Sorti le 25 octobre 2024

Depuis qu’on a écouté son album Red il y a plus de 10 ans déjà, on est en amour avec la magnifique voix de Diana Panton. La chanteuse jazz de Hamilton en Ontario est plutôt prolifique et a lancé en 2024 Soft Winds and Roses, un album où elle propose ses interprétations souvent feutrées de chansons intemporelles, en compagnie de l’arrangeur et multi-instrumentiste Don Thompson et du guitariste Reg Schwager.

C’est par ailleurs directement avec Your Song d’Elton John que Diana Panton ouvre son album. Simplement accompagnée du piano, elle ne tente pas d’imiter le côté flamboyant de l’artiste original, misant simplement sur la beauté de la mélodie, et il faut dire que ça fonctionne! Elle est suivie de (They Long to Be) Close to You, morceau composé par Burt Bacharach repris à plusieurs reprises depuis les années 60, y allant d’une interprétation sucrée de la part de la chanteuse. En plus du piano et de la guitare, le vibraphone ajoute une très belle touche à cette version.

Secret Heart est particulière dans l’album, elle qui reprend une chanson de Ron Sexsmith, un autre Ontarien, et parce que c’est là que Panton se montre la plus vulnérable vocalement, particulièrement à autour du milieu de la chanson. C’est une facette qu’on n’a pas souvenir d’entendre très souvent de sa part, mais qui se prend très bien ici. Elle reprend ensuite Sweet Happy Life, un standard brésilien, dans une version énergique tout en restant dans le ton de l’album. A Wish (Valentine), ballade sentimentale créée par Fred Hersch et Norma Winstone, reprend cette dynamique avec un duo piano-voix berçant. Elle s’attaque à un autre monument de la chanson qu’est How Deep Is Your Love des Bee Gees, mais mise sur une version toute en douceur, parvenant à nous faire entendre des nuances qu’on ne soupçonnait pas nécessairement dans la version originale!

Les observateurs auront remarqué que le titre de l’album est tiré de la chanson Pussywillows, Cat-Tails de Gordon Lightfoot, autre monument canadien, y allant ici d’une interprétation feutrée, mais en gardant un subtil côté solennel à la chanson malgré l’instrumentation plus limitée. On passe ensuite à une reprise de Here, There and Everywhere des Beatles, misant efficacement sur la simplicité. On revient ensuite à la bossa avec You and I (Voce E Eu), une interprétation toujours agréable, mais qui ne se démarque pas autant des autres versions qu’on a pu entendre.

Poursuivons avec And I Love You So, où Diana Panton offre sa version quelque peu ralentie, mais très sentie émotivement, de la composition de Don McLean. Quant à Until It’s Time for You to Go, elle part d’une version originale extrêmement dépouillée de Buffy Sainte-Marie pour en faire un morceau berçant à souhait qu’elle a bonifié, doublant sa longueur! Et un album de reprises serait incomplet sans la présence d’au moins une chanson de Leonard Cohen! Diana Panton offre sa version de Hey, That’s No Way to Say Goodbye, commençant a capella, donnant une certaine charge émotive à son interprétation. Elle nous livre ensuite une interprétation très feutrée de Snow (composition de Randy Newman), menant à la finale de l’album, Both Sides Now de nulle autre que Joni Mitchell. Contrairement à l’originale, le ton ne monte pas vers la fin, se maintenant à une interprétation très modérée qui permet de simplement apprécier les mélodies.

Depuis des années, quand on pense à un album parfait à écouter en vue de la Saint-Valentin par la beauté de la voix et de ses arrangements, on a l’album Red de Diana Panton en tête. Voilà qu’on est en train de considérer que Soft Winds and Roses pourrait même le détrôner, lui qui s’écouterait parfaitement dans un tel contexte, avec un album doux de façon assez égale, tout en restant toujours très senti dans l’interprétation. La chanteuse n’a pas besoin de livrer un jazz flamboyant pour nous toucher, et maîtrise parfaitement ce registre. À travers cet album d’un peu moins d’une heure, on peine à trouver de véritables faiblesses et si vous connaissez et aimez déjà la musique de Diana Panton, on ne voit aucune raison de ne pas aussi adorer cette sortie, qui s’écoute franchement bien surtout en fin de soirée.

À écouter : Your Song, How Deep Is Your Love, Pussywillows, Cat-Tails

8,2/10

Par Olivier Dénommée