
Sorti le 8 novembre 2024
Dire que le Français Philippe Katerine est tout un personnage serait un véritable euphémisme. Le chanteur sait se faire remarquer pour différentes raisons et a fait paraître, à l’automne 2024, un album intitulé Zouzou. Avec un petit décalage, on a décidé de s’y attarder.
Zouzou peut vouloir dire beaucoup de choses, mais c’est avant tout le nom de son chien, qui apparaît sur la pochette. Même si Katerine est dans la mi-cinquantaine, il n’a rien perdu de son côté extrêmement décalé et de son auto-dérision, abordant des thèmes plus «intimistes» (pour du Philippe Katerine, on s’entend) sur des musiques plutôt variées. L’artiste nous convie, à travers 46 minutes bien compactes, à le suivre dans une journée «banale».
Et la journée commence avec énergie avec Sous mon bob, en référence au chapeau qu’il porte aussi sur sa pochette. Mais c’est évidemment textuellement qu’il se démarque le plus avec des lignes comme «Fou de vous, fou de nous, fou de toi, fou de moi / Fujita, foudroyer, fous-moi le camp / Fouille anale, futuna, foulard Dior». Le Philippe Katerine plus intime fait sa sortie avec Père (toujours est-il), aux arrangements laissant place à davantage d’émotions, même si le chanteur va un peu dans toutes les directions, fidèle à ses habitudes. Avec la festive Joyeux anniversaire (c’est concept!), Katerine ouvre en disant «J’ai des poils blancs sur les testis», mais ne cache pas son bonheur de s’être rendu à son âge de plus en plus vénérable. La proposition est ridicule, mais arrive aussi étrangement à point! Vraisemblablement aussi en référence à son âge, il poursuit avec Que deviens-tu?, une ballade émotive où il chante à… sa verge.
Total à l’ouest bifurque du côté du reggaeton (bleh!), mais on garde plutôt en mémoire la suivante, la chanson-titre Zouzou, où Katerine nous impressionne avec un mélange de segments plus orchestraux et d’autres surchargés en intensité. Les segments où il appelle son chien ne sont pas nécessairement nos préférés, mais l’ensemble de l’œuvre est somme toute très efficace! La suite ne lève toutefois pas autant… Bonifacio et Chez Philou (el Café bar) (malgré son côté plutôt intimiste) ne nous restent pas autant en tête. Frérot est parmi les exceptions avec une construction qui fait un peu sourire. On a ensuite droit à la très brève Angelos Intermezzo, qui se moque de Philippe Katerine, puis de La chanson d’Edie, une collaboration avec sa fille Edie Blanchard (c’est bon de rappeler que Blanchard est le vrai nom de Katerine!), qui a des talents d’imitatrice pour certaines chanteuses pop françaises. L’imitation est assez convaincante, mais après quelques écoutes, on a fait le tour.
On a droit à un Philippe Katerine philosophe le temps de Comme disait ma petite sœur, où il relate des phrases que disaient certains membres de sa famille sur une musique assez sympathique. On revient ensuite à des chansons avec des bonnes idées, mais qui ne lèvent pas autant que les meilleures chansons de l’opus. On pense à Dormir en cuillère, Sous la couette ou encore Une chambre à moi (cette dernière contient un petit segment de saxophone qui fait sourire, mais sans plus). Nu offre une réflexion pertinente (pour du Philippe Katerine, bien entendu), nous menant à la conclusion de l’album, Cinéma, morceau orchestral et même un peu émotif qui nous rappelle que le cinéma nous survivra après notre disparition.
L’album Zouzou s’écoute assez bien, on ne peut le nier, mais on trouve toujours difficile de pleinement apprécier un album aux tendances humoristiques lorsque les bonnes chansons sont trop mal réparties. Dans ce cas-ci, les chansons fortes sont essentiellement toutes concentrées dans les premières minutes, ce qui rend un peu plus laborieux le reste de l’écoute, et ce, même si l’opus contient son lot de bons passages ici et là. Un album un peu plus court et mieux réparti aurait été plus efficace selon nous, même si on comprend ceux qui sont en admiration envers ce disque qui a beaucoup fait réagir à sa sortie. On l’a toutefois assez écouté pour un moment!
À écouter : Joyeux anniversaire, Zouzou, Comme disait ma petite sœur
6,8/10
Par Olivier Dénommée
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