Everything Now – Arcade Fire

Sorti le 28 juillet 2017

Le groupe montréalais Arcade Fire a pris quatre ans après le massif Reflektor avant de revenir avec du nouveau matériel. Les attentes étaient très élevées, alors que chaque album nous transporte dans un univers complètement différent. Après le art-rock de Reflektor, on se lance dans un rock près du dance, voire du disco, avec Everything Now. Ceci peut être expliqué par la coproduction signée par un des membres de Daft Punk.

Une intro plus ou moins nécessaire pour commencer : Everything_Now (continued) prépare le terrain à la dansante Everything Now. Arcade Fire semble avoir mis au placard son côté mordant pour l’occasion, mais ça s’écoute mieux que les chansons plus éclatées du groupe qui nécessitent de nombreuses écoutes avant d’être apprivoisées.

Signs of Life confirme la tendance dance-disco de l’album, avec les clichés que cela implique. Puis Creature Comfort, au son plus chargé qui rappelle le précédent opus. Reste que ces deux chansons, pourtant lancées comme singles, sont loin d’être particulièrement mémorables. Si ce n’était pas Arcade Fire qui les avait lancées, on n’en parlerait probablement même pas du tout. Peter Pan bifurque vers le reggae, avec des résultats au mieux mitigés. Encore pire avec Chemistry, nous envahissant avec une musique très ordinaire nous menant vers un refrain répétitif. Même si elle ne dure pas 4 minutes, Chemistry semble être une grosse longueur sur l’album.

Après cette série de titres faibles, on a droit à Infinite Content qui rentre au poste. Sans être du grand Arcade Fire, la chanson s’écoute quand même bien. Elle s’avère être une chanson en deux parties, l’autre étant Infinite_Content, offrant la même chose, en version country lente. Seule question : pourquoi le faire en deux pistes alors qu’ensemble elles font à peine plus de 3 minutes?

Passons à Electric Blue. Retournant dans le registre dansant, elle offre à tout le moins une mélodie plus accrocheuse. Certains clichés sonores sont de trop, mais dans l’ensemble, on sent qu’on revient au moins au niveau de la chanson-titre. Musicalement, Good God Damn vise dans le mille. Par contre, c’est dans la mélodie qu’elle perd quelques points.

On se reprend véritablement en fin d’album avec Put Your Money on Me, entraînante à souhait durant près de 6 minutes, et surtout avec We Don’t Deserve Love. Mention spéciale aux chœurs qui ajoutent tellement à la chanson. Une portion vers la fin rappelle d’ailleurs la partie chorale de Wake Up, de l’album Funeral. Tout ce qui nous rappelle le premier album d’Arcade Fire a de quoi nous rendre nostalgique! Ça aurait été la finale parfaite, mais on a opté pour Everything Now (continued) (oui, c’est mélangeant). Connaissant Arcade Fire, on aurait pu espérer une loop parfaite, ramenant au début de l’opus sans qu’on le réalise, mais ce n’est pas vraiment le cas : on sent vraiment juste que cette piste vient boucler l’album, sans nous donner l’élan de le recommencer du début.

À chaque album, le groupe montréalais arrive à créer un nouveau concept et à le pousser au maximum. On peut supposer qu’il avait mûrement réfléchi en créant la musique de Everything Now, mais malgré de nombreuses écoutes, ça ne nous saute pas aux oreilles. Il y a bien des thèmes intéressants abordés par le chanteur, mais si la musique pour l’appuyer ne nous donne pas le goût d’écouter ce qu’il a à dire, on ne peut pas parler d’une grande réussite. Il reste des bonnes chansons qui devraient trouver leur place dans le catalogue régulier du groupe en spectacle, mais clairement, on n’a pas atteint un nouveau sommet ici.

À écouter : Electric Blue, Put Your Money on Me, We Don’t Deserve Love

7,3/10

Par Olivier Dénommée


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4 commentaires sur « Everything Now – Arcade Fire »

    1. Quel format de l’album avez vous écouté? J’ai deviné l’intention de faire une loop, mais en version Spotify, la coupure est très nette. On peut s’attendre à ce que beaucoup d’auditeurs n’opteront pas nécessairement pour un format où la boucle parfaite existe… si seulement ils ont envie de l’écouter en boucle de toute façon.

      1. J’ai écouté sur iPhone depuis un format CD rippé sur iTunes.
        J’ai déjà remarqué que les Spotify/Deezer/Napster génèrent un blanc entre deux titres enchaînés ce qui est franchement pénible.
        Quant à l’album, il m’a franchement déçu à la première écoute mais j’ai persisté et j’ai bien fait car il devient vite entêtant, dans le bon sens du terme. Mais c’est clair qu’il ne plaira pas à tout le monde. À voir ce que donnera ces chansons en live. À mon avis elles devraient démonter !

      2. Bon à savoir que certains formats permettent véritablement la loop. Par contre, cela veut dire qu’une grande majorité des auditeurs ne pourront profiter de cet effet, y compris ceux qui écoutent le vinyle (qui normalement ont été un peu plus gâtés par artistes qui se veulent visionnaires ces dernières années).
        Je pense que Arcade Fire cherche toujours à repousser les limites d’un album à l’autre, quitte à se mettre à dos quelques fans aux premières écoutes. Ça lui a très bien servi dans Reflektor, mais le temps dira si cet exploit est répété par Everything Now. Il y a bien des chansons intéressantes, c’est certain, mais l’ensemble reste, selon mon oreille, bien pâle comparé aux meilleurs titres passés. Je suis aussi curieux d’entendre ces nouvelles chansons en live, qui pourraient peut-être prendre tout leur sens dans ce contexte. À suivre!

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