Turn Up the Quiet – Diana Krall

Sorti le 5 mai 2017

Le jazz vocal n’a définitivement plus de secret pour la pianiste et chanteuse Diana Krall avec ses quelque 25 ans de carrière. S’étant plutôt concentrée sur des reprises pop-rock dans son dernier album Wallflower (2014), elle se contente plutôt de revisiter des standards jazz connus de tous dans Turn Up the Quiet. Calme et apaisement sont au rendez-vous dans cet album de reprises typiquement «Diana Kralliesques».

La contrebasse est au rendez-vous pour introduire la première piste du long jeu, Someone in Love. Le rythme est pétillant tout en restant doux, s’agissant ici d’un album acoustique où aucun élément perturbateur ne vient gêner notre écoute. On aime encore plus la pièce suivante, Isn’t It Romantic, qui est un peu plus romanesque et vient chercher une fibre musicale sensuelle et plaisante. Son début moins étoffé prend de l’ampleur plus loin avec l’ajout d’effectifs instrumentaux, ajoutant ainsi une gradation intéressante au morceau. Immanquablement, Diana Krall se prête au jeu en nous offrant une  reprise de L-O-V-E, très populaire chanson de Nat King Cole. Habitués à une version rythmée s’approchant davantage du jazz pop, l’interprète se l’approprie de façon plus sensuelle où les rubato se multiplient.

On poursuit avec Night and Days, une bossa nova enchanteresse où nous berce la voix chaude de Diana Krall. Son timbre grave et velouté est sans doute sa plus grande marque de commerce, sans oublier sa façon de rendre toute interprétation réconfortante, entre autres grâce à sa grande délicatesse. On est bien surpris de la pièce suivante, I’m Confessing (That I Love You), qui laisse plutôt découvrir un son rétro tirant sur le blues. On sent la chanteuse moins à l’aise dans certains passages plus hauts perchés, ce qui ne l’empêche pas de prendre sa place lorsque la mélodie revient dans un registre plus confortable.

Passons maintenant à Blue Skies, qui est probablement sa plus belle reprise de l’album. Enfin, Diana Krall sort son trop plein d’énergie dans cette magnifique chanson composée par Irving Berlin en 1929. Autant dans son jeu pianistique que dans sa voix, Krall sort de sa zone de confort pour nous offrir un moment glorieux dans une pièce où autant la mélodie que l’instrumentation sont accrocheurs. En milieu de disque, il était grand temps d’avoir un élément différent pour raviver l’intérêt de l’auditeur. C’est peut-être d’ailleurs pour cette même raison que la chanteuse choisit Sway pour poursuivre. Popularisée au début des années 2000 par Michael Bublé dans une version où la section de cuivres prenait une place importante, on se retrouve ici devant une interprétation très intime qui nous fait repenser au sens profond du texte qui semble désormais tellement plus éloquent. Un très bon coup de la part de Diana Krall.

No Moon at All était le morceau parfait à placer juste après Sway. La ligne vocale accrocheuse et vivante mélangée au piano et à la contrebasse sonne délicieusement à notre oreille d’auditeur comblé. On retourne assez rapidement à notre rythme de croisière original par la suite dans Dream, une ballade romantique à souhait qui illumine cette fin (imminente) d’album. Fait surprenant, elle fait brièvement penser à un extrait de comédie musicale des années 50 ou 60. C’est I’ll See You in My Dreams qui clôt l’opus dans un mouvement vif et joyeux. Vraiment, la seule piste qui aurait facilement pu être retirée de la liste serait Moonglow (en plein milieu du disque) qui ne ressort simplement pas du lot avec une mélodie qui manque de saveur.

Au final, on retrouve vraiment Diana Krall dans son environnement habituel qui plaît à tout coup : voix sombre et somptueuse dans un accompagnement acoustique tout en finesse. Le choix des chansons est parfait et se marie très bien entre elles. Certainement un disque à découvrir et retenir si vous portez la fibre du jazz vocal en vous.

À écouter : Isn’t It Romantic, Blue Skies, Dream

8,2/10

Par Audrey-Anne Asselin


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