
Sorti le 10 février 2023
Notre intérêt pour la musique plus récente du groupe Paramore se fait plus limitée, alors qu’on a été progressivement de plus en plus déçu des sorties après le 2e album, Riot!. After Laughter avait été la goutte de trop pour nous, et ce n’est que maintenant qu’on se risque à retourner au 6e album de Paramore, This Is Why, paru en 2023.
C’est au nom d’une certaine nostalgie qu’on essaie de donner une autre chance au groupe dirigé par Hayley Williams, mais on se doute que c’est assez difficile de recréer la magie adolescente que Paramore a réussi à créer il y a presque 20 ans déjà. Pourtant, la critique semble apprécier la direction qu’a pris Paramore ces dernières années, alors peut-être sommes-nous le problème?
L’album ouvre sur la chanson-titre This Is Why, touchant à différents sous-genres de punk, sans être assez pour véritablement s’adresser à un public punk. Il y a certainement de bonnes idées, mais le refrain n’a pas exactement assez de mordant pour se glisser parmi les classiques de Paramore. The News s’approche un peu plus du côté «colère adolescente» des débuts du groupe, ce qui ne fait pas de tort même si la chanson n’est pas parfaite non plus! On assume ensuite un côté pop-rock plus dansant avec Running Out of Time, qui peine toutefois à nous rester en tête. Enfin, Paramore se permet un peu de français facile avec C’est comme ça, titre que la chanteuse va répéter ad nauseam au fil de la chanson. Ces 4 premières pistes ont tous quelque chose en commun : ce sont les 4 singles de l’album. Cela veut dire que commercialement, Paramore a tout misé sur ce qui précède, même s’il reste 6 autres chansons.
Et comme c’est souvent le cas, ce sont dans ces chansons «négligées» que l’on trouve les perles de l’opus. Big Man, Little Dignity propose une chanson plus nuancée où on apprécie une musique pop-rock sympathique et des mélodies convaincantes. On a aussi droit à quelque chose d’un peu plus croustillant au niveau des arrangements avec You First, pour un résultat somme toute assez intéressant. Figure 8 est pour sa part une des chansons plus percussives, mettant bien de l’avant le talent de Zac Farro à la batterie.
Liar se rapproche de la ballade, un style qui a souvent souri à Williams, bien qu’il semble manquer d’un ingrédient pour frapper autant qu’à l’époque. Certaines lignes de Crave nous font toutefois penser à When It Rains, un retour nostalgique bienvenu. L’inégale Thick Skull conclut notre écoute, avec à la fois des bouts très bof et d’autres très efficaces. Drôle de choix pour mettre en fin de cet album!
En relisant notre critique d’After Laughter, on ne peut s’empêcher de se trouver sévère envers ce qu’est devenu Paramore. On ne peut évidemment pas demander à un artiste ou un groupe de ne jamais évoluer, mais on croyait sincèrement que la nouvelle direction que prenait Paramore n’était pas la bonne pour que le groupe reste pertinent. L’accueil toujours positif de la critique et de l’industrie (l’album This Is Why a littéralement gagné un Grammy…) semble nous donner tort et tant mieux si le groupe trouve toujours un public à ses nouvelles chansons. Ironiquement, on réussit à retrouver des pépites nous rappelant le vieux Paramore, mais seulement dans les chansons qui ne sont pas mises de l’avant, comme s’il fallait avoir honte de cette époque. Notre opinion est visiblement controversée, mais on se permet encore d’espérer un retour aux sources dans le futur de la part du groupe, ce qui se traduirait de préférence jusque dans les singles.
À écouter : You First, Figure 8, Crave
7,1/10
Par Olivier Dénommée
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