Virgin – Lorde

Sorti le 27 juin 2025

Comme on n’écoute pas la musique de Lorde sur une base régulière, on a quelque peu perdu le fil ces dernières années. Si les 2 premiers albums, Pure Heroine et Melodrama, ont été très bien reçus par Critique de salon, on a passé tout droit pour son 3e – et on a apparemment bien fait parce que la réception n’a pas été particulièrement chaude – et on se retrouve avec Virgin, son 4e album, dans les oreilles, sans trop savoir où la Néo-Zélandaise en était rendue dans son évolution musicale. Et on doit dire qu’on a été agréablement surpris à quelques reprises ici.

L’album ouvre sur l’extrait Hammer. La chanson est un drôle de choix à notre avis, avec une tension qui nous laisse croire que la chanson va passer à une toune de danse à tout moment, sans jamais tout à fait le devenir. C’est un choix artistique assumé de la part de l’artiste, qui mise beaucoup sur certaines ambiguïtés au fil de cette sortie, mais c’est mieux amené ailleurs qu’ici. La suivante est justement infiniment plus réussie : What Was That mise sur un build-up dansant et contagieux et des mélodies incroyablement simples, mais très efficaces. Un classique instantané de Lorde! Shapeshifter n’est pas tout à fait aussi accrocheuse (notamment avec les mélodies un tantinet trop monotones), mais elle est à peu près dans le même état d’esprit, avec une petite montée musicale qui reste vite en tête. Pour une chanson de «2e zone» (elle n’a pas été retenue comme extrait), elle se défend somme toute extrêmement bien!

On a mentionné l’ambiguïté plus tôt, et c’est ainsi qu’on décrirait Man of the Year. La chanson en elle-même n’est pas exceptionnelle, mais son propos a fait réagir, lui qui aborde la question de la fluidité de genre, ce qui rejoint un public plus marginalisé, et c’est tant mieux. Dommage qu’elle n’ait pas exploité ce sujet dans un de ses bangers! S’ensuivent Favourite Daughter, chanson énergique et plutôt réussie, et Current Affairs, morceau beaucoup plus doux et émotif, nous rappelant une fois de plus l’étendue de son registre. On se serait toutefois passé des 2 suivantes, Clearblue (de l’autotune tout le long, c’est non) et GRWM, qui ne nous semble pas en phase avec le ton du reste de l’album.

On se ressaisit heureusement à Broken Glass, une autre des chansons très fortes de l’opus, brillant particulièrement dans les refrains. If She Could See Me Now contient aussi quelques très bonnes idées dans les refrains, mais elle moins solide dans ses couplets. L’album se conclut en douceur sur David, ramenant une dernière fois la Lorde vulnérable. La chanson a aussi d’exceptionnel de ploguer le titre du premier album de l’artiste, lorsqu’elle chante la ligne «Pure heroine mistaken for featherweight», un petit clin d’œil qui nous a fait sourire même si la chanson n’est pas la plus légère. On aurait tendance à dire que c’est une bonne conclusion, mais la fin de la piste nous laisse perplexe, avec une dernière de plus en plus tendue et une coupure assez directe en toute fin. Ça reste évidemment un choix artistique de sa part!

L’album Virgin de Lorde ne dure que 35 minutes, mais il fait en général très, très bien le travail! Il correspond pas mal à comment un bon album de pop devrait sonner en 2025 et on sent qu’il n’a pas volé les commentaires positifs reçus jusqu’à présent, surtout qu’elle aborde certains sujets moins souvent exploités dans la musique mainstream. On aurait bien sûr préféré un album plus égal en termes de qualité d’une chanson à l’autre, mais on ne peut pas se plaindre sur le ratio entre très bonnes chansons et pistes plus faibles. On serait parfaitement capable d’imaginer Virgin parmi les candidats sérieux pour un Grammy l’an prochain.

À écouter : What Was That, Shapeshifter, Broken Glass

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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