Fantasia – Dahlia Dumont

Sorti le 25 avril 2025

On n’avait jamais entendu parler de Dahlia Dumont avant qu’on décide de se pencher sur son 3e album intitulé Fantasia, mais on y a fait la découverte d’une artiste au registre incroyablement large. La chanteuse franco-américaine chante dans 2 langues et multiplie les genres abordés à travers sa proposition de 50 minutes.

Avec Betty II, on a droit à une chanson entraînante à souhait avec une énergie vocale digne d’une comédie musicale (écoutez-la, vous comprendrez peut-être ce qu’on veut dire!). Même en n’écoutant que la musique, on pouvait facilement imaginer une chorégraphie complexe pour accompagner la composition! Il faut tout de même préciser que l’entrée en matière n’est pas parfaite : à travers ses multiples changements d’énergie, tous les segments ne sont pas du même niveau d’efficacité. La suivante, Sentimental Reasons, nous amène des airs reggae. C’est beaucoup plus égal, tout en laissant bien la voix de Dumont à l’avant-plan.

Passons maintenant à une (électro-)pop vocale plutôt efficace avec Stalker, qui a comme seul potentiel défaut d’être mal dosée en y incorporant trop de textes pour rester punchée du début à la fin. Dans notre cas, on croit qu’elle aurait été encore meilleure en allant davantage à l’essentiel. On change encore d’énergie avec Semi-Automatic Trinket (Take It!), avec une musique hyperactive et des mélodies très rythmées nous faisant rappeler quelques hits de l’Amérique latine. Au risque de nous répéter, on trouve Dahlia Dumont infiniment plus mise en valeur dans la suivante, la soul SickMess, où elle est bien appuyée par une musique groovy sans être surchargée, ce qui lui permet d’être à son meilleur vocalement. Mais son défaut? Sa longueur, qui atteint la barre des 5 minutes, lui faisant perdre un peu d’efficacité.

Ce n’est qu’à partir de la chanson-titre Fantasia que l’on entend la chanteuse en français. Et quoi de plus français que de parler de sexe! À travers ses paroles, on comprend que Dumont a un accent anglophone toujours bien présent, mais ça ajoute finalement au charme du personnage. La chanson va jusqu’à recréer une scène torride où la chanteuse semble crier de plaisir à la fin. On aime mieux vous avertir avant d’écouter la chanson en public sans le savoir!

On revient à l’anglais, et à quelque chose de beaucoup plus léger et doux, avec Wishing Well. C’est du moins comme ça au début, et ça laisse ensuite place à une montée d’intensité très réussie. Sans y être vraiment similaire, elle nous fait penser à la force mélodique de la chanson Hollow entendue dans la bande sonore de Final Fantasy VII Remake. Et quiconque nous connaît sait qu’on ne compare pas des chansons avec de la musique de jeu à la légère! Si Consent a un côté plus théâtral, la solidité des refrains et des propos dans la chanson la rendent très efficace, bien qu’on aurait une fois de plus quelque peu raccourci la proposition, plus faible dans les dernières 30 secondes.

The Walls débute comme une chanson piano-voix émotive, mais celle-ci cache une montée qui n’est pas sans nous faire très vaguement penser à Bohemian Rhapsody de Queen, autant dans le crescendo musical que dans le registre vocal de Dahlia Dumont! C’est, pour nous, le véritable incontournable de l’album. Elle est suivie de Crossing to Brooklyn, en duo avec Zaí XP. Si l’ajout d’une voix masculine plutôt soul ne fait pas de tort à la chanson, la chanson n’a pas exactement la même magie que les meilleurs morceaux de l’album. Peut-être le refrain qui ne parvient pas à nous convaincre, malgré les arrangements peaufinés.

On se permet de hausser un sourcil à l’écoute du début de Opossum, autre chanson en français qui ressemble à un vieux jazz sensuel, mais qui chante, en grande partie, d’un opossum, un sujet moins abordé dans le milieu! Le dernier mot revient à Oblivion II, chanson ensoleillée et ludique, un bon choix pour conclure avec force cet album éclectique et chargé!

Que retenir quand chaque chanson est aussi différente des autres? Comme c’était notre premier contact avec Dahlia Dumont, on a très vite compris que la polyvalence fait bel et bien partie de son arc, elle qui se défend bien dans différents registres. Même si elle est décrite comme une artiste bilingue, on a senti qu’elle était davantage dans son élément en anglais, où elle peut généralement mieux montrer qu’elle est une chanteuse à voix. En 52 minutes, l’album contient des petits bijoux et des morceaux qui s’écoutent bien, mais aussi quelques chansons plus inégales. Comme mentionné plus haut, certaines chansons auraient pu être légèrement raccourcies, ce qui aurait pu faire toute la différence pour aider à garder l’attention jusqu’à la fin de chaque chanson.

À écouter : Wishing Well, Consent, The Walls

7,3/10

Par Olivier Dénommée


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