Romance – Fontaines D.C.

Sorti le 23 août 2024

Si on a vu passer le nom du groupe irlandais Fontaines D.C. à quelques reprises ces dernières années, on n’avait encore jamais vraiment pris le temps d’écouter ce qu’il avait à offrir. C’est donc avec son 4e album, intitulé Romance et acclamé par la critique, que l’on tend enfin l’oreille pour voir de quoi il en retourne.

Fontaines D.C. est considéré comme un groupe de post-punk et de rock alternatif. Cela laisse donc place à une musique loin d’être formatée, qui demande quelques écoutes pour être proprement apprivoisée. La chanson-titre Romance ouvre le tout avec une chanson lourde et tendue, tout en contenant une certaine douceur au niveau des textes. C’est le genre de dualité qu’on nous propose ici. Notons quand même la fausse fin à la barre des 2 minutes, étirant la chanson d’une trentaine de secondes de plus avec la tension crinquée au maximum. On se serait bien passé de cet ajout!

S’ensuit Starburster, premier single de l’opus, servant ainsi de carte de visite pour inciter les gens à écouter le reste. Si le refrain est relativement contagieux pour ce registre, les couplets sont plus près du rap rock et sont loin de nous convaincre. Et c’est bien dommage parce que c’est à notre avis le seul maillon faible dans une chanson autrement réussie, particulièrement dans le dernier tiers. La suivante, Here’s the Thing, est un autre extrait, proposant un dosage un peu plus accessible, ce qui se prend extrêmement bien.

Desire propose ensuite une chanson lente, mais un tantinet surchargée, avec des mélodies somme toutes très solides, qui ont par ailleurs un côté assez nostalgique (peut-être parce que ça nous rappelle un peu Abandoned Pools, sans la voix). L’écoute se poursuit avec l’extrait In the Modern World, chanson un peu plus longue, mais justement dotée d’un bon build-up, commençant de façon minimaliste et permettant aux arrangements de se développer après chaque segment. On a aussi lu que la chanson était inspirée par Lana Del Rey et il est vrai qu’il y a un côté déprimant dans la voix nous faisant vaguement penser à son énergie! Bug est un autre extrait, mais peine étrangement à se démarquer du reste de l’album : ce n’est pas mauvais, ni exceptionnel et ça arrive en plein milieu du disque.

Motorcycle Boy prend un peu de temps pour vraiment démarrer, mais finit par valoir le détour. Les paroles n’ont rien d’exceptionnel, mais la construction de la chanson lui donne un côté épique insoupçonné. Quant à Sundowner, on passe à un style à la fois planant et très percussif, avec la batterie bien mise de l’avant dans le mix. Notons au passage que c’est exceptionnellement Conor Curley au lieu de Grian Chatten qui est à la voix ici, expliquant la grande différence dans l’approche face à la chanson. S’ensuit Horseness Is the Whatness, morceau à la fois relativement doux et plaintif, un peu étrange mais pas désagréable. L’ajout de cordes est aussi un bon coup ici, mais on aurait peut-être raccourci la chanson de quelques secondes à la fin.

Death Kink est parmi les chansons les moins intéressantes de tout l’album, avec des «mélodies» nonchalantes peu mémorables. Elle nous mène toutefois à la finale de l’album, Favourite, par ailleurs un single – il est si rare qu’un groupe conclut un album sur une de ses chansons fortes, alors ça mérite amplement la mention –, proposant quelque chose de plus énergique qui se prend assez bien. Apparemment, la chanson avait un total de 12 couplets, mais a été réduite à 4 pour l’enregistrement. Bon choix de la part de Fontaines D.C., qui a évité de trop étirer la sauce inutilement. Cela permet ainsi à l’album de se terminer après 37 minutes, ce qui est une bonne longueur pour un album de ce registre-ci.

Difficile de dire ce qu’on retient d’un album comme Romance. Il contient à la fois du très bon et du très ordinaire, du plutôt accessible et du très niché, des textes tantôt profonds, tantôt apparemment beaucoup plus en surface. Mais c’est déjà presque un exploit en soi de ne pas nous avoir complètement écœuré même s’il s’agit d’un enregistrement de post-rock, un genre qui nous rejoint à peu près pas du tout. On comprend donc l’enthousiasme pour ce 4e album de Fontaines D.C., même si notre intérêt est plus modéré. Mais il suffit de faire abstraction de quelques chansons pour davantage apprécier ce que Romance a à offrir à nos oreilles.

À écouter : Here’s the Thing, In the Modern World, Sundowner

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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