Miss Anthropocene – Grimes

grimes miss anthropoceneSorti le 21 février 2020

Après avoir frappé fort fin 2015 avec la sortie de Art Angels, Claire Boucher, alias Grimes, s’est lancée dans un album-concept plus sombre intitulé Miss Anthropocene, ayant pour thème une déesse des changements climatiques qui, on le devine, cause du tort à la planète et aux humains qui y vivent. Même si ce cinquième album est beaucoup plus dur à écouter à la première approche, il a été accueilli chaleureusement par la plupart des critiques. Ajoutons notre point de vue sur la question.

Reconnaissons déjà à Grimes sa capacité à bien établir le setting de son album avec So Heavy I Fell Through the Earth, une première piste plus atmosphérique qui donne le ton, du moins dans le thème qu’elle aborde. Musicalement toutefois, on va ailleurs assez rapidement : Darkseid y va d’un morceau infiniment plus lourd et agressif (surtout au niveau des voix), si bien qu’on finit plus souvent qu’autrement par la passer pour éviter de se laisser affecter par celle-ci. C’est que l’artiste a le don de jouer sur nos émotions. Ironiquement, la chanson est suivie de Delete Forever, chanson acoustique douce et chantante qui tranche avec ce qu’on a entendu avant. Et évidemment, vu le titre, on comprend que le sujet est pas mal plus sombre que ce que laisse entendre la musique.

C’est vraiment à partir de Violence et de l’énergique 4ÆM (dans la seconde moitié du moins) de que Grimes nous propose la facture sonore qui prend le dessus dans l’essentiel de l’album : une pop électro où se mêlent avec succès des voix tantôt aériennes, tantôt plus agressives, et des synthés bien présents. Ceux qui ont apprécié Art Angels devraient aussi y trouver leur compte plus facilement! Dans plusieurs cas, la première écoute ne suffit pas nécessairement à nous convaincre, mais Grimes nous offre ici une belle collection de chansons auxquelles on finit, peut-être malgré nous, par prendre goût. Parmi les chansons remarquables de l’opus, notons New Gods qui met de l’avant le côté doux et émotif de Grimes et You’ll Miss Me When I’m Not Around, un petit ver d’oreille bien sympathique.

Au final, on a droit à un album de trois quarts d’heure bien chargé, avec plusieurs des éléments qui ont fait le succès de Art Angels avec en prime quelques épices supplémentaires que Grimes a développées ces dernières années. On n’ira pas jusqu’à dire que Miss Anthropocene est meilleur que la précédente proposition de l’artiste, mais on comprend parfaitement pourquoi le buzz a été aussi fort autour de l’opus. Maintenant, espérons qu’elle nous fera attendre moins longtemps avant de lancer du nouveau matériel!

Version deluxe

Grimes a été très généreuse quand est venu le temps d’offrir une édition deluxe de son album : on peut entendre jusqu’à 5 pistes de plus, même si c’est essentiellement des mix différents de chansons déjà sur l’album. Tout de même, ça vaut le détour simplement pour We Appreciate Power, chanson qui circule depuis un certain temps et qui a été retirée de l’album régulier pour une raison qu’on s’explique mal. La chanson est catchy à souhait et a tout d’un bon ver d’oreille. Si on éprouvait des réserves aux premières écoutes, on a vite été conquis. Et pour ce qui est du reste des chansons supplémentaires, c’est une question de goût, mais ces versions alternatives sont généralement plus brèves, allant un peu plus à l’essentiel. Mais mis à part We Appreciate Power, rien ne nous convainc d’aller vers la version deluxe de l’album.

À écouter : Delete Forever, New Gods, You’ll Miss Me When I’m Not Around // Deluxe : We Appreciate Power

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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