Piano Classics – Compilation

Piano ClassicsSorti le 9 novembre 2010

Dire qu’il existe une pelletée de compilations de musique classique est un grave euphémisme. Il y a bien plusieurs grosses pelletées, et probablement à la pelle mécanique, de compilations de plusieurs disques, générales ou précises, dans le registre classique. Le fait que plusieurs enregistrements sont libres de droits aide certainement à la cause.

Du coup, laquelle choisir? Parfois, il ne suffit pas de se fier à la plus cher pour trouver la meilleure. La compil Piano Classics, contenant quatre disques, a été trouvée dans mon cas pour la modique somme de 2$ dans un Dollarama. Si vous n’avez pas besoin d’un livret pour vous dire qui a interprété la composition dans quelle salle en quelle année, cela devrait parfaitement faire l’affaire. Notez quand même que le mix est un peu trop bas, ce qui veut dire que vous aurez à augmenter le son pour pleinement apprécier le jeu de piano entendu ici, alors que quelques fois ça va exploser dans vos oreilles… Cela pourrait poser problème si vous créez une liste d’écoute aléatoire avec des pièces de cette compilation, comme elles seront pratiquement inaudibles à volume normal. Enfin, dans le contexte de la compilation, le son est relativement bon, sans être époustouflant, et permet de se laisser emporter par la musique assez facilement.

Voici aussi ce que vous devriez savoir de cette compilation.

Disque 1

Le premier disque est entièrement consacré aux œuvres de Beethoven, à commencer par sa plus célèbre au piano, Piano Sonata No 14, plus connue sous le nom de Moonlight Sonata. On commence donc dans de confortables pantoufles, ce qui nous permet de nous intéresser aux qualités techniques de l’album. On réalisera aussi vite une «faiblesse» de l’album : plutôt que de mettre des extraits connus et passer à autre chose, on met les œuvres complètes. Ce qui veut dire qu’on n’entendra pas que le premier mouvement de la Moonlight Sonata, mais bien les deux autres, même s’ils ne sont jamais restés dans l’imaginaire collectif. Au moins, le troisième mouvement est très solide et mérite une bonne écoute si vous ne l’avez jamais entendu.

Notez également que l’album ne se limite pas qu’au piano, comme il y a aussi des concertos, donc de la musique orchestrale. Le Piano Concerto No 5 nous l’apprend très rapidement. Attelez-vous, comme les concertos peuvent être relativement. Les trois mouvement de celui-ci font plus de 40 minutes ensemble, mais le troisième mouvement sonnera certainement familier pour plusieurs auditeurs. Un peu long, mais bien interprété.

Ce premier disque se termine avec des extraits, dont le fameux Rondo A Capriccio «Rage Over a Lost Penny». Une bonne clôture pour la portion Beethoven de la compilation.

Disque 2

Un album de piano classique serait tout simplement impossible sans du Chopin. La majeure partie du second disque est consacré à certaines de ses plus belles œuvres. On a notamment droit à une Nocturne in B flat minor, op. 9, et à sa fameuse Marche funèbre, quoique ce n’est pas la meilleure des versions enregistrées, mais aisément une des plus déprimantes. Âmes sensibles s’abstenir! S’ensuivent deux pièces de Grieg, puis une de Liszt (qui aura droit à une partie du disque suivant aussi).

Même si Chopin est une des figures majeures du piano, on passe déjà à autre chose après la moitié du disque, et on a un peu de Grieg, puis une (longue) pièce de Liszt. La plus mémorable du trio est certainement Elegies for Piano II: «Last Spring» de Grieg, pour son lyrisme bien senti. Les Reminescences de Don Juan de Liszt, du haut de ses 18 minutes, étaient peut-être un peu longues pour être pleinement appréciables à la fin de ce disque.

Disque 3

Les œuvres de Liszt compilées ici retiennent davantage l’attention. Le côté berçant de Transcriptions from Schwanengesang – No 4 «Ständehen», puis l’énergie épique (toujours au piano solo) de Transcriptions from 12 Lieder – «Erlkönig», valent le détour. Mais le véritable incontournable du disque est certainement le fameux Ave Maria.

Cependant, la majeure partie du disque est consacrée aux œuvres de Rachmaninov. Des œuvres complexes comme Piano Concerto No 1, qui mélangent des portions plutôt intenses (Vivace, puis Allegro vivace), et plus douces (Andante cantabile), mais aussi des préludes, dont certaines très mélodiques. Ce troisième disque semble être le plus intense dans ses différences, allant aux deux extrêmes, mais offrant du bon matériel dans les deux sonorités.

Disque 4

Tchaikovsky est à l’honneur dans ce quatrième et dernier disque. Ses compositions, généralement assez épiques, valent le détour, commençant en force avec son Piano Concerto No 1. Pourtant, au milieu du disque, on passe plutôt à du Schumann (avec quelques très belles pièces aussi, comme Des abends), avant de finir en force avec un classique parmi les classiques, The Nutcracker (Casse-Noisette) de Tchaikovsky. Nostalgie instantanée dès les premières notes de la March, en version piano solo, ce qui se poursuit avec la fameuse Dance of the Sugar Plum Fairy.

Si quelqu’un veut du piano classique, et pas nécessairement les œuvres les plus entendues, cette compilation fera très bien l’affaire. Dans chaque disque, on retrouve quelques airs super connus, mais la majorité sera plus vague pour l’auditeur moyen. Cela reste, pour le prix, un compromis assez intéressant. Là où on peut critiquer la compilation, c’est au niveau du choix des compositeurs abordés : Beethoven, Chopin, Grieg, Liszt, Rachmaninov, Tchaikovsky, et Schumann, c’est un peu minimaliste comme sélection. Où sont les Bach, Mozart, Satie, Schubert de ce monde? En quatre disques, il aurait été, de toute façon, impossible de couvrir l’entièreté des plus belles mélodies au piano, mais certains choix laissent perplexe. Les œuvres complètes, qu’on retrouve un peu partout, sont aussi la preuve de ces choix paresseux de l’équipe qui a réalisé la compilation Piano Classics.

Bref, la compilation s’adressera aux amateurs de piano classique, qui ne devraient pas trop être déçus, sauf s’ils essaient d’écouter cette musique avec d’autres albums mieux mixés. Pour ceux qui s’attendent à connaître la majorité du catalogue joué ici, ils devront souvent se contenter de deux ou trois titres par disque, ce qui est assez peu pour plus de quatre heures de musique.

Note : Il semble exister différentes versions de la compilation, avec les mêmes titres ou presque, mais avec un ordre de disques différent. Une des versions offrirait plutôt cet ordre : 4-1-3-2.

À écouter : Disque 1 : Piano Sonata No 14, I: Adagio sostenuto, Piano Concerto No 5, III: Rondo, Allegro // Disque 2 : Nocturne No 2, Piano Sonata No 2 «Marche Funèbre» // Disque 3 : Transcriptions from 12 Lieder – «Ave Maria», Piano Concerto No 1: Andante cantabile // Disque 4 : Piano Concerto No 1: Andantino semplice, Des Abends

5,8/10

Par Olivier Dénommée

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