
Sorti le 24 octobre 2025
Il nous semble qu’on a rarement autant entendu parler de la musique de Lily Allen que lorsqu’elle a lancé son 5e album, West End Girl, cet automne. Il faut dire qu’à sa sortie il est ressorti les rumeurs d’infidélité de son mari David Harbour, et les thèmes abordés par cet album n’ont évidemment fait qu’accentuer les discussions. On peut qualifier cet album d’autofiction sur ce que Lily Allen a vécu, mais heureusement, l’album ne sert pas qu’à régler des comptes et il contient des compositions pop parfois assez inspirées.
Il faut aussi dire qu’il s’agit du premier album d’Allen depuis 2018, marquant une assez longue pause pour l’artiste qui aurait eu de la difficulté à trouver l’inspiration pour de la nouvelle musique… jusqu’à ce que le sujet s’impose à elle, apparemment! Comme on le fait généralement, on ne s’attardera pas trop en détails sur les thèmes abordés dans ses différentes chansons, pour se concentrer plutôt sur la qualité des compositions et la vibe des différentes chansons.
L’album ouvre sur la chanson-titre West End Girl, racontant avec légèreté le début de l’histoire qui nous intéresse. Au milieu de la chanson se trouve un appel téléphonique où on n’entend que la voix d’Allen, s’étirant jusqu’à la fin de la piste. Le ton est donné! On revient à quelque chose de plus «conventionnel» dès Ruminating, avec une synthpop chargée, dansante et assez accrocheuse (et ce, malgré l’usage très évident d’autotune, qui peut gâcher bien des chansons pour nous). On change ensuite le mal de place avec la ballade Sleepwalking. Tennis et Madeline parlent du même personnage (fictif) de Madeline, la première avec une certaine douceur, à travers laquelle la chanteuse demande avec de plus en plus d’insistance «Who is Madeline?». La réponse vient juste après, avec un message assez clair qu’Allen envoie à la personne en question, avec certains passages où Madeline elle-même semble lui parler, incluant les derniers mots de la chanson. Outre le fait que la chanson semble trop personnelle pour être pleinement appréciée hors contexte, l’ajout de coups de feu n’est est du tout un apport pertinent selon nous et les changements d’énergie fréquents font en sorte qu’on peine à garder en tête de grands bouts de la chanson. Et c’est ironiquement la chanson mise de l’avant comme principal extrait de l’album!
Mais Lily Allen vise encore juste en revenant vers la synthpop de Relapse, donnant un autre morceau entraînant et même un peu planant dans les mélodies. Mais soyons honnête : la chanson qui va rester en tête d’à peu près tout le monde est la suivante, Pussy Palace. Pas seulement à cause du titre qui frappe l’imaginaire et des textes qui parlent énormément, mais aussi dans sa structure la rendant incroyablement accrocheuse. Le terme ver d’oreille a été utilisé par d’autres critiques, et ce n’est pas volé dans le cas de Pussy Palace! Même la suivante, 4chan Stan, frappe par son efficacité tout en gardant le ton poli!
Nonmonogamummy est un titre difficile à écrire sans se relire, mais c’est aussi la seule collaboration de l’album, avec Specialist Moss. Plutôt dancehall au niveau des influences, la chanson contient un refrain très fort, mais le reste n’est absolument pas du même niveau, bien malheureusement! On se serait en fait passé de Specialist Moss sans problème. On apprécie déjà beaucoup plus Just Enough, avec des arrangements plus folk minimalistes et une voix feutrée. S’ensuit une Dallas Major plus groovy, et une Beg For Me misant sur un refrain encore très fort, nous faisant un peu penser à du Halsey, même si le reste ne frappe pas avec la même intensité. Let You W/In revient à quelque chose de léger et de senti avec un refrain presque berçant, avant de conclure sur une Fruityloop sympathique (du moins dans le contexte de l’album).
West End Girl de Lily Allen est un album pour lequel on se sent un peu mal d’être heureux de son existence, parce qu’il ne serait jamais né sans le malheur qu’elle a connu dans sa vie privée, et qui aurait idéalement dû rester privé! L’album n’est pas une série de chansons incontournables, comme on a critiqué sévèrement certains choix artistiques tout au long de l’écoute, mais il contient de véritables bijoux qui valent le détour, qu’on soit au courant du processus derrière leur composition ou pas. Et si cet album ne fera probablement pas partie de notre top 10 de 2025, on peut comprendre pourquoi il se retrouvera sur plusieurs listes d’ici la fin de décembre!
À écouter : Ruminating, Pussy Palace, 4chan Stan
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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