Armed to the Teeth – Abandoned Pools

Sorti le 27 septembre 2005

Faisons un petit saut dans le temps pour retourner en 2005, année où le projet Abandoned Pools de Tommy Walter faisait paraître son deuxième album, Armed to the Teeth. On connaissait déjà un peu sa musique à travers le dessin animé Clone High qui a brièvement vécu au début des années 2000, et cet album était le premier lancé depuis cette période.

Cet album de rock alternatif bien assumé contient plusieurs éléments très accrocheurs, et d’autres plus brouillons. Certains diront que cela fait partie du charme d’Abandoned Pool! La première piste, Lethal Killers, donne bien le ton, avec quelques riffs solides, et une mélodie réussie, particulièrement au refrain. Il faut évidemment s’habituer à la voix particulière de Walter, mais une fois que c’est fait, on peut vraiment apprécier sa musique. Un seul bout nous fait sourciller dans cette chanson : l’ajout de sleigh bells (littéralement un son de cloches de Noël, qu’on ne devrait entendre que dans des chansons appropriées!) en plein milieu de la chanson. Cela ne dure pas trop longtemps, mais ça saute aux oreilles tout de suite. Malgré ce choix douteux (peut-être n’avait-il simplement pas de tambourine à portée de la main au moment de l’enregistrement?), reconnaissons que cela reste une des chansons les plus réussies de l’album.

Après un morceau phare comme Lethal Killers, Rabble a des croûtes à manger. Malgré des éléments très réussis, notamment au niveau des mélodies, on n’arrive pas à passer outre le riff un peu contre-intuitif qu’on nous sert tout le long de la piste. Chaque fois que l’on écoute l’album, on a l’impression que le début de la chanson est en train de sauter avant de se souvenir que c’est simplement un effet… Dans ce cas-ci, cela gâche un peu notre expérience et on passera à la suivante. Un peu plus «douce» (du moins par rapport aux chansons précédentes), The Catalyst brille surtout pendant les refrains, mais sans être mémorable outre mesure.

Tighter Noose frappe plutôt fort avec un début très sentimental (qui laisse même place aux fameuses sleigh bells, encore…) avant de rehausser l’intensité d’un cran. Musicalement, ce n’est pas aussi agressif que les autres, mais on sent la tension qui est déjà bien mise de l’avant par les paroles sombres. Dans la seconde moitié de la piste, on entend même des cordes qui ajoutent à l’émotion et un petit solo de guitare. Tous les ingrédients d’un bon build-up sont au rendez-vous. Pourtant, on sent que la chanson aurait aisément pu se terminer presque 2 minutes plus tôt plutôt que d’étirer la sauce comme ça a été le cas ici.

Plutôt groovy, Waiting to Panic atteint sa cible, même si elle contient beaucoup moins de variations que les autres pistes de l’album. Heureusement qu’elle ne dure pas trop longtemps pour rien! Hunting, quant à elle, joue aux montagnes russes entre les bouts très énergiques et ceux plus modérés. C’est somme toute réussi, malgré des arrangements un peu chaotiques durant les refrains, mais la dernière minute vient gâcher le tout avec des sons quelque peu lugubres que l’on ne parvient pas à justifier. Un autre choix artistique discutable!

Apparemment, l’album n’a eu qu’un seul single, la chanson-titre Armed to the Teeth. On peut comprendre la raison derrière le choix : la chanson va droit au but avec un rock assumé et les guitares dans le tapis, avec même un petit solo au passage. Mais malgré cela, la chanson n’a pas la même magie que d’autres pistes de l’album, comme si elle jouait trop safe par rapport au reste. On préférera Sooner or Later, qu’on apprécie pour sa mélodie et ses énergies bien dosées. C’est un compromis parfait entre une chanson émotive et entraînante. Évidemment, Abandoned Pools ne peut s’empêcher d’allonger la chanson plus que nécessaire : elle aurait très bien pu se terminer un peu après 3min30, mais elle en dure finalement près de 6 minutes. Il faut toutefois reconnaître que, cette fois, l’effet est réussi et on a droit à une belle montée qui permet de clore la chanson avec douceur. C’est plutôt réussi!

Musicalement, on n’a rien à redire sur Sailing Seas, rythmée et percussive à souhait, mais c’est dans la mélodie qu’il semble manquer de quelque chose. Ça prend malheureusement les deux pour arriver à se démarquer positivement! Beaucoup plus lourde, Renegade surprend avec un son plus grunge qui s’éloigne sensiblement du reste de l’album. Et on n’a pas encore décidé si on aime ou pas d’avoir l’impression d’entendre une toune de Nirvana! Puis, mention à Maybe Than Someday, qui offre des passages un peu inégaux en qualité, mais qui est à son meilleur durant les refrains, tout particulièrement le dernier où une efficace contre-mélodie s’ajoute.

L’album se termine avec la proprement titrée Goodbye Song. C’est aussi la plus longue de l’opus, avec les défauts que cela implique. Mais avant d’arriver aux défauts, soulignons la force de la chanson, qui est en quelque sorte une break-up song, mais avec encore une certaine dose d’espoir que ça n’en soit pas une. Cette ambiguïté est bien appuyée par la musique, qui apporte juste le bon dosage d’intensité. Encore une fois, le refrain est le passage incontournable de la chanson. Maintenant, abordons la longueur… À 6min30, la chanson était pourtant essentiellement terminée vers 4min15. On repart donc la machine pour un autre segment plus intense que jamais, où le chanteur met ses tripes sur les tables. «I’m busting at the seams / To tell you everything / And it’s scaring me / Cause nothing’s sure / And nothing makes sense anymore», crie-t-il à la fin de la chanson. Difficile de rester insensible à ces propos, qui concluent avec force l’album de 53 minutes.

L’album Armed to the Teeth rend nostalgique. Ce n’est pas qu’on écoutait cet album en particulier à notre adolescence, mais il y a un côté un peu cru et brouillon qui nous ramène à cette époque où on a juste envie de s’époumoner pour faire sortir les émotions comme elles viennent. C’est ainsi qu’on perçoit la plupart des chansons de cet album, composé dans une période difficile de la vie de Tommy Walter. C’est un album qui est loin d’être parfait sur le plan technique, mais qui correspond pourtant parfaitement à un état d’esprit bien précis. C’est un album qui fait défoule à écouter, surtout à plein volume dans l’auto, et qui fait du bien par le fait même.

À écouter : Lethal Killers, Sooner or Later, Goodbye Song

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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