
Sorti le 20 septembre 2024
On ne se souvient pas d’avoir autant entendu de mal d’un album mainstream que de 143 de Katy Perry. Même à la sortie de son extrait principal, Woman’s World, en juillet, ça ne regardait pas bien du tout pour son 7e album studio. Un peu par curiosité malsaine, on a voulu vérifier si c’était si pire que ça.
Déjà, on ne fait pas partie du public-cible de Katy Perry : même pendant ses meilleures années, on n’a jamais accroché sur ses chansons, détestant particulièrement son I Kissed a Girl dont on n’a jamais compris l’attrait. Ceci étant dit, en plongeant dans 143, on s’est promis de lui donner une chance honnête, alors que parfois les gens se liguent pour détester quelque chose dans véritable raison. Mais, malheureusement, les critiques plus dures sont dans plusieurs cas très légitimes car l’album n’a que très peu à offrir.
L’album ouvre sur Woman’s World, chanson entraînante mais pas particulièrement inspirée. L’intention n’est pas mauvaise en soi, avec un message féministe, mais on a l’impression que la chanson a déjà été faite avec plus de succès par le passé et par d’autres artistes. Et une critique récurrente est la participation de Dr. Luke dans la composition, musicien avec une grosse ombre au tableaux : des accusations d’agression sexuelle par Kesha. On repassera pour l’empowering féminin!
La suite n’est pas vraiment mieux. Perry offre quelques duos, incluant Gimme Gimme (avec 21 Savage) et Gorgeous (avec Kim Petras), mais ça ne lève jamais vraiment. I’m His, He’s Mine (avec Doechii) se démarque toutefois aussitôt, mais pas pour les bonnes raisons. La musique est celle de la fameuse chanson Gypsy Woman de Crystal Waters, une chanson de 1991 qui n’a pas excessivement bien vieilli et qui est de plus gâchée pour n’importe qui ayant entendu les albums de François Pérusse, qui a fait une parodie de la chanson à l’époque. Si Gypsy Woman a l’excuse d’avoir plus de 30 ans, ce n’est pas le cas pour la version de Katy Perry, qui fait le choix incompréhensible d’avoir un son complètement dépassé tout de suite… C’est donc un choix plus que douteux comme single.
S’ensuivent d’autres chansons plus ou moins inspirées. Crush est correcte, sans être particulièrement enlevante, et Lifetimes tente d’être contagieuse mais n’a aucune mélodie assez intéressante pour rester en tête, un autre choix faible pour en faire un extrait. Cela prend la 7e piste, All the Love, pour enfin avoir droit une mélodie à la hauteur d’une popstar. La chanson n’est pas comparable à l’âge d’or de Katy Perry, mais il faudrait être de mauvaise foi pour dire que l’album ne contient absolument rien d’écoutable! Même Nirvana contient quelques bons passages, mais ceux-ci sont entrecoupés de bouts très inintéressants qui gâchent un peu l’expérience générale – ce n’est jamais bon signe d’arriver à trouver des longueurs dans une chanson de moins de 3 minutes! Commentaire similaire pour Artificial (avec JID), qui contient des bouts quelque peu inspirés, mais beaucoup plus de mauvais, ce qui diminue la moyenne.
Truth nous fait un peu rire dans la mesure où les textes s’appliquent plutôt bien à la situation : «I wanna know the truth / Even if it hurt-hurts me». La quasi totalité des critiques musicaux lui ont probablement fait assez mal avec la vérité, mais on n’a pas le choix de le dire quand on a affaire à du mauvais matériel! Autrement, la chanson n’a rien de particulier. Ceci étant dit, on arrive déjà (ou enfin, c’est selon) à la fin de l’album avec Wonder, une des chansons plus sincères de l’album avec des mélodies plutôt fortes. Les paroles sont un peu cheesy, mais comme le reste de l’album ne vole pas très haut, on prend les bons coups là où ils passent.
Avec 143, Katy Perry a voulu livrer un album énergique, positif et dansant. Techniquement, elle a réussi à le faire, mais elle a oublié d’aussi inclure des hooks accrocheurs, faisant en sorte que même s’il ne dure que 33 minutes, l’album nous paraît extrêmement long et ennuyeux. On ne tombera pas dans les insultes gratuites, mais c’est aisément le pire album de pop mainstream qu’on a entendu depuis un moment et ce n’est pas comme si on n’avait pas déjà entendu beaucoup de pop générique ces dernières années…
À écouter : Crush, All the Love, Wonder
4,2/10
Par Olivier Dénommée
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