Chants of Sennaar (Original Soundtrack) – Bande sonore

Sorti le 5 septembre 2023

Chants of Sennaar est un jeu difficile à bien décrire, mais si on avait à résumer, on dirait qu’on y joue un personnage sans visage (à l’avant-plan sur la pochette) qui doit apprendre à communiquer avec des peuples qui ont chacun leur propre langue pour arriver à accomplir sa quête en montant chaque nouvel étage d’une espèce de tour de Babel. Le côté mystérieux de la chose est accentué par la musique, composée par le Français Thomas Brunet, qui s’est amusé à imaginer les sonorités de ces différentes cultures qui ne se comprennent pas et ne s’entendent pas nécessairement.

Contrairement à d’autres jeux sur lesquels nous nous sommes penché par le passé, Chants of Sennaar (Original Soundtrack) est une bande sonore plutôt limitée : 15 pistes, moins de 40 minutes. Cela reste assez pour plonger dans l’ambiance. Et, parlant d’ambiance, Out of the Cavern and Into the Light nous introduit tout doucement à l’univers. Il y a un côté solennel à la pièce, mais aussi des éléments incertains, ce qui correspond probablement à l’esprit du joueur en ce début de jeu, alors qu’on ne sait pas trop ce qui nous attend. Elle est suivie de l’énergique Catch Me!, qui n’occupe pas une place importante dans le jeu, mais qui donne tout un boost à cette bande sonore en général plus atmosphérique. D’ailleurs, la suivante, Forgotten Bonds, est une autre piste idéale pour mettre dans l’ambiance, avec juste assez de mystère.

Plus on monte dans la tour, plus les énergies changent, et on commence à entendre quelque chose de plus «militaire» avec Infiltration, alors que notre héros doit se faufiler et passer inaperçu au milieu de soldats armés jusqu’aux dents. Après un morceau tendu, The Call prend des airs épiques et positifs qui se prennent particulièrement bien. La fin semble un peu plus étirée que nécessaire sur album, mais dans le jeu on n’y porte pas attention du tout.

Elle est suivie d’autres pièces où le mystère est bien de l’avant, sur des sonorités presque médiévales, Envers, puis Gardens of Plenty. Cette dernière est la plus longue de la bande sonore, dépassant les 7 minutes, montrant le sérieux du compositeur lorsqu’il imaginait l’ambiance dans cette portion du jeu. C’est, sauf erreur, la première pièce où on entend des voix, montant d’un cran la force de la composition, bien que ce n’est que dans certains segments qu’on peut en entendre. Mais on sera davantage servis plus tard, il faut juste patienter un peu! Un peu dans l’esprit de Catch Me!, on a droit à A Bit of Fun, autre morceau énergique et ludique, assez bref.

Temple of Knowledge change assez drastiquement d’énergie. On est maintenant dans quelque chose de très ambigu, entre une musique lugubre, mais quand même pleine d’une forme d’espoir. Elle est suivie de The Cogs of Science, qui est plus énergique, mais toujours dans le même esprit.

Au contraire, Exil assume pleinement le côté lent, limite déprimant, du segment du jeu où on est rendu. In the Machine garde la même idée, mais y ajoute des petites sonorités électroniques, ajoutant une tension de plus. Tension qui explose véritablement pendant The Chase, littéralement une poursuite où on court longuement pour notre survie. Dans le contexte du jeu, c’est presque comique, mais ça reste assez convaincant pour nous confirmer qu’on n’a pas envie de se faire attraper, disons!

Après des morceaux plus intense, on revient à quelque chose de beaucoup plus doux, voire émotif, avec Smell of Rain, qui a comme seul défaut d’être beaucoup trop court. Cela nous mène à la fin de la bande sonore (et du jeu), Bonds Reforged, sans contredit la pièce qu’on avait le plus hâte d’entendre du jeu. C’est une composition puissante qui résume à merveille l’expérience qu’on vient de passer. Et que dire de la performance enlevante de la chanteuse Carla Fernandez? C’est vraisemblablement sa voix qu’on entend à différents endroits dans la soundtrack, mais c’est vraiment ici qu’elle brille le plus. Mais la piste en elle-même est un petit chef-d’œuvre et ça mérite de compléter le jeu juste pour l’entendre dans son contexte.

Rappelons que Thomas Brunet avait pour mandat de représenter différentes cultures à travers la musique de Chants of Sennaar. Règle générale, c’est mission accomplie alors qu’on sent à différents moments une énergie différente et des choix différents dans l’instrumentation aussi. Évidemment, tout ça prend son sens lorsqu’on joue au jeu, mais la musique vient donner des petits indices sur les gens à qui on a affaire. On ne peut pas dire que c’est une musique qu’on écouterait abondamment en dehors du jeu, mais elle est bien réussie dans ce contexte et on ne peut qu’encourager les gens à écouter les compositions dans le monde pour lequel elles ont été créées. Ça vaut quand même le détour!

Cette bande sonore est notamment disponible sur la page Bandcamp du compositeur.

À écouter : Forgotten Bonds, The Call, Bonds Reforged

8,1/10 (dans le jeu) // 7,7 (en dehors)

Par Olivier Dénommée