CHRONIQUE : Déjà 10 ans de Kroy!

Kroy / Photo : Lawrence Fafard

Par Olivier Dénommée

Voilà qui devrait tous nous vieillir un peu : Camille Poliquin a lancé Birthday, son premier EP sous le nom de Kroy, il y a 10 ans déjà. Cela semble aujourd’hui lointain, même si elle n’a depuis lancé que 2 albums studio, dont Militia paru cet été. Cette réalisation m’est venue au cours de son spectacle présenté au Zaricot de Saint-Hyacinthe le 12 octobre, où elle venait défendre son nouveau matériel, mais aussi revisiter le reste de sa carrière solo.

J’ai perdu le compte du nombre de fois que je l’ai vue en spectacle depuis 2016. C’était au moins la 4e, possiblement la 5e fois que je voyais Kroy en live, et le même constat revient chaque fois : derrière son persona hyper sombre et à l’apparence inapprochable, la chanteuse et musicienne est comme une enfant qui s’amuse sur scène et toujours profondément touchée de l’amour de son public. Même s’il n’y avait (malheureusement) pas foule au Zaricot, l’artiste était en pleine forme et son public aussi. Ce dernier s’est assuré de compenser pour les absents en doublant son énergie, ce qui a été visiblement apprécié par Camille Poliquin.

Si Militia a vu le jour il y a quelques semaines, Kroy n’a pas encore eu le temps de beaucoup le défendre en spectacle; elle a fait comprendre qu’elle était toujours stressée d’interpréter ces nouvelles chansons devant public, même si l’exécution était non loin d’être impeccable. On retrouvait d’ailleurs ses deux collaborateurs de longue date, Charles Blondeau à la batterie et Guillaume Guilbault aux claviers. Rien à redire, ils ont bien transposé l’énergie du studio à la scène. Le début du spectacle était peut-être un peu doux à mon goût, mais il a servi à créer le build-up menant aux parties plus explosives du show. Satin Satan pour ne nommer que celle-ci est tout aussi incontournable sur scène que sur album.

Puis est venue la section «nostalgie» du spectacle, où les musiciens ont revisité les chansons de Scavenger, voire Birthday de son EP du même nom. J’ai beaucoup, beaucoup écouté Scavenger par le passé et les chansons sont désormais bien imprégnées dans ma mémoire, ce qui a rendu plus difficile d’accepter certaines interprétations qui s’éloignaient de la version originale ou même celle jouée en live il y a 6 ou 7 ans, mais qui a amené la chanson ailleurs pour le mieux dans d’autres cas. J’ai personnellement trouvé qu’on perdait certaines nuances dans les vieilles chansons (particulièrement sur Bones, ma préférée de longue date de Kroy), possiblement parce que le trio a consacré davantage d’énergie récemment à perfectionner les nouvelles et que l’esthétique de Kroy a quelque peu évolué avec les années, ce qui se comprend. Je note quand même sa nouvelle version de Cold, qui est presque devenue une toune de club, une approche qui est loin d’être inintéressante!

Avec seulement 2 albums studio, Kroy n’avait évidemment pas de matériel pour jouer 2 heures et plus, mais Saint-Hyacinthe aura eu droit à environ 1h15 de musique (rappel inclus), dont l’essentiel de ses incontournables. J’ai même eu le temps de lui jaser quelques minutes à la fin du spectacle. Toujours incroyablement humble comme artiste malgré une carrière très florissante avec son duo Milk & Bone, ça reste dur à croire que cela fait plus de 10 ans qu’elle fait cela, notamment parce qu’elle n’a pas l’air de vieillir du tout et parce qu’elle semble avoir le même plaisir presque juvénile de monter sur scène et juste s’amuser à jouer sa musique. Souhaitons-nous de la revoir plus tôt que tard sur scène!


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