les autres, ce qui est un plus!
La dixième et dernière piste de cet album de 40 minutes est A Lifetime of Preludes. Versant davantage dans le folk que les autres, on se questionne un peu du choix de la chanson pour être la dernière chose que l’on entend de History Books. Ce n’est pas une mauvaise chanson, mais elle ne semble simplement pas à sa place!
Parmi les choses que l’on apprécie particulièrement de l’album, c’est qu’on assume que le groupe n’est plus vraiment punk, même si cela a longtemps fait partie de son identité. On a délaissé les parties agressives ajoutées juste parce que ça en prenait pour justifier l’étiquette et on se concentre sur ce qui fait la force du band aujourd’hui. Cela donne un album qui va plaire aux amateurs de indie-rock mélodique à souhait et de refrains hymniques («anthémique» nous semblerait plus juste comme terme, ne serait-ce qu’à cause du nom du groupe, mais c’est encore considéré comme un anglicisme en 2023!), mais sa force est aussi une faiblesse dans la mesure où on ne sort plus vraiment des sentiers battus; et quand on le fait, ça a des résultats mitigés. Pour nous, History Books sera un solide album à écouter pendant un roadtrip automnal.
À écouter : History Books, Positive Charge, Michigan, 1975
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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