
Sorti le 28 mars 2025
Il se peut qu’on ait une relation ambiguë avec Mumford & Sons : systématiquement, chaque album qu’on a écouté du groupe folk-rock britannique, on a été plus sévère qu’avec le précédent, ce qui est tout particulièrement le cas avec Delta (2018). Mais 7 longues années ont passé et un membre a même quitté avec que Mumford & Sons revienne avec un 5e album, Rushmere. On a décidé de voir de quoi il en retournait.
Déjà, entendons-nous : même si le groupe est un «trio», en studio beaucoup d’autres musiciens s’ajoutent toujours, contribuant à des arrangements toujours très complets. Et même si on n’a pas vraiment réécouté de Mumford & Sons depuis des années, on reconnaît aussitôt la voix du chanteur Marcus Mumford, probablement la marque de commerce inébranlable du groupe malgré les changements de direction au fil des années. On se retrouve donc assez vite nos repères dans la première piste, l’extrait Malibu, contenant un long build-up. Au contraire, Caroline est beaucoup plus simple et directe dans son approche, mais frappe par l’efficacité de ses mélodies.
S’ensuit la chanson-titre et le lead single de l’album, Rushmere. Celle-ci nous ramène dans le temps, notamment à l’époque de Babel où le banjo était encore l’instrument de choix du groupe. Le tout, sans sacrifier les mélodies senties qui ont fait la renommée de Mumford & Sons. On aurait certainement pris d’autres chansons de cet acabit dans ce nouvel album! On s’en va par la suite vers la douceur de Monochrome, une proposition intéressante, mais qui manque de lignes véritablement mémorables. Truth tente ensuite quelque chose de plus rock, avec des résultats mitigés selon nous : malgré plusieurs bons segments, on ne peut s’empêcher de trouver les arrangements forcés par moments, particulièrement du côté de la guitare électrique.
On arrive à un bout plus doux de l’album : Where It Belongs rattrape les faiblesses de Monochrome avec une chanson émotive très réussie, alors que Anchor l’est un tout petit peu moins. Cette dernière tente un petit crescendo pour compenser, mais il semble décidément manquer quelque chose pour frapper davantage. Il nous semble douteux d’avoir mis 2 chansons douces collées ici, ce qui n’a pas servi la seconde. Mais comme on aime voir le verre à moitié plein, cela ne fait que mettre davantage de l’avant la suivante, Surrender, selon nous une des chansons les plus puissantes de l’album avec une longue montée menant à un refrain particulièrement contagieux.
La seule collaboration de l’album est sur Blood on the Page, avec Madison Cunningham. Cela donne une chanson très vocale et quelque peu tendue. Elle n’est pas désagréable, mais elle ne livre pas des mélodies aussi fortes qu’on aurait souhaité. Le dernier mot revient à Carry On, typique ballade folk concluant le tout avec douceur et émotion. On imagine aisément le groupe conclure avec cette chanson en spectacle, ce qui pourrait donner un beau moment de communion.
Vous l’aurez bien compris, l’album Rushmere est loin d’être parfait. Il contient à la fois des passages très inspirés, d’autres beaucoup moins et son lot de prévisibilité. Mais ses bonnes chansons sont bonnes pour vrai, ce qui aide à compenser pour les maillons plus faibles. Et comme l’album ne dure que 34 minutes, on se voit mal de conseiller de couper encore plus dans le gras pour aller à l’essentiel. Cela n’empêche bien sûr pas de garder ce qu’on aime de cet album, loin d’être désastreux même s’il n’a plus nécessairement la magie des débuts.
À écouter : Rushmere, Where It Belongs, Surrender
7,3/10
Par Olivier Dénommée
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