Voyages (& autres histoires) – Guy Bélanger

Sorti le 9 juin 2023

On apprécie beaucoup l’harmoniciste et chanteur de blues Guy Bélanger, qui semble systématiquement livrer une musique chargée et sentie. En attendant son nouvel album à venir dans les prochaines semaines, on est revenu sur son 7e album, paru en 2023, Voyages (& autres histoires), qu’on peut voir comme un hommage au cinéma avec des pièces souvent très imagées.

Bélanger et ses musiciens ne perdent pas de temps et nous amènent dans le sud des États-Unis le temps de l’instrumentale Bayou’s Ride, décidément une parfaite toune de canicule. Elle est suivie d’une sensuelle Do I Move You, avec la très solide Sylvie DesGroseilliers à la voix, puis de Kilimandjaro, morceau à la fois atmosphériques aux accents africains qui devient aussi très émouvant avec les lignes d’harmonica de Guy Bélanger. Il s’agit de la pièce la plus longue de l’album, ce qui explique que les musiciens se soient gâtés avec différentes ambiances, mais on imagine qu’une version centrée sur le côté plus émotif aurait été encore plus efficace.

On nous ramène ensuite à l’ère swing avec Duck Soup, puis au blues groovy avec How Do You Do It, laissant place à Alec McElcheran à la voix. Bélanger brille particulièrement dans la sentie Nieve, de même que dans la ballade No One Else, nous rappelant ici qu’il est presque aussi bon au micro qu’à l’harmo. L’interprétation instrumentale de I Can’t Make You Love Me vise aussi particulièrement dans le mille.

On revient au blues pur le temps de King Bee, où on remarque certaines similarités dans la voix de Bélanger avec celle de Jordan Officer, autre musicien qu’on suit depuis des années. Elle nous mène à The Sun Will Rise, possiblement la chanson qui nous happe le plus de cette sortie. Cinématographique dans son enrobage, chaque note contribue efficacement à l’émotion véhiculée. C’est décidément une pièce qui nous fait du bien chaque fois qu’elle joue dans nos oreilles et on est surpris de constater qu’elle est pourtant loin d’être parmi les plus écoutées de l’opus! La finale revient toutefois à Nanette Workman qui prête sa voix sur Au bout du chemin.

On parle ici d’un album de tout près de 50 minutes, et pourtant on a presque l’impression qu’il est trop court tellement il s’écoute bien! Voyages (& autres histoires) porte vraiment bien son nom dans la mesure où on voyage d’une piste à l’autre dans l’univers unique de Guy Bélanger et de ses collaborateurs. Mais, malgré la diversité qu’on nous offre ici, on se permet d’avoir un faible pour les chansons instrumentales imagée, qui laissent toute la place à notre imaginaire pour la suite. Bref, une autre excellente proposition de ce pilier du blues québécois, qui nous permet de patienter d’ici sa prochaine offrande.

À écouter : Nieve, I Can’t Make You Love Me, The Sun Will Rise

8,4/10

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.