
Sorti le 26 novembre 2002
Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas poursuivi notre série de la discographie du groupe nu metal System of a Down (ou SOAD), ayant précédemment parlé de Toxicity, alors on reprend là où on a laissé avec Steal This Album!, opus au titre ironique paru l’année suivante.
Pour ceux qui l’ont oublié (ou qui étaient juste trop jeunes en 2002), le titre vient du fait que les chansons se sont retrouvées sur Internet avant que le groupe ne soit prêt à les lancer. On reconnaît donc tout l’humour du groupe ici. Notons que les chansons existaient sous une forme ou une autre au moment d’enregistrer Toxicity, mais qu’elles n’ont pas été retenues pour une question de «continuité», selon la page Wikipédia de l’album. Certains ont comparé cet album à une compilation de B-Sides, des chansons secondaires, mais plusieurs personnes, dont les membres de SOAD eux-mêmes, considèrent que cette sortie est leur album préféré! Plus de 22 ans plus tard, qu’en est-il?
Déjà, abordons l’éléphant dans la pièce : l’album ne contient pas de chansons devenues aussi mythiques que les Toxicity, Chop Suey!, B.Y.O.B. ou, a-t-on envie d’ajouter, Lonely Day. C’est donc du pur System of a Down, qui ne cherche pas à tout prix à séduire à un plus large public que sa base fidèle.
Ça ne prend que quelques secondes dans Chic ‘N’ Stu pour nous confirmer qu’on a bel et bien affaire à du SOAD sans compromis, avec une musique pleine de surprises et des paroles parlant à la fois de santé mentale et de… pizza? On s’entend, ce genre de chansons plaît à un auditoire très précis du groupe, mais personne n’est surpris qu’elle ne soit pas restée dans les annales! En revanche, Innervision appuie sur les bons boutons avec une musique juste assez intense, autant au niveau de la musique que des paroles. La suivante, Bubbles, met de l’avant le talent du chanteur et musicien Arto Sedraki Tunchboyachyan, un collaborateur occasionnel du groupe, mais à part ça, la chanson n’a pas grand-chose digne de mention.
Boom! nous laisse des sentiments partagés : ça manque décidément de subtilité dans cette piste d’à peine plus de 2 minutes, mais on n’a pas le choix de dire que ça fonctionne quand même plutôt bien dans le contexte. Et si on revient à 2002, le propos critique de la guerre devait faire particulièrement mal! Ce n’est certainement pas la meilleure composition, mais ses paroles n’ont pas pris une ride depuis. Mais on a des réserves sur certains choix artistiques de Nüguns, qui aborde pourtant un autre sujet très pertinent. Par contre, peut-être qu’A.D.D. (American Dream Denial) est encore plus vraie aujourd’hui qu’à l’époque de son écriture, ce qui n’est pas peu dire!
Malgré ses paroles ambiguës, on peut décoder que Mr. Jack est une chanson sur l’abus de pouvoir de la police, thème malheureusement assez universel aux États-Unis. Elle est suivie d’une chanson aux paroles particulièrement difficiles à chanter, I-E-A-I-A-I-O, inspirée d’une rencontre d’un membre du groupe avec David Hasselhoff. Disons que c’est déjà plus léger comme thème! Elle est suivie de la brève (mais intense) 36, qui dure toutefois 46 secondes! S’ensuit Pictures, morceau peu nuancé qui a toutefois l’avantage de presque parfaitement avec Highway Song, un morceau qui n’est pas sans rappeler les meilleurs éléments de Chop Suey!, quoique si on a déjà l’original, c’est risqué d’arriver avec une proposition aussi similaire!
On peut toujours compter sur SOAD pour avoir une chanson titrée Fuck the System, et y ajouter des onomatopées presque joyeux. C’était peut-être pour dédramatiser le sujet, mais ça n’a probablement pas vraiment aidé à la chanson à long terme! Quant à Ego Brain, on opte pour une chanson plus lente, et avec son lot de lourdeur, mais plutôt efficace. La suivante, Thetawaves, peine à se démarquer du reste du lot, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’on ressent la fatigue d’un album avec trop de chansons (c’est la piste 14 sur 16), mais elle s’enchaîne avec Roulette, le morceau le plus doux et émotif de tout l’opus, optant pour une proposition acoustique avec même des cordes pour l’occasion! Le dernier mot revient donc à Streamline, revenant une dernière fois à l’intensité en montagnes russes typique du groupe.
Que dire de plus sur Steal This Album!? Il arrive à peine plus d’un an après le plus-que-solide Toxicity, mais sans les classiques instantanés. Ce n’est pas qu’il ne contient pas du bon matériel, au contraire, mais force est d’admettre que cette sortie s’adresse avant tout aux inconditionnels de System of a Down, qui n’ont certainement pas besoin de lire ce texte pour les convaincre d’aller écouter (ou réécouter) ces chansons qui résonnent dans certains cas plus que jamais aujourd’hui.
À écouter : Innervision, A.D.D. (American Dream Denial), Roulette
7,7/10
Par Olivier Dénommée
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