
Sorti le 4 juillet 2025
Commençons pas une confidence : la musique de Kesha (qui à ses débuts s’écrivait encore Ke$ha) ne nous a jamais intéressé, elle qui n’a jamais versé dans une pop très subtile avec des succès davantage associés à de la «musique de party» qu’à des chansons aux thèmes profonds. Mais on a vu passer comme tout le monde la longue saga l’opposant à son producteur Dr. Luke, maintenant terminée. La voilà donc enfin libre pour la première fois avec son album . (ou Period, selon les sources), un tout premier album sur son propre label où elle peut enfin faire ce qu’elle veut. Est-ce que cette nouvelle liberté l’amènerait ailleurs musicalement? On a voulu lui donner une chance pour voir ce qu’il en est.
… Et, en résumé, Kesha n’a pas beaucoup changé par rapport à ce qu’on entend d’elle depuis 20 ans : elle verse toujours dans une pop assez énergique, avec beaucoup d’autotune et de mots vulgaires (sur 11 pistes, 7 ont l’avertissement «Explicite»). C’est un genre, et ça va plaire à un certain public, mais ça demande un peu plus d’efforts pour quelqu’un qui n’accroche pas à la base sur ce registre.
Avant de commencer, précisons que chaque chanson est stylisée de la même façon : tout en majuscule, avec un point à la fin (ce qui peut expliquer le choix du titre de l’album?). Le début de FREEDOM. nous donnait certains espoirs, avec des sonorités aériennes plus recherchées, créant une ambiance planante très réussie. Cela ne dure toutefois que les premières 2min30 avant qu’elle revienne à son style de prédilection, loin de nous convaincre (disons qu’elle a le «bitch» facile et qu’elle parle encore de consommation d’alcool dans un contexte festif…). Mentionnons quand même dans les forces le refrain, aux accents disco assez sympathiques. Elle est suivie de JOYRIDE., premier extrait de l’album, encore moins subtil, auquel on peine à trouver des qualités : il n’y a rien dans la chanson qu’on aurait pas déjà entendu de Kesha dans les 15 dernières années.
Elle ne nous surprend pas beaucoup plus avec YIPPEE-KI-YAY., mais elle réussit à avoir un hook vocal quand même mémorable, même si on fait le tour assez vite et qu’on trouve la chanson presque trop longue même si elle ne dure que 2min37 (faut le faire!). Notons qu’il existe différentes versions de la chanson. Sur Spotify, la version est seulement avec Kesha, alors que d’autres versions permettent d’aussi entendre T-Pain. Et on n’a pas particulièrement tenu à entendre les alternatives, pardonnez-nous. DELUSIONAL. arrive toutefois à point : cette power ballade montre enfin un côté plus vulnérable de l’artiste, parlant à un ex. Ce n’est évidemment rien de révolutionnaire, mais on prend toutes les nuances qu’on est capable de trouer dans cet album. RED FLAG. revient ensuite à quelque chose de plus sautillant, avec quelques éléments assez accrocheurs. On aurait seulement coupé la partie parlée de la chanson, qui n’est heureusement pas assez longue pour complètement gâcher la chanson.
Petit retour au disco le temps de LOVE FOREVER., une proposition simple et efficace, sans faire des vagues outre mesure. Une fois de plus, la chanson n’est pas très longue, mais elle aurait pu bénéficier d’être légèrement raccourcie. Elle est suivie de THE ONE., une des chansons pop les mieux construites de la proposition, comparée avec les bonnes années de Katy Perry ou encore les chansons plus chargées de Taylor Swift. Le dosage n’est peut-être pas impeccable, mais on préfère ça que l’hyperpop de la suivante, BOY CRAZY., qui ne connaît absolument aucune nuance. On comprend que dans certains contextes, certains voudront écouter la chanson en boucle et à un volume beaucoup trop élevé, mais c’est à notre avis trop niché pour avoir mérité d’en faire un single. Après une chanson de cette intensité, on n’a vraiment pas l’impression qu’il se passe grand-chose dans la suivante, GLOW.
TOO HARD., avant-dernière piste de l’album nous surprend avec pop qui n’est pas excessivement éclatante, mais qui est bien construite et qui va droit au but. Elle nous mène à CATHEDRAL., morceau principalement piano-voix senti, qu’on apprécie beaucoup, mais qui fait tache à la fin d’un album comme celui-ci… du moins jusqu’à ce qu’elle décide d’exploser autour de la dernière minute, gâchant quelque peu le build-up émotif, mais nous rappelant du même coup qu’on a bien affaire à du Kesha ici.
On a écouté l’album . à reculons, mais on peut dire qu’on a fait quelques belles petites découvertes même si le style de Kesha ne nous a jamais rejoint depuis son «âge d’or». Est-ce assez pour racheter notre opinion principalement négative de la pop dégoulinante de l’artiste? On n’irait pas jusque là. Mais pour un album de 38 minutes, elle parvient à s’adresser à l’occasion à différents publics, tout en restant fidèle à ses fans de la première heure. Même s’il s’agit de son premier album où elle se sent entièrement «libre», force est d’admettre qu’elle n’a pas fait un 180o musicalement. Tant mieux pour certains, tant pis pour les autres.
À écouter : DELUSIONAL., THE ONE., TOO HARD.
6,7/10
Par Olivier Dénommée
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