The Book of Taliesyn – Deep Purple

Sorti en octobre 1968

On aime se tenir autant à jour que possible avec les nouveautés musicales, mais parfois c’est aussi important de revenir aux bases et aux classiques. C’est dans cet esprit qu’on a décidé de dépoussiérer The Book of Taliesyn, 2e album du groupe britannique Deep Purple paru en 1968 avec une oreille de 2025, soit avec un petit 57 ans de recul!

L’histoire derrière l’album est, en elle-même, très intéressante. Le groupe était encore essentiellement inconnu au Royaume-Uni, mais avait connu un succès surprise quelques mois plus tôt du côté nord-américain. L’enregistrement de The Book of Taliesyn a été fait à peine 3 mois après la sortie du premier album de Deep Purple, avant une tournée américaine. Vu les délais très courts, la formule est assez simple : 7 pistes, dont 4 compositions et 3 reprises, sur une musique entre hard rock, rock progressif et rock psychédélique.

L’album ouvre sur Listen, Learn, Read On, qui nous fait réaliser que le Deep Purple des débuts fait beaucoup penser à The Doors. On doit notamment cela à l’orgue Hammond bien présent de Jon Lord, mais aussi à l’effet dans la voix de Rod Evans. Elle est suivie d’une pièce instrumentale, Wring That Neck, qui met de l’avant l’orgue, mais aussi la guitare de Ritchie Blackmore. Cela ressemble plus à un jam de 5 minutes enregistré en studio qu’à une véritable composition, mais ça fait son effet!

S’ensuivent 2 reprises : Kentucky Woman (de Neil Diamond), qui propose une version entraînante avec son lot de nuances en montagnes russes, et Exposition/We Can Work It Out (des Beatles). Cette dernière n’est pas inintéressante, au contraire (incluant la longue intro qui vaut le détour), mais certains segments du refrain nous convainquent moins, donnant l’impression que l’interprétation est faite de façon trop nonchalante. C’est tout de même dommage parce que la version dure quand même 7 minutes et seules ces parties nous donnent l’impression de manquer d’effort!

De retour au matériel original, Shield propose une chanson relativement feutrée mais avec un certain build-up. C’est sympathique, mais sans vraiment plus. La suivante, Anthem, est particulière à nos oreilles parce que même si c’est la première fois qu’on l’entend, on a l’impression de la connaître tellement elle fait penser à ce qu’enregistrera Robert Charlebois quelques années plus tard. Comme quoi tout le monde semble finir par s’influencer! Et si la composition comporte plusieurs segments assez différents, ils sont presque tous aussi solides les uns que les autres et ont assez bien vieilli. L’album se termine sur River Deep, Mountain High (de Ike & Tina Turner), avec une longue version de plus de 10 minutes! La reprise est intéressante, mais c’est dur de surpasser l’originale qui avait aussi l’avantage d’aller droit au but!

C’est dur d’imaginer aujourd’hui que Deep Purple passait encore pour un petit groupe underground dans son propre pays au moment d’enregistrer The Book of Taliesyn, mais c’est utile de se rappeler qu’avant de devenir de gros noms, ils ont effectivement commencé en bas de l’échelle. On ne peut pas dire qu’on était familier avec les chansons de cet album – d’autres chansons ont davantage marqué l’imaginaire collectif plus tard dans l’histoire du groupe –, mais on entend le son très marqué de la fin des années 60, et qui a visiblement continué de résonner par la suite. Si l’album est bon sans être magistral, la nostalgie qu’il éveille fait tout de même franchement bien son effet.

Version remastérisée

Plus tard, l’album a eu droit à une version remastérisée sur CD, avec en prime 5 pistes supplémentaires, prolongeant le plaisir. On y a droit à des out-takes en studio ou à des enregistrements en live à BBC Top Gear, en 1969. Cela mène la durée totale de l’album à 65 minutes.

Deep Purple a enregistré Oh No No No (une reprise de Mike Condello), mais ne l’avait jamais lancée, et on se demande franchement pourquoi parce que la version rend justice à la composition originale et la surpasse même sur divers aspects. S’ensuit It’s All Over (BBC Top Gear Session) (interprétée à l’origine par Ben E. King), dans une version méconnaissable. Dommage, la qualité de l’enregistrement est loin d’être impeccable, ce qui nuit quelque peu à notre appréciation.

Les 3 dernières piste sont toutefois des composition originales de Deep Purple : Hey Bop a Re Bop (BBC Top Gear Session), morceau chargé et intense, mais pas particulièrement mémorable, Wring That Neck (BBC Top Gear Session), une autre version de la même pièce entendue plus tôt, mais avec un moins bon enregistrement (!) et, enfin, Playground (Remixed Instrumental Studio Out Take), morceau instrumental où les musiciens ont simplement du plaisir! Le plaisir a au moins l’avantage de se rendre jusque dans nos oreilles, ce qui est un bon coup!

C’est évidemment toujours une question de préférence, mais dans notre cas, on a généralement peu d’amour pour les versions live de chansons, même quand la qualité d’enregistrement est bonne. Dans ce cas-ci, elles ne sont pas particulièrement agréables à écouter, surtout quand on compare aux versions studio des chansons présentes autour. Cela reste quand même une façon d’écouter des versions rares de chansons parfois oubliées de Deep Purple, alors on peut comprendre l’intérêt de les inclure malgré leurs imperfections!

À écouter : Listen, Learn, Read On, Kentucky Woman, Anthem // Bonus : Oh No No No

7,4/10

Par Olivier Dénommée


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