Les oiseaux d’hiver – Chassepareil

chassepareil-oiseauxSorti le 13 octobre 2016

Encore peu connu, le quintette du Saguenay Chassepareil a roulé pendant deux ans et même eu le temps de changer de nom (s’appelant initialement Sweet Grass) avant de lancer son premier long jeu à l’automne 2016, Les oiseaux d’hiver. On y découvre un folk francophone jeune et rafraîchissant, mais pas sans des inspirations plus matures qui font vite oublier que les musiciens sont à peine dans la jeune vingtaine.

Petite ourse introduit l’album, tout en douceur : on y entend une mélodie à la flûte, qui sera d’ailleurs très présente à travers l’opus. Après l’intro, c’est avec Berceuse pour les oiseaux d’hiver qu’on démarre vraiment. On entend ici la voix de Pierre-Antoine Tanguay, une des trois voix du groupe (les deux autres étant Johannie Tremblay et Alexandrine Rodrigue), d’ailleurs très généreux en harmonies vocales. On y entend un folk léger, avec une énergie qui n’est pas étrangère à celle de Beau dommage ou d’Harmonium (on sent même des envies plus prog dans une portion instrumentale). Un départ en lion pour le jeune groupe.

On explore ensuite diverses sonorités à travers l’album : on touche aux rythmes dansants sur Saint-Denis, à la lenteur sur Peau d’âne et sur Les miettes, au blues sur Bourgeonnes, au chant a capella sur Incantation No. 6 (du moins pour les deux tiers), etc. Chassepareil se classe parmi le folk, mais n’entre aucunement dans un carcan musical, ce qui est tant mieux.

Parmi ce melting pot de sonorités, quelques pistes retiendront l’attention. Les plus efficaces s’avéreront être Kyrie, qui offre une intro chorale avec un refrain mémorable, Les moissons, avec une mélodie qui nous hante, ou encore Aéroport qui rappelle beaucoup La toune du soundman des Hay Babies. Grande ourse offre quant à elle un beau build-up, mais qui aurait pu aller plus loin encore si je groupe avait voulu pousser encore plus l’intensité.

La dernière piste, La tempête des poteaux, y va d’une compo instrumentale de deux minutes, suivie d’un long silence qui mène à une toune cachée, enregistrée en dehors du studio… sans être une mauvaise idée, cette finale casse un peu le rythme et on perd finalement l’ambiance qui avait été instaurée dans le reste de l’album. C’est probablement ce qui ressemble le plus à un faux pas dans l’opus, autrement très réussi.

Pour un premier effort studio, les musiciens de Chassepareil font preuve d’une belle créativité qui augure bien pour la suite. Ce qui ressort le plus sur album, c’est vraiment cette complicité vocale. En spectacle, on entend beaucoup plus les instruments «exotiques» joués par le multi-instrumentiste Ovide Coudé : dommage, ceux-ci se font plutôt discrets dans le mix ici. Les mettre plus de l’avent pourrait décidément changer l’expérience dans un éventuel deuxième album. Dans tous les cas, Chassepareil risque d’être un groupe à suivre de près dans les prochaines années.

L’album est notamment disponible sur la page Bandcamp du groupe.

À écouter : Berceuse pour les oiseaux d’hiver, Kyrie, Aéroport

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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