Kantos – Kishi Bashi

Sorti le 23 août 2024

Même le dernier album qu’on a écouté de l’artiste américain d’origine japonaise Kishi Bashi remonte à 2019 (l’excellent Omoiyari), on s’est promis de revenir à sa musique un de ces jours. À un peu moins d’un an de l’anniversaire de sortie, on s’intéresse ici à son 5e album Kantos, qui ose énormément.

On était tombé en amour avec les arrangements puissants de plusieurs chansons de Omoiyari, mais on a vite dû faire un deuil ici, puisqu’il va dans toutes les directions. L’intro Violin Akai crée quelques espoirs d’une musique orchestrale, mais la 2e moitié tombe plutôt dans une musique synthétique dansante. Sans être la même chose, cela nous rappelle les albums plus audacieux de Chilly Gonzales, lui aussi un caméléon musical. S’ensuit Chiba Funk (le titre vend un peu la mèche du style musical!), qui rentre pas mal au poste, mais pas sans inclure un passage plus folk-rock vers la fin. Une fois qu’on se fait à l’idée, la chanson est très réussie!

Late Night Comic offre quelque chose de plus aérien, surtout vocalement, avec des claviers un tantinet «quétaines» entendus une bonne partie de la chanson (à partir de 1min35). Mais encore une fois, on change de style et d’énergie à quelques reprises, et on doit reconnaître que les bons passages supplantent aisément les moins solides. Quant à Colorful State, on nous fait croire à un style particulier pendant près d’une minute avant de vraiment commencer et devenir une des incontournables de l’album avec sa musique aussi énergique qu’épique par moments.

Escape from Knossos propose une des pistes les plus puissantes de l’opus, mais elle a l’énorme défaut de ne durer qu’un maigre 1min47. On ne peut donc s’empêcher de la classer parmi les interludes entre 2 «vraies» chansons tout en rêvant un jour d’entendre une version plus longue de cette composition! La suivante est Icarus IV, qui nous surprend cette fois avec l’impression qu’on a presque affaire à une musique de jeu vidéo, du moins dans les arrangements. Mention aux voix qui font un peu penser à du Foster the People et à un segment qui nous rappelle Queen. Après une brève Hollywood Intermission de 30 secondes à peine, on retourne au jazz funky avec Lilliputian Chop. Si la chanson n’est pas mauvaise en soi, on serait totalement incapable de deviner que c’est une chanson de Kishi Bashi si on l’écoutait en dehors du contexte de cet album!

On se permet une sympathique petite incursion en Amérique latine avec Analógico Brasil, suivie de l’entraînante Make Believe, en collaboration avec Linqua Franqa qui fournit un segment de rap dans la seconde moitié. C’est une question de préférence, mais on considère que cet ajout n’était pas nécessaire dans une chanson autrement déjà solide. Kishi Bashi s’adoucit avec Call It Off, et il le fait de bien belle façon. L’album se conclut sur Tokyo Love Story (Love Story Wa Totsuzen Ni), thème d’une émission qu’on ne connaissait pas, mais que l’artiste s’approprie assez naturellement. Mine de rien, ces 40 minutes se sont écoulées très rapidement!

Est-ce que l’album Kantos de Kishi Bashi ressemblait à ce à quoi on s’attendait? Absolument pas! Même après de longues écoutes, on trouve que l’album renferme son lot de surprises qui le rendent particulièrement difficile à résumer. Sans être un coup de cœur instantané, il nous propose une musique très solide qui n’a pas pris une ride un an plus tard (on lit que le thème de l’album est la crainte de la fin du monde, une peur disons très justifiée ces temps-ci, mais que l’album se veut profondément joyeux en même temps) et il vaudrait la peine de prendre le temps de l’apprivoiser si ce n’est pas déjà fait.

Vous pourrez trouver cet album sur Bandcamp.

À écouter : Late Night Comic, Colorful State, Call It Off

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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