The Flame in the Flood – Bande sonore par Chuck Ragan

Sorti le 31 mai 2016

Le nom de Chuck Ragan ne nous était pas familier jusqu’à ce qu’on entende son travail sur la bande sonore du jeu The Flame in the Flood, un jeu de survie dans un monde post-sociétal que l’on a bien apprécié il y a quelques années déjà. Dans le jeu, le musicien livre à la fois quelques pistes d’ambiance, avec un gros côté folk et country, mais aussi plusieurs chansons très efficaces où il met de l’avant sa voix rauque. Et si on écoute l’album, on pourrait parfaitement ignorer que ça a été fait pour un jeu.

Mettons rapidement en contexte le jeu pour lequel la musique a été créée : la société s’est effondrée et notre personnage, simplement accompagné d’un chien, voyage sur un radeau d’île en île le long d’une rivière pour trouver des ressources pour survivre une nuit de plus face à la faim, la soif, la maladie, la fatigue, les éléments et les bêtes sauvages dans l’espoir de trouver un endroit sûr pour vivre le reste de son existence. Si en jouant, on n’a pas trop le temps de se concentrer sur la musique, il faut reconnaître que Ragan vise juste en mettant de l’avant la guitare acoustique, que l’on associe déjà aux soirées autour d’un feu de camp en pleine nature. Les pistes instrumentales ont aussi l’avantage d’offrir un petit côté incertain, nous rappelant que nous ne sommes pas nécessairement en sûreté dans ce monde. In the Eddy en est un bon exemple, avec une «ombre» en arrière-plan faisant parfaitement le travail. Notons aussi l’efficace mélancolie de Spanish Moss.

Mais là où la musique brille le plus, c’est lorsque Chuck Ragan se met à chanter : la pièce-titre The Flame in the Flood est un parfait exemple, avec une musique qui nous donne du courage et des mélodies fortes qui portent des paroles résumant parfaitement le jeu. Pour nous, il s’agit d’un album entre folk et country, mais il y a aussi quelque chose de très bluesy dans l’émotion portée par le voix du chanteur. Cette piste n’est pas la seule à frapper aussi fort, puisque Gathering Wood vise aussi dans le mille, avec quelque chose d’un peu plus optimiste cette fois, sur la relation très étroite entre le personnage et son chien, son seul compagnon.

Un peu plus loin, Landsick y va d’une chanson folk très énergique qui peut résumer l’expérience du jeu en une ligne chantée avec vigueur : «All I need is moving water to set me free». Et que dire de River and Dale, avec son harmonica qui vole la vedette? Après plusieurs morceaux forts, la minimaliste chanson guitare-voix Long Water nous surprend un peu moins, mais elle nous guide à l’excellente What We Leave Behind, servant aussi de conclusion émotive à cet album.

Même si la bande sonore est créditée à Chuck Ragan, ça ne l’empêche pas de faire quelques collaborations, dont une avec Adam Faucett sur Loup Garou et une autre avec Jon Snodgrass sur Cover Me Gently. La première, un tantinet surchargée, ne nous convainc pas particulièrement, mais la seconde y va d’une ballade country très efficace où les 2 voix offrent un contraste intéressant.

On a hésité à décrire d’entrée de jeu l’album The Flame in the Flood comme une bande sonore, pour la simple raison qu’elle ne sonne pas comme si ça en était une. À part quelques pistes instrumentales, on a droit à de vraies chansons, pour la plupart très inspirées, et sans jamais que ça paraisse forcé pour entrer dans une trame narrative précise. Et il est rare que l’on ait autant de difficulté à sélectionner «seulement» 3 chansons à écouter sur un album de 10 pistes tellement elles peuvent venir nous chercher d’une façon différente. C’est à ce point que Chuck Ragan a été efficace dans ses compositions. Et est-ce que les chansons frappent autant sans avoir joué au jeu? Pas beaucoup moins, dirait-on, car en jouant on n’a que très peu de temps pour véritablement les apprécier de toute façon, passant plus de temps à rager parce qu’on est mort une 4e fois pour une bête erreur qu’à s’attarder à la bande sonore. Le jeu aide à comprendre le contexte, mais les chansons n’ont pas besoin de ce contexte pour toucher leur cible.

Vous pouvez retrouver cette bande sonore sur Bandcamp.

À écouter : The Flame in the Flood, Gathering Wood, What We Leave Behind

8,3/10

Par Olivier Dénommée


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