First Light – Jónsi

Sorti le 30 août 2024

Si on a écouté quelques albums du groupe islandais Sigur Rós par le passé, on ne s’est jamais penché encore sur la musique solo de son frontman Jónsi, qui a aussi une carrière bien étoffée de son côté. Si le chanteur est notamment reconnu pour sa voix très aiguë, dans son plus récent album First Light, il évite entièrement de chanter pour se concentrer sur des ambiances musicales qui valent le détour dans bien des cas.

Peut-être est-ce parce qu’on a une passe instrumentale dernièrement, mais on a vite accroché à cet album. Flicker ouvre l’album avec un mélange d’ambiances mystérieuses et de sons futuristes. Si on accroche plus ou moins sur certaines sonorités trop présentes, on apprécie davantage le build-up qui se crée subtilement en arrière-plan, avec des cordes qui prennent très tranquillement la place. La pièce change d’ailleurs drastiquement d’énergie dans la deuxième moitié, délaissant les éléments électroniques au profit d’un segment aux tendances classiques très senti et émouvant. S’ensuit la pièce-titre First Light, qui commence très doux, mais gagne vite en intensité, prenant même des airs épiques dignes d’une bande sonore. Les 30 dernières secondes étaient moins nécessaires à notre avis, mais le résultat général n’en demeure pas moins très efficace.

On a ensuite droit à un Green Meadow à savourer les yeux fermés (la pièce aurait pu accompagner la bande sonore du jeu Wingspan et on n’y aurait vu que du feu), puis à Clearing, qui prend son temps. Ce n’est pas un crime, mais il faut attendre à peu près la moitié de la piste avant qu’il se passe réellement quelque chose, ce qui est dommage car l’atmosphère de la deuxième partie est très réussie. Jónsi va davantage droit au but avec la très belle Cherry Blossom, avec le piano comme instrument principal. Et In Plain View est plus courte, mais pas beaucoup moins inspirée.

On apprécie la douceur presque berçante de Wishful Thinking, mais la transition est plus rude avec Forest Trill, beaucoup plus lourde et chargée. L’équilibre entre douceur et tension est mieux respecté dans Undercurrent, même si la pièce aurait bénéficié d’arrangements plus épurés pour laisser la place au piano seulement. Willow, juste après, prend un petit moment avant de démarrer, mais vaut le détour une fois qu’il y arrive, proposant une musique enlevante et épique. Au contraire, Stillness mise sur une simplicité désarmante, qui ne dure malheureusement que très peu longtemps.

Floweret ramène les ambiances électroniques du futur, qui nous laissent plus tiède, pour ensuite aller à Over the Fence, dotée d’une longue montée qui est loin d’être désagréable, mettant bien en valeur les mélodies simples mais efficaces. Enfin, l’album se termine un peu comme il a commencé avec Flutterby, mêlant une fois de plus les sons électroniques et quelques ambiances plus classiques, le tout sur la piste la plus longue de tout l’album. Il aurait quand même été facile de couper 2 minutes à la pièce, selon nous.

Que retenir de First Light de Jónsi? Il nous permet de nous rappeler à quel point l’artiste est multifacettes, lui qui n’a pas eu à ouvrir la bouche une seule fois pour nous en mettre plein les oreilles au fil des 48 minutes de musique qu’il nous propose. Sans être parfait, l’album contient bien peu de mauvais passages et on sent qu’on pourra aisément l’écouter en boucle dans différentes de circonstances. L’année n’est pas finie, mais cette sortie est aisément parmi nos coups de cœur de musique instrumentale parus en 2024.

À écouter : Cherry Blossom, Wishful Thinking, Over the Fence

8,3/10

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.