CHRONIQUE : Confusion et décibels à Pointe-Valaine

Par Olivier Dénommée

On ne parle pas assez des bons spectacles présentés sur la Rive-Sud de Montréal dans ces pages, mais voilà une occasion de se reprendre avec le show du groupe de covers Confusion (prononcé en anglais), qui a joué vendredi (pendant le 4/20!) au Centre culturel et communautaire de la Pointe-Valaine d’Otterburn Park, souvent abrégé à juste Pointe-Valaine.

C’est une petite salle parfaite pour la formule cabaret, qui surprend souvent par la qualité des artistes qui y passent. Cette fois, c’était plutôt un groupe local qui montait sur scène, et la soirée a vite viré en party. Confusion a été fondé dans les années 80 par une gang d’amis, mais a depuis cessé ses activités. Il s’est reformé avec un principe intéressant : chacun des 6 membres choisit des chansons dans le vaste registre rock, qu’elles soient connues ou pas ou qu’elles sont faciles ou impossibles à jouer et personne n’a le droit de refuser. Ça a donné un spectacle assez éclectique merci!

Confusion en spectacle / Photo : Olivier Dénommée

Notons au passage que si le groupe n’a repris que récemment du service, ça n’a pas paru dans leurs prouesses techniques. Tout le monde était assez solide sur scène, bien que certains musiciens se sont montrés plus concentrés et dans leur bulle dans les segments plus techniques. Parmi eux notons Schism de Tool, loin d’être une balade dans le parc. La setlist incluait aussi beaucoup de Deep Purple, un groupe que chérit Confusion, mais à peu près tous les grands du rock y sont passés à travers plus de 2 heures de musique et de nostalgie. Parmi les interprétations les plus fidèles, mention à 2 Minutes to Midnight d’Iron Maiden, vers la fin du spectacle, mais c’est peut-être moins un exploit quand on considère qu’un des chanteurs, Philippe Harvey, est en fait le chanteur du groupe hommage à Maiden Made in Iron (qu’on a d’ailleurs vu en show en 2013!) et a dû pousser pour que tout soit à point à Pointe-Valaine. Il avait tellement la voix de Bruce Dickinson à la perfection qu’il peinait parfois un peu à s’en défaire et reprenait, probablement accidentellement, ses intonations même lorsque les chansons ne s’y prêtaient pas! L’autre chanteuse, Nancy Desmarais, a surpris par l’étendue de son registre vocal, même quand elle admettait que certaines chansons la sortaient de sa zone de confort. Il faut dire, pour un gars né en 1990, qu’il y avait beaucoup de répertoire qui manquait à ma culture. C’était une vraie petite leçon de l’histoire du rock que nous proposait Confusion.

Là où Confusion se montrait plus chambranlant, c’était entre les chansons, alors que les musiciens ne savaient pas toujours quoi dire sur les chansons choisies. Ça a quand même donné lieu à certains moments cocasses. Rappelons que c’est un band local et que beaucoup d’amis étaient dans la salle, ce qui a probablement enlevé la pression de proposer des interventions réglées au quart de tour. Ça rend toujours plus sympathique de voir les musiciens avouer candidement leurs faiblesses et jouer avec le sourire.

Retrouvailles

Impossible de passer sous silence les invités spéciaux de la soirée : SOS Cargo, autre groupe de la scène locale, est venu le temps de 2 tounes. Notons que 2 des membres de Confusion font aussi partie de SOS Cargo, alors on ne parle pas d’un changement complet de musiciens. Ça a quand même été un beau clin d’œil pour les amateurs de la musique rock locale, et une anecdote savoureuse, alors que le drummer du groupe a été impliqué dans un accident de la route quelques heures plus tôt, mais a refusé d’aller à l’hôpital pour monter sur scène. Ça a rendu la chanson des Doors Riders on the Storm encore plus drôle. On a mentionné plus haut Schism de Tool, mais elle était particulière dans la mesure où le batteur de Confusion, Danny Peake, a laissé ses baguettes à son fils Jérémy pour venir à l’avant la chanter. Enfin, au rappel à la fin de la soirée, c’est un autre Peake qui est monté sur scène, Vincent, qui s’est lâché lousse dans Hocus Pocus de Focus. Il fallait être là pour comprendre ce qui se passait devant nos yeux!

Les membres de Confusion à la toute fin du spectacle / Photo : Olivier Dénommée

Bref, le volume était dans le tapis toute la soirée, à la hauteur d’un bon vieux show dans un bar rock, et le public a bien répondu à l’appel. Le stationnement de la salle de spectacle débordait littéralement et la façon avec laquelle certains se sont parkés était presque une œuvre d’art en soi. À part quelques bavards qui ne pouvaient s’empêcher de se parler fort pendant le spectacle, on a eu droit à un public de grande qualité à Pointe-Valaine, où les gens étaient capables de taper des mains aux les 2es et 4es temps, fait rarissime dans mes expériences récentes. Préparez-vous, ça se pourrait que j’y retourne plus tôt que tard, parce que ce sont des expériences qui sont loin d’être désagréables!


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