Winter in Venice – Esbjörn Svensson Trio (E.S.T.)

Winter in Venice ESTSorti en 1997

Le Esbjörn Svensson Trio commence sérieusement à se faire connaître dans la Scandinavie mais aussi dans le reste de l’Europe, ce qui fait en sorte que son album Winter un Venice remporte le prix de l’album jazz de l’année en 1998 en Allemagne. Le style minimaliste mais très mélodique du trio convertit de plus en plus de fidèles au band de jazz suédois.

E.S.T. avait su montrer son talent pour les mélodies accrocheuses dans ses albums When Everyone Has Gone et le live Mr & Mrs Handkerchief. Cela continue à se confirmer sur Winter in Venice. Le premier titre, Calling Home, commence doucement, mais pas trop. Une mélodie simple mais bien appuyée, à une vitesse moyenne. On se croirait presque dans un magasin avec une telle ambiance (et, pour une fois, ce n’est pas dit péjorativement). Les solos du pianiste et compositeur Esbjörn Svensson sont toujours frappants d’efficacité tout en restant aussi mélodiques (à leur façon).

Winter in Venice, la pièce-titre de l’opus, va dans une direction légèrement plus tendue, et encore plus smooth rythmiquement. Les solos ne se limitent cette fois pas seulement au piano, puisque la contrebasse aussi a sa minute de gloire.

At Saturday apporte un brin d’énergie, de façon très modérée au début. La mélodie est accrocheuse mais elle n’a pas le temps de durer très longtemps qu’on tombe déjà dans des solos qui, heureusement, ne durent non plus très longtemps. On revient ainsi à une belle mélodie subtilement appuyée par Dan Berglund (contrebasse) et Magnus Ôström (batterie). On joue au yo-yo entre mélodies et solos durant toute la composition. Notez que si vous entendez des voix derrière le piano, c’est le chef de la troupe qui aime chanter ses mélodies pendant qu’il les joue. Cela ajoute un peu à l’intensité qu’il met et qu’il transmet. Plus la pièce avance et plus elle devient chargée et intense.

Commence ensuite la Semblance Suite. Celle-ci est divisée en 4 «mouvements», dont le premier (Part I) apporte une énergie mystérieuse mais très mélodique une fois de plus. Semblance Suite: Part II, fait contraste en offrant une groove assez bop au début, avec une basse presque latine par la suite. La Part III revient ensuite à une ambiance plus sombre, tout en gardant une certaine légèreté. Fait intéressant : le contrebassiste joue un passage complet avec l’archet, chose qu’il a fait très rarement avant. Cela apporte du lyrisme à cette composition. Et la Part IV débute de façon minimaliste, un peu à la manière d’une pièce de Ludovico Einaudi, pianiste italien qui commence aussi à se faire un nom à ce moment comme compositeur qui sait accrocher avec des mélodies simples au piano. Cependant, la similitude ne dure pas très longtemps et on reconnaît aussitôt le style E.S.T., et l’énergie augmente discrètement à chaque minute. Pour retomber et finir comme la pièce avait commencé. Voilà qui conclut la Semblance Suite.

Après ces solides compositions, on se laisse aller avec Don’t Cuddle That Crazy Cat. La musique est un peu moins mélodique que ce qu’on voudrait, mais c’est une piste parmi tant d’autres! On peut leur pardonner cet écart. Damned Back Blues se reprend déjà, avec une énergie comme dans Calling Home par exemple. Les pistes suivantes font toutes un rappel d’un style retrouvé dans les premières pièces de cet album. Donc pas de surprise ici. Quoique The Second Page et la dernière pièce, Herkules Jonssons Låt, sont très efficaces comme ballades douces. Ça finit tout doucement et ce n’est pas désagréable.

Ainsi, l’album Winter in Venice est peut-être plus intéressant que ses prédécesseurs pour ceux qui veulent une petite musique ambiante pas trop intense. Pour cela, rares seront ceux qui seront déçus. Par contre, par rapport à d’autres compos venant d’albums précédents, les mélodies sont peut-être un peu moins accrocheuses, sauf celles de la Semblance Suite, qui semblent être l’œuvre centrale dans l’album.

À écouter : Semblance Suite: Part I, Semblance Suite: Part II, Semblance Suite: Part III

6,3/10

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Votre commentaire