
Sorti le 14 juin 2024
Cela aura pris 10 longues années avant que le groupe punk rock Me First and the Gimme Gimmes lance un nouvel album après son solide Are We Not Men? We Are Diva!, remontant à 2014. Depuis, beaucoup de choses ont changé, notamment dans le line-up du groupe, alors que plusieurs membres originaux ont quitté, vraisemblablement pour se concentrer sur leurs projets musicaux principaux. Et le retour sur album se fait en live, avec Blow it…at Madison’s Quinceañera!, un concept assez comique qui colle bien à la formation de San Francisco!
Les Gimme Gimmes ne se prennent vraiment pas trop au sérieux et, cette fois, ils se sont «invités» à la Quinceañera – la fête de 15 ans – d’une jeune femme appelée Madison. Selon la description du projet, personne sur place n’avait idée de qui était le groupe ni à quoi s’attendre. Et les interactions du chanteur Spike Slawson avec son public souvent tiède tend à le confirmer! Règle générale, on évite d’écrire sur des albums live, préférant se concentrer sur les sorties studio, mais la rareté des sorties du groupe nous force à faire une petite exception ici.
Ainsi, mentionnons tout de suite notre réserve principale : il y a trop de jasette entre les chansons. On comprend le concept et l’idée de faire sentir la dynamique du spectacle, et c’est très bien amené. Mais une fois qu’on l’a entendu une fois ou deux, on a juste envie d’écouter les chansons sans le blabla. On doit quand même donner au chanteur qu’il sait divertir, autant en chanson qu’entre deux pistes.
C’est avec Changes de Black Sabbath qu’on nous accueille, transformant la ballade lourde entre hymne punk. La version des Gimme Gimmes n’a pas le même punch émotif, mais il rentre franchement bien au poste. Il joue ensuite avec Love Will Keep Us Together de Captain & Tennille, la mélangeant avec des passages de Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Pas mal comme parallèle! Dancing Queen (de ABBA) est plus direct, mais toujours efficace. Et on ne déteste pas la version de I Could Fall in Love, bien qu’on est loin d’avoir la même charge émotive que celle de Selena.
Comme le spectacle a été enregistré dans un contexte hispanophone, plusieurs chansons en espagnol faisaient partie du programme : Estos Celos (Vicente Fernández), La Ultima Muñeca (de Los Barón d’Apodaca, si on a bien vu), Happy Birthday (dont la majorité a été chantée en espagnol, puis le dernier couplet en anglais), Por Tu Maldito Amor (encore Vicente Fernández), Camino de Guanajuato (José Alfredo Jiménez) et la finale De Niña a Mujer (Julio Iglesias). Pour l’occasion, deux trompettistes étaient aussi sur scène, ajoutant à l’énergie ambiante sur plusieurs chansons. On salue l’initiative, surtout que le band a joué devant un public latino-américain, mais comme on ne connaissait pas la majorité de ces chansons au préalable, l’effet n’est peut-être pas aussi réussi que les autres chansons qui s’y trouvent.
D’ailleurs, la première chanson après un set en espagnol est Good 4 U d’Olivia Rodrigo et il faut admettre que ça rendre sérieusement au poste et que c’est aisément la chanson incontournable de la deuxième moitié de l’album. Elle supplante aisément Queen of Hearts (Juice Newton) et Before the Next Teardrop Falls (Freddy Fender), en version ukulélé pour l’occasion.
Entendons-nous, Blow it…at Madison’s Quinceañera! est extrêmement drôle. Pour avoir vu le groupe une fois en spectacle, on se remémore avec nostalgie son énergie sur une scène devant une foule conquise et on s’imagine ce que ça ferait de jouer devant un public «hostile» ou indifférent même après une vingtaine d’années d’existence. On aurait certainement préféré écouter les chansons en version studio, ce qui aurait permis d’aller à l’essentiel, et avoir un peu moins de chansons en espagnol, mais reste que c’est un album qui nous a fait du bien à écouter et si vous êtes nostalgique, c’est possible qu’il vous fasse autant de bien.
L’album est disponible sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : Love Will Keep Us Together, Dancing Queen, Good 4 U
7,4/10
Par Olivier Dénommée
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