Anthem – Madeleine Peyroux

Sorti le 31 août 2018

Au fil des années, la chanteuse jazz Madeleine Peyroux a fait connaître deux facettes dans sa musique : d’un côté, un blues-jazz acoustique mettant en valeur sa voix rauque, de l’autre, des morceaux jazzy qui tendent vers le folk et la pop à l’occasion. Sur l’album Anthem, elle penche davantage vers le second registre avec bon nombre de nouvelles compositions originales.

La sympathique On My Own ouvre l’album, avec un semblant d’inspiration de Les Champs-Élysée dans l’énergie du couplet. Les cuivres et quelques notes au piano ajoutent à l’habillage plus sobre guitare-voix et le tout est particulièrement fort au refrain, puissant dans sa simplicité. Au contraire, Peyroux retourne vers son côté blues dans Down on Me, puis Party Tyme. Ce registre est toujours le meilleur pour mettre de l’avant sa voix, mais manque un peu de nuances. Et dans le cas de Party Tyme, il nous semble que l’harmonica nous dérange plus qu’il ajoute à la chanson (et l’harmonica remet ça à On a Sunday Afternoon!).

Une des rares reprises de l’opus est la chanson-titre Anthem, de nul autre que Leonard Cohen. La version est chargée musicalement tout en restant relativement sobre, du moins vocalement. À nos oreilles, le dosage est bon et c’est un des très bons coups de l’album! On mise ensuite sur la légèreté musicale avec All My Heroes, qui se retrouve, dans le contexte de l’album, dans l’ombre d’Anthem.

Un peu plus loin, retour à l’énergie blues chargée avec The Brand New Deal, agrémenté cette fois d’un petit solo de sax. Mais notre intérêt se porte surtout sur la suivante, la jolie et émotive Lullaby. On peut imaginer facilement cette chanson écrite par Cohen, signe de la force de la composition. Notre seul bémol de cette piste autrement incontournable est le passage qui semble forcé en espagnol, qui crée au passage une petite longueur dont on aurait pu se passer. The Ghosts of Tomorrow et We Might as Well Dance offrent d’autres possibilités pour apprécier le côté mélancolique de Madeleine Peyroux. Le dernier mot de l’album (régulier) est en français : Madeleine Peyroux livre la reprise Liberté (Paul Eluard) sur un ton très sobre, mais somme toute réussi. D’autres versions ont droit à la piste supplémentaire Last Night When We Were Young, vraisemblable clin d’œil à l’époque où Peyroux livrait essentiellement un jazz acoustique et ambiant.

L’album Anthem regroupe en un peu moins d’une heure les différentes personnalités de Madeleine Peyroux. Il y a beaucoup de belles choses, mais il manque parfois un peu de cohésion musicalement, comme si on avait affaire à une compilation. C’est plus dans les textes qu’on sent le lien, même si on a tendance à les écouter distraitement sauf lorsqu’on leur donne un traitement folk. Cela reste un exercice intéressant et cela nous rappelle que Peyroux a encore du beau matériel à nous livrer à l’aide de ses complices qui co-signent toutes les compos de l’opus.

À écouter : On My Own, Anthem, We Might as Well Dance

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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