Sorti le 29 mars 2024

On avait un peu perdu espoir d’entendre de la nouvelle musique du projet Abandoned Pools de Tommy Walter, alors que le dernier album remontait à 2013, mais ses fans les plus fidèles ont investi de l’argent dans le cadre de campagnes de sociofinancement pour qu’un 5^e album voit le jour. Le résultat : The Haunted House, paraissant en 2024, mais avec un son tout droit sorti du milieu des années 2000.

Précisons tout de suite que ce son nostalgique, qui nous fait instantanément penser à celui entendu dans Armed to the Teeth (paru en 2005), est très loin d’être désagréable. Abandoned Pools frappait le plus fort à ses débuts et on sent qu’il a tenté de revenir à ses racines avec The Haunted House, du moins dans plusieurs des pistes s’y trouvant.

La première piste, Aliens, est un exemple flagrant. La musique, l’énergie, les mélodie… rien n’a pris une ride même si Abandoned Pools a eu le temps d’être rouillé avec les années – on le rappelle, presque 11 ans séparent les 2 sorties les plus récentes sous ce nom. La chanson-titre The Haunted House est aussi à peu près dans le même esprit, mais en version plus explosive (si on oublie la fin très douce), donnant des résultats intéressants, mais un peu inégaux par moments. Il faut dire que Tommy Walter est maintenant dans la cinquantaine et une musique un peu plus modérée lui sied davantage, sans nécessairement perdre tout son mordant.

D’ailleurs, on avait particulièrement apprécié la douce ballade From Long Sleep de son album Sublime Currency, chantée avec brio en duo avec Paris Carney, et on était bien heureux de voir un retour à une chanson un peu plus douce avec une voix féminine, cette fois sous la forme de Under the Stars. Le crédit est partagé avec Rie Sinclair et Oliver The Penguin, mais il se trouve qu’Oliver The Penguin est en fait un projet parallèle commun de Tommy Walter avec Rie Sinclair, misant sur un peu plus de sonorités électroniques qu’Abandoned Pools, bien que l’esprit demeure très similaire. La chanson est d’ailleurs loin de faire tache dans cet album.

S’ensuit ce qui est possiblement la meilleure chanson de tout l’album, Amazing Days qui résume en 4 minutes tout ce qui est bon dans la musique d’Abandoned Pools. C’est nuancé quand il le faut, avec autant des passages inspirés que d’autres qui grincent plus. C’est plus fort que nous, la nostalgie monte à 11 dès que la chanson commence. Dans une moindre mesure, l’ambiguë In Your House crée aussi un effet intéressant entre une musique entraînante et des mélodies au contraire presque berçantes.

Après des morceaux assez solides, le risque est toujours de redescendre et c’est ce qui arrive ici avec Big Eyes, où la magie n’est tout simplement pas au rendez-vous. L’idée n’est pas inintéressante, mais la chanson jure un peu avec le reste de l’album. Puis, Going South tente une chanson débutant en guitare-voix qui ne démarre réellement que vers 1min25. La chanson ne lève pas autant qu’on aurait voulu, mais les refrains sont pourtant excellents. Quant à Only So Many Days, on croirait entendre par moment des mélodies chantées par Billie Joe Armstrong de Green Day, bien que la musique est indéniablement celle de Walter. Il y a une fois de plus des bonnes idées, mais pas au point de nous convaincre complètement. La chanson est aussi juste assez surchargée pour qu’on peine à bien entendre les subtilités entre les instruments.

En fin l’album, on a droit à Compass – 2024 Version, un nouvel enregistrement d’une chanson tirée de Somnambulist, son précédent album. La nouvelle version est un peu allongée avec une production plus intéressante, mais ce n’est à notre avis pas assez pour nous convaincre qu’elle avait sa place dans l’album! Surtout, on n’a pas trop compris pourquoi celle-ci méritait un tel traitement et pas les autres. Bref, ça ne conclut pas l’album The Haunted House avec la force qu’on espérait.

On ne peut pas dire que l’album est très long, un peu moins de 38 minutes pour 9 chansons, mais il aurait certainement punché plus si Walter avait coupé les chansons plus faibles de la liste. D’autant plus que la première moitié de l’opus transpire la nostalgie et les bons flashs! Mais la seconde portion nous a laissé sur notre faim, ce qui est bien dommage et qui mine l’expérience dans sa globalité. Cela ne nous empêche évidemment pas d’apprécier les petits bijoux qui s’y cachent, mais on lui aurait donné une meilleure note si c’était présenté sous la forme d’un EP avec seulement les meilleures chansons. Malgré tout, on se permet d’espérer que la pause d’Abandoned Pools est terminée et que Tommy Walter reviendra plus tôt que tard pour de la nouvelle musique.

L’album est notamment disponible via Bandcamp.

À écouter : Aliens, Under the Stars, Amazing Days

7,4/10

Par Olivier Dénommée