
Par Olivier Dénommée
Pendant que la scène culturelle pleure et rage contre le sort réservé au cabaret La Tulipe à Montréal, qui a fermé ses portes dans les derniers jours pour une durée indéterminée à cause d’un jugement forçant forçant la salle de spectacle active depuis plus d’un siècle à ne plus faire le moindre bruit qui pourrait nuire au voisinage, il existe en parallèle des belles histoires qu’on peut célébrer. Le 5e anniversaire de la Pointe-Valaine, située au bord du Richelieu à Otterburn Park, a souligné vendredi ses 5 ans d’existence, ce qui n’est pas rien tenant compte qu’il y a eu une pandémie qui a handicapé l’univers culturel tout juste après sa naissance.
Pointe-Valaine – le Centre culturel et communautaire de la Pointe-Valaine de son nom complet – est une petite salle en formule cabaret qui gagne définitivement à être connue sur la Rive-Sud. La qualité sonore rivalise avec bien d’autres endroits du même genre à Montréal, l’énergie est très décontractée et il faudrait être vraiment malchanceux pour manquer de parking pour aller voir un spectacle. Pour y avoir été à quelques reprises ces dernières années (dont la dernière fois à Confusion en avril dernier), je ne suis jamais déçu et je suis toujours surpris de voir les gros noms qui acceptent de passer par une jeune salle méconnue d’une petite ville dont ils n’ont fort probablement jamais entendu parler avant d’y être bookés.
Cela m’amène à la soirée du 27 septembre, une célébration de l’audace et de la résilience de Pointe-Valaine et de son équipe, qui n’ont jamais cessé de croire au potentiel du projet. Et à en juger par la qualité de la programmation qui est annoncée pour la saison 2024-2025, il y a encore beaucoup de belles choses qui s’en viennent dans le futur. Ne soyez pas trop surpris si vous voyez davantage de couvertures de spectacles là-bas dans le futur!
Brad Barr
La soirée d’anniversaire n’était pas qu’une soirée avec des bouchées, des drinks et des discours, mais aussi l’occasion d’assister à un petit spectacle d’un ami de Pointe-Valaine, Brad Barr des Barr Brothers. Le groupe montréalais, qui n’a aucune difficulté à remplir des salles plus grandes, a pourtant été parmi les premiers à accepter de jouer dans cette salle méconnue de la Rive-Sud de Montréal et a tenu sa promesse malgré les reports causé par la COVID-19. Il a aussi souligné au milieu de sa performance qu’il appréciait non seulement le son de la salle, mais aussi le vibe.
On a vu les Barr Brothers à quelques reprises, mais jamais son chanteur et guitariste dans un contexte solo. On a vite reconnu sa signature, un indie folk avec quelques tendances expérimentales, dans un contexte beaucoup plus dépouillé, ce qui marchait aussi bien qu’avec son groupe. Ce qui est fascinant, c’est que même s’il cumule une trentaine d’années d’expérience, Brad Barr se sent encore «comme un débutant» lorsqu’il est pas au côté de son frère Andrew, avec qui il joue dans les Barr Brothers, mais aussi dans leur premier groupe The Slip. Cela a donné une performance solide mais sans prétention de sa part. Barr s’est même mis en danger en prenant les demandes spéciales des employés de Pointe-Valaine avant le spectacle, dont certaines qu’il n’a pas jouées depuis longtemps. On a notamment pu reconnaître des versions dépouillées de certaines des plus belles chansons des Barr Brothers au fil de la performance, concluant son rappel avec Song That I Heard, un véritable bijou folk.
Il aura joué 1h15 environ, concluant avec succès cette belle soirée et donnant le ton pour beaucoup d’autres belles soirées à venir dans la prochaine année. En vrac, mentionnons les passages annoncés de Harry Manx (12 octobre), Karkwa (21 novembre) et Voivod (30 novembre) cet automne seulement.
Plus de détails sur Pointe-Valaine ici.
Toutes les photos : Olivier Dénommée
En savoir plus sur Critique de salon
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.









