Sorti le 29 octobre 2013

Originaire du Chili, le groupe Aisles évolue dans des styles éclectiques : rock, alternatif, progressif, fusion… le tout dans un seul et même album. Le troisième opus de ce band, 4:45 AM, ne fait pas exception à cette règle, mais a, cette fois plus que jamais, des visées internationales afin de faire connaître le groupe un peu partout.

La pièce-titre 4:45 AM démarre en force avec une énergie rock très solide, rappelant un peu le style de Rush, mais avec plus d’instruments (après tout, ils sont 6 dans le groupe). Un sourcil s’élèvera probablement lorsque la voix du chanteur fera son entrée. Celui-ci surprend pas son registre beaucoup plus près de la pop que du rock dans cette première chanson, mais on s’y habitue tout de même rapidement, et la musique est trop bonne pour qu’on ne l’écoute pas, sans parler du solo de guitare!

La variation dans les énergies est assez marquée d’un titre à l’autre. Gallarda Yarura s’adoucit jusqu’à un registre ballade, avec une touche progressive efficace. Notez que ce second titre est instrumental. Aussi une power ballade, Back My Strength s’écoute aussi bien, malgré la voix un peu «braillarde» dans le refrain. The Sacrifice y va encore plus dans la douceur, attendant presque la fin de la chanson pour y intégrer autre chose que la guitare acoustique. Plus loin, Sorrow y intègre des éléments de musique latine, ce qui se prend bien malgré le chanteur encore un peu trop intense. Plusieurs variations importantes feront douter que c’est la même chanson du début à la fin.

Shallow and Daft qui suit nous transporte à la place dans les années 1980, avec une musique pleine de synthés. C’est un peu disco et un peu pop commerciale de ces années, le tout avec la touche Aisles, et la voix du chanteur (heureusement) correspond ici très bien au style musical. Principal bémol, le groupe a décidé de mettre des bouts de «radio» à la fin de la pièce, minant temporairement l’expérience. Si vous l’écoutez en ligne, vous aurez peut-être le réflexe de vous demander si une pub intempestive a démarré soudainement.

En milieu d’album, on a droit à une Intermission instrumentale. Un peu ambiante, elle devient assez aérienne à la toute fin, mais le dérapage a été parfaitement contrôlé. Cette pièce sert principalement de pause à la voix. Il y a aussi Hero vers la fin de l’album qui joue dans ce même registre, mais encore plus longtemps.

Melancholia termine l’album 4:45 AM qui dure au total 55 minutes. Des voix y sont présentes, mais de façon beaucoup plus subtile, participant à l’ambiance générale sans détrôner le reste. La mélancolie escomptée rappelle peut-être plus une berceuse avec sa douceur, mais nous n’en tiendrons pas rigueur au band. D’ailleurs, à la toute fin, l’intensité revient pour terminer l’album en force.

Il est dommage que Aisles ne soit pas encore plus connu que cela. Les membres ont du talent et font des compositions riches touchant à tout, tout en ayant une ligne conductrice. Les solos, fréquents sans être systématiques, sont solides, bien équilibrés et jamais trop longs. L’élément qui réussit le moins au groupe, c’est la voix. Trop perçante, trop pop, elle nous fait momentanément oublier le genre de musique qu’on écoute réellement. Même si plusieurs ballades à saveur plus pop se faisaient entendre, le chant semble rester la principale faiblesse sur la plupart des titres. Le band devra éventuellement se poser la question : va-t-il continuer à adapter sa musique pour fitter avec la voix, ou va-t-elle assumer cette incongruité à laquelle on finit éventuellement par s’habituer après 2 ou 3 écoutes? À part ça, peut-être un peu trop de ballades pour le genre, mais elle apportaient toutes un petit quelque chose de différent qui ne rendait pas l’expérience lourde. Bref, un bon album d’un groupe qui mériterait probablement à se faire découvrir par plus de gens ici.

Il vous est possible d’écouter l’album sur SoundCloud.

À écouter : Gallarda Yarura, Shallow and Daft, Melancholia

7,2/10

Par Olivier Dénommée