Sorti le 8 novembre 2024

On ne connaissait pas encore le projet Piglet de l’Irlandais Charlie Loane avant tout récemment, jusqu’à ce qu’on tombe sur son EP For Frank Forever. Cela nous a fait découvrir une musique indie rock souvent inspirée avec des thèmes assumant leur fort côté LGBTQ (Loane est ouvertement transgenre). Si on ne fait pas partie de cette communauté, on de permet tout de même d’apprécier dans les réflexions de Piglet.

For Frank Forever est aussi très personnel dans la mesure où il est dédié à un certain Frank (aussi connu sous le nom de Trib), décédé quelques mois auparavant. L’album en profite aussi pour dénoncer le capitalisme et l’échec systémique pour les personnes marginalisées, tout un contrat pour un EP de 22 minutes!

Le disque ouvre sur la chanson-titre For Frank Forever, assumant les sentiments de l’auteur-compositeur-interprète sur la réalité trans. Il y une certaine poésie dans les paroles qui (un peu) place à l’interprétation, mais c’est beaucoup plus direct dans le 2^e couplet : «Every trans suicide is a murder when you think about it», chante Piglet. Au-delà des thèmes, la construction de la chanson est très accrocheuse malgré des passages plus tendus. C’est assez efficace! La suivante, White Knuckles, est le premier extrait du EP et traite de la situation complexe où on sent qu’on doit s’échapper d’une relation toxique, un sujet bien plus universel qu’on voudrait se l’avouer. La chanson contient quelques bons éléments, mais n’ont pas la même magique que For Frank Forever, doit-on reconnaître.

On s’adoucit ensuite complètement avec Scoop, prenant presque des airs de chant traditionnel celtique. La collaboratrice Caitlin Power est aussi bien mise de l’avant, livrant une chanson à 2 voix assez sentie, bien que pas aussi épique que d’autres compositions. On se reprend toutefois assez vite avec Dancing with Ayesha, de retour à un indie rock énergique et convaincant, parmi les moments fort du EP. L’énergie redescend toutefois aussitôt avec The Square, la finale du disque, mais propose tout de même un certain build-up pour conclure avec davantage de force. Précisons que la chanson dure plus de 7 minutes, ce qui laisse malheureusement place à quelques petites longueurs ici et là. Rien de tragique, mais on apprécie davantage les chansons plus punchées, c’est certain, et on imagine qu’il aurait été possible d’arriver au même effet en un peu moins de temps!

Il arrive parfois qu’on se sente imposteur d’apprécier un album qui n’est a priori pas du tout adressé à nous, mais comme on se plaît encore à le dire, de la bonne musique ça reste de la bonne musique. Le EP For Frank Forever semble donc viser avant tout un public à l’image de Charlie Loane, mais notre amour pour une musique indie rock bien amenée sans devenir prévisible nous a donné envie de l’écouter en boucle. Ce n’est même pas que le EP est parfait, loin de là, mais le dosage musical généralement réussi et la sincérité du propos de Piglet nous ont convaincu à plusieurs moments. Amateurs de musique indie, une bonne écoute s’impose.

Cette sortie est disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : For Frank Forever, Dancing with Ayesha

7,8/10

Par Olivier Dénommée