
Sorti le 14 février 2025
Dans la première moitié des années 2010, le duo Capital Cities a fait sa marque avec la chanson Safe and Sound, qui s’est avérée son seul véritable succès commercial. On avait même oublié l’existence du groupe, qui a pourtant lancé un album en 2018 sans qu’on le voit passer. Capital Cities semble vouloir surfer sur son succès initial avec un album double intitulé A Hurricane of Frowns, une phrase tirée de sa fameuse chanson.
Sur cet album de 80 minutes, beaucoup de titres sont familiers pour différentes raisons. C’est que Capital Cities a voulu redonner un second souffle à plusieurs vieilles chansons, en plus d’incorporer plusieurs covers d’autres artistes. L’écoute commence tout de même assez bien avec Breathe (In the Air), une chanson de Pink Floyd qui s’incorpore parfaitement dans le répertoire du duo avec une musique qui donne envie de taper du pied.
C’est après que ça se gâte un peu : on entend les versions «Predux» de plusieurs chansons tirées de In a Tidal Wave of Mystery, incluant Safe and Sound (Predux), Patience Gets Us Nowhere Fast (Predux), I Sold My Bed, But Not My Stereo (Predux), Center Stage (Predux), Farrah Fawcett Hair (Predux) et, plus loin, Love Away (Predux). Dans la plupart des cas, la nouvelle version ne vaut pas véritablement le détour et on est mieux de s’en tenir à l’originale de 2013. Parmi les exceptions, mentionnons I Sold My Bed, But Not My Stereo (Predux), qui opte pour une version beaucoup plus douce et chargée émotivement, ce qui change vraiment l’énergie de la chanson, ou encore le changement dans la forme pour Farrah Fawcett Hair (Predux), même si André 3000 est toujours de la partie.
Les relectures ne s’arrêtent pas là, puisqu’on a aussi droit à Tell Me How to Live (Redux) (au lieu de Predux, aucune idée si c’est une coquille ou volontaire!), qui invite pour l’occasion le rappeur Patrick Antonian. Cette version a l’avantage de donner une autre énergie à la chanson, bien que ce n’est pas nécessairement le style que l’on chérit le plus. S’ensuit aussi Chasing You (Dub Mix) (prenant les airs d’une toune de club instrumentale).
Petite surprise : on nous offre Nothing Compares 2 U, une reprise de la fameuse chanson de Prince mais popularisée par Sinéad O’Connor. La version est intéressante avec la sauce Capital Cities, mais elle perd de beaucoup son émotivité. Le premier disque se conclut avec One Minute More (Desert Isle Remix). La chanson se trouvait dans la version deluxe du premier album, alors ce n’est pas tout le monde qui la connaissait. Ce remix est sympathique, mais aussi un peu générique.
Le 2e disque comporte davantage de nouvelles chansons, à commencer par Betcha Can’t Wait, aux sonorités plus proches de l’indie-pop (avec même quelques «hey» bien amenés), puis New Town Crier, aussi dans une énergie similaire. On avoue qu’on s’est demandé si on avait changé d’album la première fois qu’on a entendu ces chansons tellement elles étaient différentes de ce qu’on connaissait de Capital Cities! Shoes Like Rockets est même extrêmement légère, une direction réussie, mais aussi très surprenante.
She Flows Like H2O, avec Alex Rzyan revient à quelque chose de plus «normal» pour le duo. C’est dansant, avec des mélodies intéressantes, mais étant francophone on ne peut s’empêcher d’accrocher sur toutes les fois où on entend les «Je circule» parlés ajoutés ici et là sans vraiment ajouter quoi que ce soit à part peut-être donner un côté exotique (?) à la chanson. S’ensuit The Monster in My Closet, chargée et énergique, mais pas particulièrement mémorable. On préfère quelque peu You’ve Got a Lot of Explaining to Do, bien qu’il semble manquer d’un ingrédient magique au niveau de l’efficacité du refrain.
De retour aux remixes pour le prochain segment : Kangaroo Court (Forever Kid Remix Slowed Down), Safe and Sound (Mattanoll Remix) et New Town Crier (Napoleon Remake) proposent d’autres versions qui peinent à vraiment nous séduire. On peut quand même admettre que Safe and Sound (Mattanoll Remix) a quelques bons éléments, mais que l’originale occupe tellement une place spéciale dans notre esprit qu’il aurait été quasiment impossible pour elle de la déloger de toute façon.
S’ensuivent Holiday (oui, la reprise de Madonna), que le duo s’approprie étrangement bien ici, puis Pets (Live at Coachella) (de Porno for Pyros). On ne sait pas pourquoi Capital Cities a choisi de prendre une version live plutôt qu’en studio pour celle-ci. Commentaire similaire pour All You Need Is Love (des Beatles) avec John D’Ogustino, qui est enregistrée au moins partiellement en live même si ce n’est pas indiqué. C’est aussi, à notre avis, pas la meilleure chanson que le groupe aurait pu reprendre de ce répertoire… La vraie finale revient à One Minute More (Vigiletti Remix), pour laquelle on ferait le même commentaire que pour l’autre version entendue à la fin de l’autre disque.
Résumons l’album A Hurricane of Frowns : sur 80 minutes et 24 pistes, on a droit à 6 nouvelles chansons, mais 13 relectures de vieilles tounes et 5 covers. Capital Cities aurait très certainement bénéficié de diviser sa sortie en différents morceaux, par exemple un bref album de nouveau matériel, un EP de reprises et un album de remixes au lieu de nous balancer une gibelotte où on ne sait plus trop où donner de la tête. Un bon ménage aurait bénéficié à tout le monde. Cela n’empêche pas que l’album contient quelques bonnes chansons, mais vous allez devoir fouiller pour trouver les meilleurs versions des différentes chansons. C’est bien dommage!
À écouter : Disque 1 : Breathe (In the Air), I Sold My Bed, But Not My Stereo (Predux) // Disque 2 : Betcha Can’t Wait, Holiday
6,3/10
Par Olivier Dénommée
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