Black Sails in the Sunset – AFI

Sorti le 18 mai 1999

Cela semble aujourd’hui très lointain, mais on avait débuté il y a quelques années une série de critiques de la discographie du groupe AFI, qui a la particularité d’avoir énormément évolué dans sa signature sonore. Les 3 premiers étaient résolument punk avec très peu de souci pour les mélodies. Mais à partir du 4e, Black Sails in the Sunset, le son a commencé à changer, oserait-on dire pour le mieux. On a donc fait un saut jusqu’en 1999 pour le réécouter.

Retenons bien l’expression «commencer à changer» : c’est ce qu’il y a à retenir de l’album, qui contient encore une bonne dose de punk hardcore rapide qui laisse peu de place à la nuance. Mais on peut quand même sentir des choses nouvelles, comme des passages vocaux clairs et une musique plus lente et lourde. Prenons la première chanson, Strength Through Wounding, elle propose une énergie lourde presque religieuse, particulièrement avec les paroles «Through our bleeding, we are one» répétées vigoureusement pendant la brève piste. La suivante, Porphyria, semble débuter comme une «vieille» toune d’AFI, mais elle fait preuve de davantage de réflexion dans la composition, surtout dans la seconde moitié, même si la chanson demeure assez brève (à peine plus de 2 minutes). S’ensuit Exsanguination, alternant entre bouts tantôt rapides, tantôt lourds. Le résultat n’est pas toujours égal, mais il demeure intéressant!

Malleus Maleficarum surprend avec un des refrains les plus sympathiques de tout l’album, bien que le reste de la chanson n’est pas exactement au même niveau. La chanson est suivie de l’énergique Narrative of Soul Against Soul, dotée de mélodies inspirées et d’un segment vers la fin nous rappelant un peu Rise Against, autre groupe punk qui s’est quelque peu adouci avec les années. Clove Smoke Catharsis propose quelque chose d’un peu plus senti mélodiquement; cela reste un peu criard par moments, mais on ne peut pas tout avoir, surtout sachant d’où part AFI!

Une fois de plus, The Prayer Position met en scène 2 facettes complètement différentes du groupe, commençant par le punk rapide pour la majeure partie de la chanson, avant de changer de ton un peu après la moitié… pour mieux revenir avec l’énergie à la toute fin! Ce n’est pas que ce n’est pas un procédé efficace, mais à force d’en abuser, ça rend le tout un peu plus prévisible et moins percutant après chaque utilisation.

No Poetic Device n’a rien de particulièrement mémorable à offrir, mais The Last Kiss frappe beaucoup plus fort mélodiquement. S’ensuivent des Weathered Tome et At a Glance assez génériques à notre avis (la deuxième tente au moins quelque chose, mais ce n’est pas assez pour nous faire changer d’avis!), pour nous guider sans trop de heurts à la finale de l’album, God Called in Sick Today. Dans un album où la moitié des chansons ne se rendent même pas à la barre des 3 minutes, une piste de presque 14 minutes surprend automatiquement. Autre surprise, la chanson est ce qui se rapproche le plus d’une ballade pour AFI, et une assez bonne ballade en plus! Dans un rare cas, les couplets sont même meilleurs que le refrain, qui est pourtant loin d’être mauvais, juste un peu plus criard que nécessaire. La chanson se termine après 3min20 environ… mais la piste dure 14 minutes? Rappelons qu’on est en 1999, à l’époque où c’était encore cool de mettre des tounes cachées après un loooooong silence – dans ce cas-ci, plus de 7 minutes. La chanson cachée est Midnight Sun et on n’a pas grand-chose à dire mis à part qu’elle ne valait absolument pas 7 minutes d’attente.

On garde des sentiments extrêmement partagés face à Black Sails in the Sunset. D’un côté, l’album est beaucoup plus excitant à écouter que les précédents d’AFI, mais de l’autre on ne peut se défaire du savoir que le groupe est capable d’infiniment mieux et qu’il continuera à peaufiner ses compositions au fil des années et des albums. Mais on entend assez clairement vers où le groupe s’en va, et c’est ça le plus encourageant ici!

À écouter : Narrative of Soul Against Soul, The Last Kiss, God Called in Sick Today

7,4/10

Par Olivier Dénommée


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