Masseduction – St. Vincent

Sorti le 13 octobre 2017

Chaque nouvel album lancé par Annie Clark sous le pseudo St. Vincent lui mérite un peu plus d’attention médiatique et populaire. On atteint encore un nouveau sommet avec son cinquième opus solo, Masseduction, qui transcende les genres et qui a laissé plus d’un critique bouche bée en 2017. À notre tour de nous attaquer à cet opus riche et complexe.

Hang on Me sert d’intro à l’album, sur une note vaguement électropop, mais surtout ambiante. Sans être particulièrement mémorable, il faut admettre que la chanson contient un subtil build-up qui nous prépare mentalement à passer à travers ce qui nous attend. Parce que dès Pills, on a affaire à la pop futuriste de Clark, qui énumère les usages multiples qu’on trouve aux pilules. On poursuit notre aventure futuriste avec la chanson-titre Masseduction, qui devient à plusieurs reprises «Mass destruction» dans les paroles chantées d’une façon robotique.

Le grand thème demeure le même, mais le son de chaque piste change assez drastiquement. Arrivés à Los Ageless, on peut profiter d’un refrain puissant qui nous permet de retrouver (un peu) nos repères. On a même droit à la ballade piano-voix Happy Birthday, Johnny juste après.

Après cette «pause», reprenons avec Savior, un peu le miroir de Los Ageless dans la mesure où on s’en va ailleurs, mais pas sans garder un refrain fort. Puis New York, d’ailleurs le premier single de l’album, offre un compromis entre la douceur de Happy Birthday, Johnny et la drive qui donne autant de force à ses chansons plus corsées.

L’exploration reprend, avec des bonnes idées, mais rien qui ne marque particulièrement. On se résout finalement à conclure l’opus avec la douceur de Slow Disco, puis de Smoking Section, qui laissent place aux voix plaintives pour l’occasion. Comme quoi, St. Vincent voulait tester de nouvelles sonorités, mais pas complètement nous dépayser avec cet album. C’est une belle attention.

Beaucoup de choses intéressantes sont entendues dans Masseduction, un opus d’une quarantaine de minutes, mais plusieurs écoutes seront probablement nécessaires pour bien départager les émotions que l’on ressent envers celui-ci. D’un côté, on a droit à des chansons extrêmement audacieuses pour de la pop, et de l’autre, on retourne vite dans nos pantoufles pour ne faire fuir personne. Comme si St. Vincent n’avait pas pleinement assumé son projet. En même temps, un album 100% futuriste aurait été très lourd et n’aurait pas connu le même succès non plus. Du coup, il faut admettre que son dosage n’est pas si mauvais que ça.

À écouter : Los Ageless, New York, Slow Disco

7,5/10

Par Olivier Dénommée


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