Future Nostalgia – Dua Lipa

Sorti le 27 mars 2020

La popularité de la chanteuse Dua Lipa a explosé avec la sortie de son deuxième album, Future Nostalgia, paru au tout début de la pandémie de COVID-19. On ne peut pas dire qu’on s’est particulièrement intéressé à sa musique auparavant – ça nous avait déjà pris quelques années pour apprivoiser Taylor Swift, on n’éprouvait pas le besoin de suivre une autre artiste trop mainstream –, mais parfois il faut se mettre à jour un peu, surtout que cet album a été acclamé depuis sa sortie, autant par le public que la critique. Qu’en est-il 4 ans plus tard dans nos oreilles?

On vous rassure, on ne vivait pas tout à fait dans une grotte pendant tout ce temps et on a déjà entendu quelques chansons de Dua Lipa par le passé, mais ce qui nous a frappé était que c’était de la pop dans le sens le plus pur du terme : une musique accrocheuse qui plaît aux masses. Ce n’est pas un crime, mais on aime quand il y a un peu plus de nuances et que ça vient chercher certaines émotions.

Pour un album primé, ouvrir avec la chanson-titre Future Nostalgia, qui rate sa cible avec une musique énergique mais pas particulièrement agréable à écouter (pour de la pop dite mainstream, les couplets sont atroces, même si on se reprend un peu durant les refrains), est un drôle de choix. Elle est au moins suivie du solide single Don’t Start Now, qui emploie ici et là quelques clichés efficaces, mais propose quand même un résultat réussi… tant qu’on oublie l’inutile segment vers la barre des 2 minutes et à la toute fin.

Cool nous surprend avec une sonorité rétro qui n’est pas désagréable du tout. Les mélodies délaissent aussi le côté upbeat qui fait la renommée de Dua Lipa pour quelque chose d’un peu plus «émotif», sans l’être tout à fait. On est presque surpris que la chanson n’ait jamais été retenue comme extrait, elle qui sort un peu trop du lot en plus de ne pas avoir été pleinement assumée dans cette direction. Quant à Physical (le deuxième extrait de l’album), on coche les cases d’à peu près tous les clichés imaginables des tounes à caractère sexuel des années 80. Il faut dire que c’est un thème cher à la chanteuse, qui l’aborde aussi avec un peu plus de nuance dans l’entraînante Levitating, mais pas tant que ça. Idem pour Pretty Please, qui opte au moins pour une musique mid-tempo cette fois, permettant de mieux apprécier les mélodies réussies de la chanteuse.

On nous fait miroiter un build-up irrésistible dans le single Hallucinate, mais ça n’arrive pas et la chanson ne lève jamais complètement, avec un refrain surprenamment très ordinaire. C’est tout le contraire pour Love Again (le dernier extrait retenu, en passant), qui livre la marchandise avec conviction. Malgré son efficacité indéniable, quelques bémols vers la barre des 3 minutes, qui brise le momentum pour justifier une remontée, ce qui était totalement superflu et aurait pu se terminer là sans problème mais qui s’étire pour encore 1min20. Parfois, il faut savoir quand arrêter. Break My Heart (un autre extrait) réussit un peu mieux dans son dosage, jouant aux montagnes russes entre des bouts entraînants et d’autres un peu plus vulnérables, créant une dynamique intéressante.

On oublie très rapidement Good in Bed, qui nous rend mal à l’aise de par ses textes qui parlent de relation visiblement toxique, dans dans laquelle le sexe est bon… On devine que ce n’est pas une chanson qu’on va réécouter dans 10 ans et trouver qu’elle a bien vieilli. Enfin, Boys Will Be Boys nous surprend avec une chanson presque épique dans ses arrangements. On avait certaines réserves au début, mais c’est le genre de chanson qui sonne mieux après chaque nouvelle écoute et c’est, il faut l’admettre,une façon de conclure l’album avec force.

On est sévère envers Future Nostalgia, mais c’est assumé : pour nous, cet album contient de bonnes idées, aucun doute là-dessus, mais le buzz nous paraît un peu exagéré. 4 ans après la sortie de l’album, on ne peut pas dire qu’on sent encore beaucoup de nostalgie à écouter ces chansons. À moins que vous ayez absolument envie de danser, vous apprécierez peut-être quelque chose de plus nuancé comme pop.

Version deluxe : The Moonlight Edition

On ne peut pas dire qu’on partageait ce sentiment, mais certains se sont probablement dit que 37 minutes de Dua Lipa, ce n’était pas assez et qu’il en fallait ajouter 8 chansons de plus, incluant plusieurs collaborations. La première de cette version bonifiée est Fever, avec la Belge Angèle, qui chante donc en français. Il s’agit d’une autre chanteuse qui fait sensation mais qui nous laisse personnellement tiède, alors on n’a pas d’opinions fortes sur ce duo mis à part que c’est intéressant de penser qu’une chanson à moitié en français seulement disponible dans la version deluxe ait été retenue comme extrait, et que le mariage des voix n’est pas désagréable du tout. Notons l’autre single qui s’est glissé : We’re Good, aux sonorités familières (mais il faut dire que la majorité de l’album sonne comme quelque chose qu’on a déjà entendu quelque part avant) plutôt réussies, avec un bon équilibre entre les rythmes et les mélodies.

Prisoner est spéciale dans la mesure où c’est Dua Lipa qui est l’invitée dans une chanson de Miley Cyrus. On ne sait pas trop si on aurait gardé cette chanson dans l’album à sa place, même si ça a dû donner un coup de pouce supplémentaire pour la promotion de s’associer à Miley Cyrus. Elle est suivie de la très réussie If It Ain’t Me et de la plus tiède That Kind of Woman (malgré un refrain qui se défend plutôt bien).

La fin de cette version de l’album est vraiment de trop avec Not My Problem (avec JID), que l’on qualifierait de version encore plus désagréable de Shake It Off de Taylor Swift (que l’on détese pourtant avec passion), une nouvelle version de Levitating (cette fois avec DaBaby), que l’on n’a pas demandée, et, enfin, Un Día (One Day), du reggaeton où on entend aussi J Balvin, Bad Bunny et Tainy, mais qu’on ne retiendra pas. Encore une fois, il faut savoir quand arrêter et Dua Lipa nous rappelle qu’elle a privilégié la quantité par dessus la qualité ici.

À écouter : Love Again, Break My Heart, Boys Will Be Boys // Deluxe : We’re Good

7,1/10

Par Olivier Dénommée


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