Big Money – Jon Batiste

Sorti le 22 août 2025

Plusieurs connaissent le nom de Jon Batiste pour avoir été longtemps à le tête du house band du Late Show with Stephen Colbert, soit de 2015 à 2022. Mais Batiste a une carrière bien plus vaste que ce qu’on a pu voir à la télé et a récemment fait paraître un 7e album, Big Money, où il touche notamment au blues, à la soul et au vieux RnB.

Malgré le vaste registre abordé, l’album est très court avec 9 pistes et seulement 32 minutes. L’opus ouvre sur Lean on My Love, une excellente collaboration avec la chanteuse Andra Day sur fond de RnB. On aurait tout simplement pris un album complet dans ce registre, mais on va jouer aux montagnes russes tout au long de notre écoute. Avec la chanson-titre Big Money, on se lance dans un vieux rock’n’roll plutôt rudimentaire pour laisser toute la place aux textes invitant les auditeurs de se concentrer sur l’essentiel plutôt que de penser que l’argent est la solution à tout. Le message est bon, mais il aurait autant sinon encore plus efficace avec une musique aussi solide, surtout qu’il nous a montré de quoi il était capable juste avant. Lonely Avenue (avec Randy Newman) souffre à peu près du même problème avec un blues minimaliste et des performances vocales loin d’être exceptionnelles. On peut imaginer que Jon Batiste a voulu recréer l’énergie d’un vieux bluesman, ce qui se défend comme choix artistique, mais ça ne veut pas dire que ça va nous rester dans l’oreille!

Si la suivante, Petrichor, peine aussi à nous séduire, on se ressaisit avec Do It All Again, petite ballade au piano où Batiste et ses musiciens se surpassent. C’est bête, mais la présence de ces chansons fortes nous empêchent en quelque sorte d’apprécier les autres parce qu’on sait de quoi Jon Batiste est capable! C’est pourquoi la ludique Pinnacle nous laisse avec ses sentiments partagés puisqu’elle n’a pas le même charme que les meilleures chansons, même si elle réussit à nous entraîner.

At All revient à un RnB plus feutré (qui n’est pas sans nous rappeler le groupe Black Pumas), somme toute réussi même s’il n’a pas la même magie que Lean on My Love ou Do It All Again. S’ensuit Maybe, avec une intro assumée au piano, avant que Batiste ne laisse aller sa voix dans le registre le plus grave possible au début, avant d’aller dans les aigus, de façon apparemment peu naturelle même pour celui qui brillait plus tôt dans ce registre. Drôle de choix artistique de sa part! La finale revient à une dernière collaboration, Angels avec No ID, passant au reggae planant. Disons simplement que ce n’est pas le style où Jon Batiste est à son meilleur! On n’aurait assurément pas terminé l’écoute sur celle-ci.

L’album Big Money est une expérience musicale qui se vit plus qu’elle ne s’explique. Jon Batiste est un génie musical, on ne le remet aucunement en doute, mais il fait le choix de s’éloigner de ce qui fonctionne, pour une raison qui lui appartient. Les bonnes chansons sont bonnes pour vrai, et on peut argumenter que celles que l’on considère comme «faibles» s’adressent simplement à un public différent. Dans tous les cas, on sent que l’album peinera à vraiment trouver son public-cible tellement il est éclectique. Une sortie un peu plus recentrée sur 1 ou 2 styles aurait possiblement été bénéfique pour atteindre un plus large public.

À écouter : Lean on My Love, Do It All Again, Pinnacle

6,9/10

Par Olivier Dénommée


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