
Sorti le 9 février 2024
On avait eu un coup de foudre pour le groupe prog britannique The Pineapple Thief il y a plusieurs années déjà, alors qu’on avait découvert son excellent album Your Wilderness en 2016. Le groupe n’a cessé d’être prolifique, lançant plusieurs albums depuis, mais après une écoute un peu moins satisfaisante de Dissolution, on a un peu perfu le fil des sorties, puis la pandémie est arrivée. La sortie récente de It Leads to This, un 15e album pour le groupe fondé en 1999 nous a donné une bonne raison de nous y repencher.
En début d’album, on a droit à une relative douceur avec Put It Right, mais pas sans nous donner l’impression que quelque chose se trame sous la surface, de la part de l’ensemble des instruments; c’est quand même d’un album de rock progressif qu’on parle ici! Juste avant la barre des 3 minutes, c’est la guitare qui se lâche lousse, du moins quelques secondes. Cela contribue au build-up qui va s’ensuivre jusqu’à la fin, mais on sent que les musiciens ont malgré tout fait preuve d’un peu trop de retenue… C’est tout le contraire dans dans Rubicon, qui nous balance tout de suite une musique lourde dans les oreilles, elle qui réussit même à frapper encore plus fort dans ses refrains. Pas besoin de toujours faire dans la nuance pour viser juste!
On a ensuite droit à la chanson-titre It Leads to This, qui alterne entre des passages modérés, presque mystérieux, et d’autres offrant un rock plus asusmé. On préfère de loin la seconde énergie de la chanson, mais on comprend que les montagnes russes font partie de l’expérience. On préfère quelque peu le single The Frost, même si ce morceau change lui aussi à quelques reprises d’énergie. La chanson a le mérite d’avoir une des mélodies les plus mémorables de l’album, même si ce n’est pas tout à fait au niveau des inconcournables de Your Wilderness, qui reste notre album de référence.
All That’s Left nous surprend ensuite avec une montée particulièrement solide, même si elle reprend des stratégies déjà entendues plus tôt dans l’album et donc rendues un peu prévisibles. Allez savoir pourquoi, mais les lignes de guitare chargées de distorsion, entendues dans la seconde moitié de la chanson, visent particulièrement dans le mille. Now It’s Yours y va ensuite d’une ballade somme toute réussie, même si on reste sur le bout de notre chaise pendant 3 minutes parce qu’on attend que ça nous explose dans la face, chose qui arrive effectivement en milieu de piste, nous amenant complètement ailleurs, mais pas pour le mieux cette fois. Quand on revient à l’énergie initiale pour la fin de la chanson, c’est trop tard et on est déjà passé à autre chose!
L’extrait Every Trace of Us suit et il s’agit d’une chanson énergique et pleine de groove et sans trop de flafla, si on oublie le segment de 2min30 jusqu’à 3min40 (environ), qui nous semble particulièrement superflu alors que le crescendo aurait pu se faire de façon plus organique que la montée soudaine que The Pineapple Thief a choisi d’offrir. L’album de 8 pistes se termine avec To Forget, qui recrée un peu la situaiton de Put It Right, à une différence près : si la majorité de la chanson reste assez douce malgré le désir évident d’aller ailleurs, la dernière minute se lâche lousse pour une finale puissante. Il aurait été décevant qu’il en soit autrement.
Notre appréciation de l’album It Leads to This varie selon le mood dans lequel on est. Mettre l’album en arrière-plan pendant qu’on fait autre chose aide à donner du pep. Quelques chansons sont aussi particulièrement agréables à écouter en auto (surtout Rubicon). Mais quand on s’attarde un peu plus sur la structure des chansons, on se rend compte qu’elles sont très similaires les unes par rapport aux autres, reprenant les mêmes trucs d’une piste à l’autre, nous enlevant un peu de magie quand vient le temps de faire une critique. En voulant autant mettre de l’avant la force et la fragilité dans une même piste, la force des compositions s’en est trouvée un peu affectée. Ce n’est pas un mauvais album, et on serait malhonnête de dire que ça l’est, mais il s’apprécie mieux sans trop s’attarder aux détails.
À écouter : Rubicon, The Frost, All That’s Left
7,6/10
Par Olivier Dénommée
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