Short n’ Sweet – Sabrina Carpenter

Sorti le 23 août 2024

Jusqu’à ce présent, on ne s’est jamais particulièrement intéressé à la musique de la vedette de Disney Sabrina Carpenter, mais rendu à 6 albums, ça devient difficile à éviter! On a finalement décidé d’écouter son album Short n’ Sweet, aux multiples sens : elle mesure 1,52m (ce qui est plus petit qu’Ariana Grande, autre chanteuse notoirement petite), chante ici presque uniquement sur ses relations trop brèves, et l’album aux sonorités pop sucrées, malgré ses 12 pistes, ne dure que 36 minutes. Bref, le titre parfait pour résumer ce qu’elle nous offre.

Le premier constat qu’on peut faire, c’est qu’elle a une voix pop assez générique; son intonation sonne tantôt comme du Taylor Swift, tantôt comme Ariana Grande, et sa principale inspiration vocale serait Christina Aguilera. Une fois que c’est dit, les chansons peuvent quand même être bonnes, et il faut dire que l’on rate assez rarement la cible ici. En fait, une critique récurrente est même qu’elle n’a pas pris énormément de risques avec cet album, signe que presque chanson est assez formatée pour livrer une pop efficace à l’extrême.

L’opus ouvre avec Taste. Pas grand-chose à dire sur la musique, une pop sucrée efficace quoiqu’un tantinet générique, mais on lève un sourcil quand on lit les paroles. Car oui, c’est vraiment un album où il vaut mieux ne pas trop écouter ce qui est chanté la plupart du temps… La chanson est suivie de Please Please Please, un peu plus lente tout en étant plus ludique dans ses arrangements, qui contiennent quelques passages assez convaincants, mais qui sont ultimement aussi plus inégaux.

Good Graces est solide et entraînante, mais elle a le défaut de sonner comme n’importe quelle chanson pop/RnB des dernières années, comme si elle avait suivi une recette à la lettre. Ainsi, on a l’impression de la connaître par cœur dès la première écoute. Et le segment répétant «I won’t give a fuck about you» vers la fin peine à ajouter quelque chose à l’expérience; il aurait été plus simple de couper la chanson plus tôt à notre avis. Si aucune chanson n’est vraiment mauvaise jusque là, la première qu’on apprécie véritablement est Sharpest Tool. Les paroles ne nous rejoignent pas vraiment plus (il faut se faire à l’idée, nous ne sommes visiblement pas son public cible!), mais la musique, elle, contient un build-up plus que convaincant menant à des passages extrêmement réussis.

Coincidence laisse davantage de place à la guitare avec quelques chœurs presque gospel. C’est sympathique, mais sans beaucoup plus. Bed Chem y va quant à elle d’un son rétro laissant place à toute la sensualité dont Carpenter est capable. S’ensuit la chanson la plus populaire de l’album, Espresso, et… on n’arrive pas à trouver ce qu’elle a d’exceptionnel. Il y a clairement quelque chose qu’on n’a pas compris, mais la chanson nous laisse complètement indifférent. On passe ainsi à la suivante, Dumb & Poetic, morceau où Carpenter se montre plus vulnérable; ce n’est pas sans nous rappeler l’énergie de Nobody Gets Me de SZA.

Slim Pickins bifurque du côté du country, ce qui fonctionne étrangement bien, même si le style fait tache au milieu d’un album pop à souhait. On revient aussitôt à la pop plus conventionnelle avec Juno, dotée d’un refrain qui vaut le détour, même si le reste est plus prévisible qu’on aurait souhaité. Avec Lie to Girls, Sabrina Carpenter sonne exactement comme Taylor Swift, pour le meilleur et pour le pire. On doit quand même admettre que si le début ressemble à un copier-coller archi-prévisible, la dernière minute est franchement réussie avec un build-up vocal à donner des frissons. Notons quand même que Jack Antonoff, proche collaborateur de Swift, a produit la chanson, alors cela peut expliquer la similitude extrême que l’on entend…

Quoi qu’il en soit, l’album se conclut sur Don’t Smile, qui inverse les paroles de Dr. Seuss disant «Don’t cry because it’s over, smile because it happened» pour «Don’t smile because it happened baby / Cry because it’s over». Le tout est chanté sur le ton flirty dont Carpenter a le secret. La chanson est bonne sans nous accrocher spécifiquement, mais il faut reconnaître qu’elle conclut assez bien l’album Short n’ Sweet.

Si on ne connaissait encore Sabrina Carpenter que de nom jusqu’à ce qu’on écoute son 6e album, on a bien l’impression d’avoir saisi où l’artiste se situe l’artiste aujourd’hui, avec sa pop bonbon et ses relations tumultueuses qui alimentent ses compositions (ça nous rappelle une autre chanteuse populaire…). C’est cliché, mais ça fonctionne en grande partie, alors autant apprécier ses vraiment bonnes chansons dissimulées entre d’autres chansons qui sont restent loin d’être désagréables même si on ne réinvente en aucun moment la roue ici.

À écouter : Sharpest Tool, Dumb & Poetic, Lie to Girls

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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