Sorti le 25 janvier 2019

La formation dream pop française Requin Chagrin a récemment lancé son nouvel album Sémaphore, qu’on compare avantageusement à Indochine ou aux Beach Boys, notamment. La presse française a été particulièrement élogieuse à son égard, vantant une belle évolution du projet. On s’est donc intéressé à ce que l’album avait à offrir.

Mais il s’est passé quelque chose qui n’est pas arrivé souvent dans ma vie de critique musical : l’album ne m’a évoqué aucune émotion. Oui, j’entends la référence musicale se rapprochant d’Indochine et les petits passages plus surf rock et rétro (pensons à Clairvoyance, Sémaphore et Les promesses). Ou encore le spleen ambiant, particulièrement dans la voix, mais l’écoute répétée pendant plusieurs jours ne m’a laissé ni chaud ni froid, une situation d’une extrême rareté.

Car malgré le Chagrin dans le nom du band, cette émotion est loin d’être clairement présente dans la musique de l’album. On a plutôt droit à des chansons planantes et réglées au quart de tour avec des mélodies assez statiques (spleen oblige). On n’a rien à reprocher en particulier à la musique, si ce n’est qu’elle est beaucoup trop égale du début à la fin, ne créant aucune montagne russe d’intensité. Il y a bien des petites exceptions, mais la principale vient à la conclusion de Le grand  voyage… la toute dernière de l’album!

Sinon, mentionnons les rares mélodies qui restent en tête, qu’on entend dans Soleil blanc, Nuit, Rivières et Le grand voyage, mais c’est bien mince pour un album de 42 minutes qui semble faire un tabac outre-Atlantique. Peut-être est-ce (encore) ma tendance à juger la musique issue de France avec les mêmes critères que ce qui est produit ici, mais il me semble que cette musique manque l’essentiel : une âme et de l’émotion. Ce qui devrait être la base. Et même après des dizaines d’écoutes, on a échoué à les entendre.

À écouter : Nuit, Rivières, Le grand voyage

5,6/10

Par Olivier Dénommée