Sorti le 7 juillet 2023

Le 10^e album studio de la chanteuse britannique PJ Harvey, I Inside the Old Year Dying, a eu droit à un accueil plus que positif de la critique et s’est aisément hissé dans les listes de fin d’année pour être un des meilleurs albums de 2023. C’est à notre tour de nous pencher sur cet album, qui est pourtant loin d’être facile d’écoute.

On part assurément de loin, alors qu’on ne connaît PJ Harvey que de nom, et c’est donc à l’aveuglette que l’on a plongé dans cet album, qui mélange des éléments folk, rock et post-punk. L’entrée en matière, la sombre et plutôt lourde Prayer at the Gate, nous laisse deviner qu’on a affaire à un album d’ambiances, mais pas nécessairement de mélodies accrocheuses. La voix nasillarde de Harvey n’est certainement pas ce qui attire les auditeurs vers sa musique. Plus énergique, Autumn Term n’est toutefois pas plus agréable mélodiquement.

Cela fonctionne toutefois davantage dans Lwonesome Tonight : sa voix est appropriée pour une complainte folk, alors que Seen an I change de registre vocal pour quelque chose de beaucoup plus près de la langue parlée, ce qui se prend aussi assez bien. Et The Nether-edge offre quant à elle un refrain plutôt convaincant, même si le reste de la chanson nous laisse tiède, peut-être à part la fin qui change de ton pour quelque chose de plus «ensoleillé».

Au fil de notre écoute, on ne peut s’empêcher de penser à la musique de Feist alors que les deux artistes semblent chercher à créer une musique qui demande un certain effort pour être pleinement appréciée. Cette similitude nous frappe particulièrement dans la chanson-titre I Inside the Old Year Dying, par ailleurs une des meilleures ici, grâce à des arrangements intéressants et une mélodie bien sentie, à défaut d’être très compliquée. On s’explique toutefois mal pourquoi la chanson n’a pas été un single, ce qui aurait dû aller de soi à notre avis.

Avec All Souls, on retombe ensuite dans un registre plus sombre et lourd, que PJ Harvey semble particulièrement affectionner dans cet album. À part créer une ambiance – qui n’est tout de même pas désagréable quand le mood est là –, la chanson ne va jamais véritablement quelque part et passe vite inaperçue. Elle est suivie de l’extrait A Child’s Question, August, gardant sa lourdeur, mais versant cette fois dans un folk-rock avec quelques belles mélodies au passage. Puis, c’est au tour de l’autre extrait de l’album, I Inside the Old I Dying, qui a un titre mélangeant parce qu’il ressemble beaucoup à un autre titre, mais qui reprend avec succès sa recette de folk sombre, un peu angoissant.

La fin de l’album devient très chargée, notamment avec August, où tout finit par se perdre dans le mix, ou encore A Child’s Question, July, où l’ajout d’un voix masculine ne fait qu’augmenter les tensions, mais que c’est vraiment dans la seconde moitié que tout devient plus confus. Enfin, cela se termine avec A Noiseless Noise, qui commence plus feutré, mais qui nous explose bien assez vite dans les oreilles. On conclut toutefois avec une douceur relative cet album d’une quarantaine de minutes, mais qui était bien chargé.

On a écouté l’album I Inside the Old Year Dying en fin d’année, ce qui n’était probablement pas le meilleur moment pour le faire, mais on peine à croire que l’album soit paru en plein été, alors que ça nous semble être un parfait exemple d’album à écouter à l’automne quand il pleut ou peut-être quelque part en janvier, durant le blues d’après les fêtes. Pour ce qui est de notre appréciation de l’album, on n’a certainement pas entendu la même chose que ceux qui ont couvert PJ Harvey d’éloges. L’album contient de bonnes chansons, et on a réussi après plusieurs écoutes à en apprivoiser quelques autres, mais on ne crie pas au génie ici. Si vous êtes déjà fan de l’artiste, on n’a pas besoin de vous dire d’écouter l’album, mais si vous souhaitez la découvrir, cet album ne sera probablement pas le plus facile d’approche!

Il est possible d’écouter cet album sur la page Bandcamp de PJ Harvey.

À écouter : I Inside the Old Year Dying, A Child’s Question, August, I Inside the Old I Dying

7,2/10

Par Olivier Dénommée